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Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dès 1947, l'Europe se divise en deux camps ennemis, avec la mise en place d'un « rideau de fer », de Lubeck (port sur la mer Baltique au nord de l’Allemagne) jusqu'en Tchécoslovaquie et au-delà. Enclavée dans la zone d'occupation soviétique, l'ancienne capitale allemande, Berlin, est elle-même partagée entre les Occidentaux et les Soviétiques.
Les Soviétiques tentent de chasser leurs anciens alliés en organisant un « blocus de l’ancienne capitale du Reich ». Face à la détermination des Anglo-Saxons, les tensions entre les deux blocs vont conduire à la construction du Mur.
Le Mur avant le Mur
Le 24 juin 1948, les Soviétiques, qui occupent Berlin-Est, coupent les communications terrestres entre l'enclave de Berlin-Ouest, répartie en secteurs anglais, américain et français, et l'Allemagne occidentale.
La réussite de ce coup de force aurait signifié l'abandon par les alliés occidentaux de Berlin et l’approbation de son occupation par les Soviétiques. Pendant près de onze mois, les Américains et les Anglais organisent un pont aérien pour ravitailler les Berlinois de l'Ouest.
Ce pont aérien, malgré un coût financier élevé et 76 morts finit par contraindre les Soviétiques à mettre fin au blocus, en mai 1949.
La détermination des Occidentaux à ne pas abandonner Berlin-Ouest aux Soviétique devient pour eux, la première raison de la construction du mur de Berlin.
En 1950, le Land (région administrative) de Berlin-Ouest est intégré au sein de la nouvelle République fédérale d'Allemagne (RFA). Son statut d'enclave occidentale au milieu d'un territoire contrôlé par la RDA est ainsi confirmé.
L'existence de Berlin-Ouest continue d'être insupportable pour les Soviétiques. Berlin-Ouest est le principal espace de transit des Allemands de l'Est émigrant à l'Ouest pour travailler ou fuir le régime. Les 500 000 personnes traversent chaque jour la ligne de démarcation berlinoise, à pied ou par les réseaux de communication ferroviaire et métropolitain, deviennent de plus en plus difficile à contrôler.
En 1958, déjà plus de trois millions d'Allemands de l'Est ont fui pour la RFA. Cette hémorragie humaine prive la RDA de main-d'œuvre et montre à la face du monde la faible adhésion à la soviétisation de l'Allemagne de l'Est.
Le 27 novembre 1958 L'URSS tente un nouveau coup en lançant un ultimatum exigeant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent. En 1961, les Soviétiques prennent donc la décision de faire supprimer par la RDA la ligne de démarcation berlinoise en construisant un mur, qui deviendra « le mur de la honte ».
La construction du mur commence les 12 et 13 juin 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest.
Le 13 août 1961, soit en plein pont estival pendant lequel nombre de chefs d'État occidentaux sont en vacances. Les Soviétiques font annoncer par la RDA avoir l'agrément du pacte de Varsovie et présente la construction d’un « mur de protection antifasciste ». Fruit d'une préparation longue et minutieuse, des unités armées de la RDA encerclent Berlin-Ouest de façon hermétique et la construction du mur se réalise dans un temps record.
Le mur de la protection pour l’est, celui de la honte pour l’ouest.
Côté Est, sur une largeur variant de 5 à 200 mètres, il est bordé de mines anti-personnelles, de pièges pour tanks, de barrières d'alarme... et l’œil des Vopos qui n’hésitent pas à faire feu. Au mur de 3,5 m de hauteur et de 155 km encerclant Berlin-Ouest s'ajoutent les « murs » créés par la fermeture des réseaux de communication ferroviaire et métropolitain entre Berlin-Ouest et Berlin-Est.
69 points de passage sur 81 sont fermés dès le 13 août, par des barbelés et des murs de briques.
Le seul point de passage autorisé aux visiteurs étrangers est situé dans Friedrich Strasse (Checkpoint Charlie). Il est tout de même ouvert jour et nuit.
Entre les deux Berlin, c’est la fin des échanges économiques : 63 000 berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est.
La chute du mur
En 1989, suite au vent de libération impulsé par le nouveau Secrétaire général du Parti Communiste de ‘L’Union Soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, le gouvernement de la RDA ne parvient plus à enrayer l'émigration car celle-ci utilise un nouvel espace de transit, la Tchécoslovaquie, qui finit, sous la contrainte des milliers de voitures fuyant l'Est, par ouvrir ses frontières avec l'Autriche.
Le 9 novembre 1989, Günter Schabowski, membre du bureau politique, annonce la décision du gouvernement de RDA d'autoriser « les voyages privés à destination de l'étranger [...] sans aucune condition particulière ».
Quelques heures plus tard, les douaniers de Berlin ne parviennent plus à faire face à la demande et ne peuvent faire autrement de que de laisser simplement passer. Les premiers coups de pioche sont donnés sur mur qui coupe Berlin en deux… Le mur de la honte est vaincu. Les gardes demeurent l’arme au pied.
Des deux côtés de « l’ex-rideau de fer » hérité de la « guerre froide », la liesse est générale.
Fin 1989 et en 1990, il est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit, avant l'organisation d'une démolition officielle qui se termine fin 1991. Six pans ont été toutefois conservés pour mémoire.
Le mur, une cicatrice économique et humaine.
Avant la guerre, Berlin était le plus gros pôle économique et industriel d'Allemagne. Puis Berlin-Ouest, en raison de son statut d'exception s'est retrouvé écartée de tous les secteurs d'entreprise innovants.
À Berlin-Est, le système d'économie planifié socialiste, avec des entreprises étatisées et une organisation en grosses entreprises, a entraîné déficience dans l'organisation et la rentabilité de l'économie.
Berlin redevenu en 1990, capitale allemande au détriment de Bonn, bénéficie de l'apport croissant d'administrations politiques nationales, de l'implantation d'institutions diverses, de l'installation de marques connues et surtout d'un essor touristique. La ville a retrouvé ses « Champs Élysées », avec l'avenue Unter den Linden (« sous les tilleuls »), artère Ouest-Est allant de la porte de Brandebourg jusqu'à la place du château royal.
Pendant les 28 années de l’existence du mur (août 1961 au 8 mars 1989), l'appel de la liberté reste constant. Des milliers d'Allemands de l'Est tentent de le franchir au péril de leur vie : escalade du mur, mais aussi souterrains, voitures spécialement transformées, fuites à la nage sur la Spree. Au total, 5 075 personnes réussissent à s'évader de l'Est pour Berlin-Ouest, 588 périssent dans cette tentative.
Le Mur de Berlin en quelques dates (1961-1989)
• 17 juillet - 2 août 1945 : conférence de Potsdam
• 24 juin 1948 : blocus de Berlin
• 21 septembre - 3 octobre 1949 : RFA et RDA
• 17 juin 1953 : état de siège à Berlin-Est
• 12 août 1961 : construction du mur de Berlin (155 kilomètres)
• 24 août 1961 : première victime du mur
• 3 septembre 1971 : traité des quatre puissances
• 21 décembre 1972 : la RDA reconnue de facto souveraine
• 7 octobre 1989 : les 40 ans de la RDA fêtés à Berlin
• 4 novembre 1989 : un million d'Allemands sur Alexanderplatz
• 9 novembre 1989 : le mur est ouvert
• 1er juillet 1990 : union monétaire entre la RFA et la RDA
• 23 septembre 1990 : le parlement de RDA vote la réunification
• 2 juin 1991 : Berlin redevient capitale de l'Allemagne unifiée
• 19 avril 1999 : le Bundestag prend possession du Reichstag