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Alors que les éboueurs poursuivent leur grève dans toute la France, fêtons la poubelle.
Née à Paris en 1883 grâce au préfet Eugène Poubelle, ce récipient fête cette année ses 140 ans. Soucieux de la propreté de Paris, Eugène Poubelle, inspiré par les travaux de Pasteur sur l’hygiène, remet au goût du jour une idée vieille de trois cents ans et abandonnée.
A la suite d’épidémies de peste, Louis XII s’était déjà penché sur le problème des ordures ménagères.
En 1506, le roi décrète que la royauté se chargera du ramassage des ordures et de leur évacuation. En échange de la collecte des déchets ménagers le roi instaure une taxe provoquant un tollé général. Le souverain abandonne alors l’idée.
Il faut attendre 300 ans, pour qu’Eugène Poubelle remette la collecte des ordures au cours du jour en décrétant l’obligation d’avoir chez soi un récipient fermé pour déposer ses déchets.
Le père de la poubelle
En 1883, Eugène Poubelle devient le 21e Préfet de la Seine. Poste, directement administré par l’État. Ce poste équivaut dans les faits à celui de Maire de Paris. Arrivé à la tête du département en octobre, Eugène Poubelle, particulièrement préoccupé par la propreté bouleverse le quotidien des Parisiens grâce à sa mesure-phare, le ramassage des déchets.
Dès le 24 novembre 1883, il publie l’arrêté préfectoral qui fait de lui ce qu’il est aujourd’hui : le père de la poubelle ! L’arrêté oblige les propriétaires parisiens à mettre à la disposition de leurs locataires “un récipient de bois garni à l’intérieur de fer blanc” muni d’un couvercle et destiné à recevoir les ordures ménagères. Il est également prévu de procéder à un ramassage quotidien de ces récipients et à un tri sélectif : une première boîte contiendra les déchets alimentaires, une seconde sera dédiée aux chiffons et papiers. Une troisième, enfin, contiendra les débris de vaisselle, de verre, de poterie et les coquilles d’huîtres… les écolos d’aujourd’hui n’ont rien inventé !
Lors de sa mise en place au matin du mardi 15 janvier 1884, la mesure suscite une levée de bouclier. Le Préfet est accusé de vouloir récupérer le marché des “chiffonniers”, d’imposer des dépenses supplémentaires aux propriétaires et un surcroît de travail aux concierges chargés de sortir ces nouveaux récipients. Le journaliste du Figaro, Georges Grison, dans son édito du 16 janvier 1884, évoque les récipients demandés par le préfet à ses administrés parisiens sous le nom, particulièrement péjoratif à ce moment-là, de “boîtes Poubelle”.
C’est après cet article que le nom du Préfet Poubelle, entre dans le quotidien des Parisiens. Devenu un nom usuel, le mot “poubelle” intègre le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle en1890. Aujourd’hui, on aurait du mal à trouver un autre mot pour parler de nos boîtes à ordures ! Voulant un Paris plus propre et plus hygiénique, il instaurant en 1892 le tout-à-l’égout.
Eugène Poubelle
Né le 15 avril 1831 dans une famille bourgeoise installée à Caen. Après des études de droit et l’obtention d’un doctorat, il est chargé de cours au sein de plusieurs universités françaises. Professeur émérite, Eugène Poubelle ne débute sa carrière administrative qu’à l’aube de ses quarante ans, lorsqu’Adolphe Thiers, président de la République, le nomme Préfet de la Charente. Entre 1871 et 1883, il est Préfet de Charente, d’Isère, de Corse, du Doubs, des Bouches-du-Rhône et enfin de Paris.
Brièvement passé par la diplomatie, en devenant ambassadeur de France au Vatican, Eugène Poubelle termine sa carrière en tant que conseiller général de l’Aude.
C’est également lui en 1892, qui autorise les femmes à exercer la médecine en France.
Mort à son domicile parisien, le 15 juillet 1907 il est enterré au cimetière de Carcassonne.
Paris, ne l’a pas oublié, une rue porte son nom. Située dans le 16e arrondissement, elle est l’une des voies les plus petites de la capitale ne possédant qu’un seul numéro, le 2 !
Sources : Paris ZigZag, Le Figaro .. Image -Paris ZigZag