/image%2F1419345%2F20220414%2Fob_2dde63_californian.jpeg)
Le mystérieux navire disparu dans la nuit.
Une semaine après le naufrage, devant la commission d’enquête à New York, le quatrième officier Joseph Boxhall fait cette révélation : « Juste au moment où le navire a coulé, j’ai tiré des fusées de détresse et je me suis efforcé d’adresser des signaux à un bateau qui se trouvait juste devant nous. J’avais l’impression qu’il se dirigeait vers nous », déclare-t-il.
La commission entendra seize témoins : officiers, matelots expérimentés et passagers au jugement solide qui ont aperçu les feux d’un navire à l’horizon, « Il paraissait même si proche que certains canots de sauvetage ont tenté de l’atteindre », mais il a fini par disparaître dans la nuit.
Quel était donc ce mystérieux navire ?
Le ‘Californian’, un cargo mixte était ce soir-là, le navire le plus proche du lieu du naufrage, mais il n’est pas venu lui porter secours. Il a longtemps été soupçonné d’avoir été le navire aperçu depuis le Titanic le soir du naufrage, l’opérateur radio a éteint sa radio à 23 h 30 et n’a pas capté les messages de détresse.
Certains marins du Californian affirment avoir aperçu des fusées de détresse et avoir prévenu le commandant. Le commandant, Stanley Lord, soutient que ce n’était pas le Titanic, son bateau étant trop loin. La commission d’enquête en doute et conclut qu’il a failli à son devoir.
Il faudra attendre 1985 (73 ans après le naufrage), que l’épave soit retrouvée, pour que la vérité éclate : 35 km séparaient le Californian du Titanic. C’était trop loin pour que les fusées de détresse soient aperçues depuis le cargo.
Le mystérieux navire était donc un autre. Peut-être un navire de pêche ?
Un historien américain a révélé en 1999, qu’une goélette norvégienne, le « Samson », se trouvait dans le secteur la nuit du 14 au 15 avril. Un de ses officiers avait témoigné dès 1912 avoir vu les lumières d’un grand navire disparaître à l’horizon cette nuit-là…. Mais le « Samson » n’était pas équipé de radio…
Une série d’incidents qui aurait pu changer le cours de l’histoire?
L'incendie
Le 2 avril, alors que le Titanic quitte Belfast pour rejoindre Southampton en Angleterre, un incendie de charbon est découvert dans une soute. Rien d’exceptionnel à cette époque : il arrive que les pyrites contenues dans les houilles grasses s’enflamment spontanément au contact de l’air libre. C’est ce qui a pu se produire dans la soute n°6.
Les soutiers appliquent les consignes réglementaires pour éteindre ce type de feu : vider la soute par le haut ou par le bas, envoyer le combustible évacué dans les chaudières et refroidir les parois avec de l’eau. Mais en raison de l’escale à Southampton, le charbon évacué ne peut être brûlé pendant plusieurs jours. Le feu continue donc à couver. L’évacuation de la soute reprend après le départ et l’incendie ne sera totalement éteint que le 13 avril, la veille du naufrage.
Selon une théorie, ce feu a pu endommager les tôles de la coque et même une cloison étanche, ce qui expliquerait le fait que l’eau ait envahi si vite le navire. Il est certain que, si le capitaine Edward Smith avait prévenu les officiers du port de ce problème le départ aurait sans doute été différé.
Mais le Titanic ne pouvait plus repousser sa traversée inaugurale…
L’accident manqué
Le Titanic, en avril 1912, est le plus gros navire du monde, plus de 52 300 tonnes, 269 m de long, 28 m de large. Le personnel de bord n’est pas habitué à manœuvrer un tel monstre.
L’Olympic, son grand frère (qui pèse pourtant 300 tonnes de moins), commandé par le capitaine Edward Smith, en a fait les frais six mois plus tôt : Le 20 septembre 1911, en quittant le port de Southampton, L’Olympic, « aspire » un croiseur, qui vient le heurter et creuse deux brèches dans sa coque. L’accident oblige le retour du paquebot aux chantiers navals de Belfast pendant deux mois pour réparations, ce qui retarde de trois semaines le départ du Titanic.
Lorsque le géant des mers quitte enfin Southampton le 10 avril 1912, le même phénomène se produit. Le Titanic, commandé par le capitaine Edward Smith, déplace une telle masse d’eau que le paquebot New York, à couple avec un autre navire, rompt ses amarres et se rapproche dangereusement de lui.
Les deux coques se frôlent à un mètre près. L’accident est évité de justesse grâce à l’intervention d’un remorqueur. Le temps pour le New York d’être remis à quai, le Titanic reprend sa route avec une heure de retard.
Certains pensent que sans ce retard, qui a décalé d’une heure la suite du voyage, le Titanic ne se serait pas trouvé précisément sur la trajectoire de l’iceberg quatre jours plus tard. Et si les deux navires s’étaient percutés, le voyage inaugural aurait sans doute été annulé. Mais avec des « si »…
Une autre manœuvre face à l’iceberg aurait-elle sauvé le Titanic ?
23 h 40, ce dimanche 14 avril, trois coups de cloche transpercent la nuit. Depuis le nid-de-pie accroché au mât avant, Fréderic Fleet est l’une des deux vigies qui était de quart et aperçoit le premier un iceberg à environ 500 mètres. Les vigies préviennent la passerelle par téléphone.
Le premier lieutenant William Murdoch donne alors l’ordre au timonier de mettre la barre à bâbord toute (gauche) et au personnel machine de stopper. L’énorme masse du Titanic met de longues secondes avant de virer, mais pas assez pour éviter l’iceberg, qui racle la coque sur tribord, créant six brèches sous la ligne de flottaison.
Six compartiments étanches sont touchés. Le Titanic, réputé « insubmersible », ne peut en réalité rester à flot qu’avec quatre compartiments.
Dès les jours qui suivent le naufrage, une polémique émerge dans les commissions d’enquête et les médias (déjà): si le Titanic avait heurté l’iceberg de plein fouet, serait-il resté à flot ? Selon les experts, c’est plus que probable. Certes, la violence du choc aurait probablement fait des victimes et l’étrave aurait été fortement endommagée, mais un seul compartiment aurait été touché et le paquebot aurait pu rentrer à bon port.Ceci étant, le lieutenant Murdoch n’a fait qu’appliquer les consignes de navigation en vigueur, sans parler d’un réflexe élémentaire. Il aurait fallu une sacrée dose de sang-froid pour jeter volontairement le navire sur un tel obstacle… Et cela aurait créé une autre polémique !!
Sources : Le Titanic, vérités et légendes, de Gérard Piouffre (éditions Perrin), et Les rescapés du Titanic, de Bernard Géniès et France Huser (éditions Fayard), France Ouest. A suivre : La famille Titanic.