
Il y 75 ans, le général de Gaulle, annonçait à la population française la fin de la guerre dans un discours radiodiffusé :
« La guerre est gagnée. Voici la victoire. C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France. L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l'Ouest et de l'Est. »
Tels furent les premiers mots de l'allocution radiophonique du Général de Gaulle le 8 mai 1945 à 15 heures.
La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), le lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims à 2h 41.
Dès janvier 1943, lors de la conférence de Casablanca, les Alliés préparent les conditions de la fin de la guerre. Ils se mettent d'accord pour exiger une reddition sans condition des forces nazies sur l'ensemble des fronts occidentaux et du côté soviétique.
En mai 1945, alors que les troupes nazies subissent les attaques simultanées sur les fronts ouest et est. Le suicide d'Hitler met un terme aux velléités de résistance des derniers officiers du IIIe Reich.
Le 7 mai Alfred Jodl (exécuté à Nuremberg le 16/10/1945), envoyé par Doenitz (Adolf Hitler l’avait désigné par testament comme son successeur à la tête du Troisième Reich), signe la capitulation de l’Allemagne à Reims.
La signature en France
La signature se passe dans un poste avancé des quartiers généraux d'Eisenhower "Supreme Headquarters Allied Expeditionnary Force" établi à Reims, dans un collège de la rue Jolicoeur, devenu Lycée Roosevelt.
Eisenhower, préfère signer avec les alliés occidentaux, les croyants plus faibles que Staline,
mais Staline veut signer la reddition de son côté pour marquer l'opinion soviétique et frapper les esprits; il veut signer cet acte à Berlin.
Les autorités françaises organisent la présence de la France lors de ces deux événements.
À Reims, le général Bedell Smith, chef d’état-major d’Eisenhower, préside la séance et signe le texte puis le général Sousloparov pour les Russes, et pour les Français le général Sevez*, sous-chef d’état-major de la défense nationale (Juin étant à San Francisco).
17 journalistes, sont convoqués par le général Eisenhower pour assister à la signature de la capitulation totale des Allemands.
Pour laisser le temps à Staline d'organiser les conditions de sa propre signature de la victoire, Eisenhower accepte de maintenir l'information secrète et impose aux journalistes présents un embargo de 36 heures.
La signature à Berlin
La cérémonie de Berlin est plus solennelle même si le texte est identique.
De Gaulle y envoie le général de Lattre de Tassigny pour représenter la France.
Télégramme du général de Gaulle au général de Lattre de Tassigny.
« Paris, le 7 mai 1945.
Je vous ai désigné pour participer à l’acte de la capitulation de Berlin. Il est prévu que seuls le général Eisenhower et le représentant du commandement russe signeront comme parties contractantes. Mais vous signerez comme témoin. Vous devrez, en tout cas, exiger des conditions équivalentes à celles qui seront faites au représentant britannique, à moins que celui-ci pour Eisenhower. »
(Sources : Charles de Gaulles, Mémoires de guerre : Le Salut : 1944-1946, Paris, Plon, 1959.
De Gaulle évoque dans ses mémoires l’incident d’une double représentation occidentale, anglaise avec l’air Marshall Tedder et américaine avec le général Spaatz.
Ainsi la France est signataire de l’acte final de capitulation au même titre que l’URSS, les États-Unis et la Grande-Bretagne.
La présence française lors de la signature de la capitulation à Reims ne soulève pas de difficulté. Cependant pour le lendemain à Berlin celle-ci ne paraît pas évidente. Joukov représentant l’Union soviétique, puissance invitante, feint de ne pas être au courant.
Un petit drapeau français est préparé dans l’urgence pour figurer sur la table.
Cependant le conseiller politique soviétique Vichinsky cherche (sans succès), à empêcher la présence française.
La réaction du général Keitel (exécuté à Nuremberg le 16/10/1945), souligne combien la présence française n’était pas attendue et combien elle reste une victoire diplomatique du général de Gaulle. : Le feldmarschallKeitel ne put retenir cette phrase lourde de sens : « Quoi ? Les Français aussi ! », « Les Français ici ! C’est un comble », « Les Français sont là ! Nous sommes bien bas… » (Mémoires de guerre du général de Gaulle).
Le chef du gouvernement provisoire de la République décide en son nom et conduit (pratiquement) seul une grande partie des opérations, notamment les relations avec les Alliés.
Dans l’incapacité d’exiger d’être signataire contractant, comme auraient pu aussi le revendiquer d’autres pays actifs dans la lutte contre le nazisme, de Gaulle obsédé par la nécessité d’être présent accepte la signature au titre de témoin. Il revendique une place comme État au même titre que le Royaume-Uni.
Cela d’autant plus que la France fut absente des rencontres de fin de guerre entre Alliés dont Yalta au début de l’année 1945, mais aussi plus tard celles de Potsdam, la présence française à Reims et à Berlin, même au titre de témoin signataire assure au pays une place de choix dans le camp des vainqueurs, reconnaissant par là même la participation de l’armée française en reconstruction à la libération de l’Europe occidentale. C’est ce que voulait De Gaulle dès la défaite de juin 1940 et l’entrée en résistance inaugurée par l’appel du 18 Juin.
Commémoration du 8 mai
La loi du 7 mai 1946 prévoit que la commémoration du 8 mai 1945 soit fixée au 8 mai de chaque année, si ce jour est un dimanche, ou le dimanche suivant.
A partir de 1951, la commémoration perd de son importance alors que les associations d'anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé. Ces associations organisent ainsi leur propre manifestation.
L'adoption de la loi n° 53-225 du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 Mai est déclaré jour férié (mais non chômé) de commémoration en France. Cela n'empêche pas les cérémonies de revêtir un réel éclat de 1953 à 1958.
Dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le président De Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du 11 avril 1959, qui fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai.
En 1968, le décret du 17 janvier décide que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.
Dans cette logique afin de souligner la volonté des Européens d’organiser en commun leur avenir, le président Giscard d’Estaing, supprime en 1975 la commémoration de la victoire alliée de 1945.
Cette décision suscite un tollé général de la part des associations d’anciens combattants.
Le 2 octobre 1981, par la loi n°81-893, le président François Mitterand, rétabli cette commémoration et ce jour férié et ajoute cette date à la liste des jours fériés désignés par le code du travail.
* Le général Sevez est décédé le 29 février 1948 à Ichenhein, en Allemagne, au cours d'une partie de chasse. Tué en plein coeur par une balle d'un autre chasseur, ayant ricoché sur la peau d'un sanglier.
Sources : Charles de Gaulle, Mémoires de guerre-Mémoires d’espoir – Plon. Oct 2019 – Site gouv.fr