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C’est un événement que peu connu, et pourtant, ce déraillement de train survenu en pleine guerre 14-18 fut pendant longtemps la plus grande catastrophe ferroviaire du monde ! aujourd’hui encore elle reste la cinquième de l’histoire et la plus grande jamais arrivée en France.
Dans le contexte de la Grande Guerre, cet événement fut volontairement passé sous silence et conservé secret, malgré ses 435 victimes (433 militaires et 2 civils).
Décembre 1917, la Grande Guerre bat son plein, mais les choses évoluent : la Roumanie vient de signer l’armistice, la Lituanie est devenue indépendante et la Russie bolchévique est sur le point de sortir définitivement du conflit.
La bataille de Caporetto, en Italie (aujourd’hui Kobarid en Slovénie) s’est quant à elle terminée le 9 novembre avec une victoire écrasante pour les Français et leurs alliés britanniques.
Le calme étant revenu, des permissions sont accordées aux soldats, notamment à ceux qui avaient déjà combattu auparavant sur le front de l’Est, en France.
Plusieurs trains sont donc prévus, à destination de Lyon et de Chagny, en Saône-et-Loire.
Pour les militaires, c’est un moment de joie intense : une permission de quinze jours pour passer Noël en famille, revoir femme et enfants, parents, frères et sœurs, on ne peut rêver mieux.
Ce 11 décembre 1917, plus de mille permissionnaires français entassés dans dix-sept voitures (toutes en bois), formant un convoi de 350 mètres de long, quitte Bassano del Grappa, petite ville située entre Trévise et Vicence.
Le train passe à Turin, franchit la frontière au tunnel du Fréjus (celui du Mont-Blanc n’existe pas encore). D’abord séparé en deux parties, le train est reconstitué en une seule partie à Modane, qu’il quitte à 22 h 47 en direction de Chambéry.
La tragédie
Les causes de l’accident qui va se produire restent floues, et l’on pense aujourd’hui que malgré les mises en garde du mécanicien sur un danger d’accident lié à l’absence de freins automatiques et d’une motrice de queue, l’ordre a été donné de partir malgré tout.
En effet si toutes les voitures étaient équipées d’un système de freinage automatique, celui-ci n’était activé que sur les trois premières au profit du seul freinage manuel sur les autres wagons…
Après son départ de Modane, le train entame une longue descente vers la vallée, le dénivelé (de 22‰ à 30‰) est important et le train prend de la vitesse, atteignant de 135 à 150 km/h selon les estimations et il devient incontrôlable.
Le mécanicien, Louis Girard a beau actionner le sifflet de la locomotive pour alerter les serre-freins, rien n’y fait : la première voiture déraille (entraînant avec elle tous les wagons) dans un tournant au lieu-dit La Saussaz à une centaine de mètres du pont ferroviaire qui enjambe la rivière l’Arc, juste avant d’arriver en gare de Saint-Michel-de-Maurienne.
Ceux-ci s’écrasent contre un mur de soutènement et contre le pilier nord d’un pont routier, s’encastrant les uns dans les autres.
La locomotive se détache et continue son trajet, déraillant peu après en arrivant dans la gare : Girard a la vie sauve ayant sauté en marche…. Les 433 militaires ont moins de chance.
Les hommes qui ne sont pas tués sur le coup perdent la vie dans d’atroces conditions, le corps disloqué et brûlé dans l’incendie qui se déclare…
A l’époque, très peu de journaux en parlèrent dans les jours qui suivirent la tragédie. L’actualité de la guerre en éclipsa bien vite toute mise en avant. Tout au long du XXe siècle, le drame fut néanmoins évoqué, nimbé de mystère au vu de l’absence d’archives. Tout au long du XXe siècle, le drame fut néanmoins évoqué, nimbé de mystère au vu de l’absence d’archives.
C’est en 1972, que le magazine Historia y consacre un plein article qui, bien qu’incomplet, constitue une première étape vers le souvenir. Il fut suivi en 1996 par un article de Rail Passion.
Mais c’est en 2007, qu’un travail de recherches archivistiques fut effectué par un habitant de Saint-Michel-de-Maurienne où se déroula l’accident.
Après plusieurs années de travail, monsieur André Pallatier, publia un livre enfin dûment documenté (“Le tragique destin d’un train de permissionnaires”, éditions l’Harmattan, 2013).
Source : Généanet.org