Le christianisme est né en Israël, alors province de l’empire romain. Le premier pape (Pierre), est allé s’établir à Rome, capitale de l’empire.
Le calendrier julien ayant cours dans tout l’empire, le christianisme a adopté pour sa liturgie ce calendrier, mais… La date de Pâques a vite posé problème.
En effet d’après les évangiles, la Passion et la Résurrection auraient eu lieu autour de la pâque juive (Pessah), qui commémore l’exode d’Egypte, c’est à dire du 14 nissan.
Cette fête a lieu le 14 nissan, au soir, ce qui correspond en fait au début du 15 nissan, puisque selon la tradition juive, le jour commence au coucher du soleil. Pour les chrétiens qui changent de jour à minuit, la Cène est le 14 nissan et la Passion le 15, alors que pour les juifs, Pessah est le 15 nissan.
Le christianisme a gardé cette fête dans sa liturgie, mais avec un sens nouveau (la résurrection du Christ).
Pour éviter toute confusion avec la fête juive, le concile de Nicée, décide que Pâques devait être décalée d’une semaine les années où l’équinoxe correspondait à Pessah et devait désormais s’écrire au pluriel puisqu’il s’agit à la fois de la Pâque du Christ et de la Pâque des Chrétiens.
La transposition dans le calendrier julien du fluctuant 14 nissan israélite donna lieu dans les premiers siècles du christianisme à des querelles intestines pour décider de la date de pâques.
· Première controverse pascales (IIème siècle), les chrétiens devaient-ils célébrer Pâques le même jour que les juifs (14 nissan). Certains le souhaitaient, les quatodécimans (du latin quatodecimus – 14ème [14 nissan]).
Les autorités chrétiennes préféraient que Pâques soit célébrée le dimanche qui suivrait le 14 nissan. Cela fini par s’imposer, vers la fin du IIème siècle.
· Deuxième controverse (IIIème siècle), pour les chrétiens, il était inacceptable de célébrer Pâques en même temps que les juifs (le dimanche suivant) car :
· On trouvait inadmissible que le christianisme doive s’en remettre aux autorités d’une autre religion (le judaïsme), pour déterminer la date de sa fête principale.
· La date de la pâque juive ne pouvait pas être déterminée longtemps à l’avance.
· Les juifs, après la destruction du temple de Jérusalem (en 70 de l’ère chrétienne), et l’exil qui l’a suivie, ont commencé à intercaler des mois embolismiques de façon un peu anarchique, ayant pour conséquence que parfois il n’y avait aucune pâque juive entre deux équinoxes de printemps et que parfois, il y en avait deux.
· L’antisémitisme existait déjà et on rejetait les juifs comme déicides.
Il fut donc décidé :
· Que Pâques serait célébrée le dimanche qui suivrait le 14ème jour d’un nissan chrétien (donc mois de nissan déterminé par les chrétiens et non par les juifs).
· Que la date de Pâques soit connue plusieurs années à l’avance.
Il fut donc recherché des cycles astronomiques (de 16-19-84 ans etc..), permettant de prévoir la date des néoménies longtemps d’avance.
Le monde chrétien (l’empire romain) avait des difficultés à s’entendre ; Pâques était célébrée à toutes sortes de dates.
Dans les régions orientales de l’empire (Cilice, Syrie, Mésopotamie), ils ne se souciaient pas des cycles et célébraient Pâques en même temps que les juifs, pas le 14 nissan israélite lui-même, car ils n’étaient plus quartodécimans, mais le dimanche suivant, jusqu’au jour où ….
En l’an 312, l’Empereur romain Constantin décrète la fin des persécutions contre les chrétiens, qui peuvent enfin vivre au grand jour, et en 325 convoque le premier concile œcuménique dans la ville de Nicée.
Les sujets à traiter ne manquent pas, en particulier la condamnation de l’arianisme (doctrine d’Arius).
Arius (v.256-336), prêtre d’Alexandrie. En niant la divinité du Christ, il provoqua une des crises les plus graves de l’Eglise chrétienne. Sa doctrine, l’arianisme, fut condamnée par les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381).
C’est de façon presque accessoire que les prélats discutent de la question pascale en fixant la date de Pâques au 1er dimanche après la pleine lune qui suit l’équinoxe de printemps.
Pâques est donc une fête mobile entre le 22 mars et le 25 avril.
Ils finissent par s’entendre sur le fait que les chrétiens d’Orient qui célébraient Pâques en même temps que les juifs doivent renoncer à cette pratique et les célébrer le jour déterminé par les Eglises de Rome et d’Alexandrie.
Ils envoient aux chrétiens d’Alexandrie une lettre synodale à ce sujet.
Constantin envoie à la même occasion une lettre circulaire à tous les évêques chrétiens.
Extrait de la lettre synodale envoyée par le concile de Nicée (325) aux chrétiens d’Alexandrie.
“Nous vous annonçons la bonne nouvelle de l’accord réalisé sur la sainte Pâque, parce que grâce à vos prières cette question aussi a été réglée : tous les frères de l’Orient, qui auparavant célébraient avec les juifs, seront fidèles à célébrer désormais la Pâque en accord avec les Romains, avec vous et avec nous tous qui le faisons depuis le début avec vous”
Assez étrangement, les prélats de Nicée ne semblent pas avoir remarqué que l’Eglise de Rome et celle d’Alexandrie ne déterminait pas la date de Pâques de la même façon et qu’à l’occasion ces deux diocèses arrivaient à des dates de célébration différentes (en 333, 346,349 et d’autres..). La guéguerre continuait…
Ce n’est qu’au cours du VIème siècle que Rome a finalement accepté le comput (calcul) alexandrin.
Les controverses pascales ont pris fin assez rapidement, excepté dans des régions très éloignées (Iles britanniques ou elles ont duré jusqu’au VIIIème s.)
On voit donc que le concile de Nicée n’a pas du tout décrété la règle de détermination de la date de Pâques.
Mais la légende est toujours d’actualité…