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28 février 2025 5 28 /02 /février /2025 22:46
Dr Robert KOCH - Louis PASTEUR

L'un est français, l'autre allemand. Le premier a découvert le vaccin contre la rage, le second a identifié la bactérie de la tuberculose.

La renommée concomitante de Pasteur et de Koch a transporté sur le terrain scientifique la rivalité franco-allemande née de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Chacune des deux puissances érigeant son savant en symbole national.

 

Robert Koch (1843-1910), qui n'est alors qu'un médecin de campagne, prouve en 1876 que les bactéries sont responsables de la transmission des maladies, Louis Pasteur (1822-1895), chimiste déjà reconnu pour ses découvertes sur les maladies du vin, s'insurge. Cet événement est le début d'une inimitié de plus de vingt ans.

Pasteur est un nationaliste, il n’admet pas la défaite contre la Prusse en 1871, en outre il est orgueilleux.

 

Louis Pasteur et Robert Koch sont deux personnages très différents. Pasteur est un chimiste célèbre pour ses travaux sur les micro-organismes (fermentation des alcools, pasteurisation), Koch est un médecin de campagne, étudiant les microbes dans son laboratoire de fortune.

C’est pourtant ce médecin inconnu qui va prouver, en premier, la théorie de Pasteur : les maladies, comme la fermentation, sont causées par les micro-organismes.

 

L’anthrax

En 1872, Koch, s’intéresse à la maladie du charbon (anthrax), qui décime les animaux et peut se transmettre aux humains. A cette époque, la majorité des scientifiques souscrivent à la théorie des miasmes et pensent que les maladies se transmettent par un « mauvais air » qui s’évaporait du sol.

Koch, observe les bacilles (microbes en forme de bâtonnets) dans du sang de moutons malades. Cultivant ces bacilles dans un milieu stérile il injecte sa culture dans un lapin, qui tombe malade et meurt, prouvant ainsi que la maladie du charbon (l’anthrax), se transmet par les microbes. 

 

Les microbes

En 1881, une première polémique éclate. Koch met en doute la théorie de Pasteur selon laquelle les agents pathogènes de l’anthrax sont transportés à la surface par des vers de terre à partir de cadavres d’animaux enterrés dans le sol. Koch, qui a raison sauve les vers de terre que Pasteur voulait éradiquer ! Pour Koch, les travaux de Pasteur n’ont « en aucun cas enrichi les connaissances sur l’anthrax ».

Pasteur, vexé d’avoir été devancé par un « simple médecin », et surtout un allemand, abandonne ses travaux sur la bière pour se consacrer à l’étude des micro-organismes dans les maladies.

 

Louis Pasteur réalise lors d’une démonstration publique, une campagne de vaccination de moutons contre la maladie du charbon. Il utilise pour cela, des cultures de microbes rendues moins virulentes en restant à l’air libre. Le système immunitaire du mouton, en présence de ces microbes peu virulents, apprend à se défendre contre eux, évitant ainsi la maladie. Pasteur donne ainsi, grâce à la notion de microbe, un sens à la vaccination, déjà utilisée à l’époque. Cette vaccination est une réussite, Pasteur est reconnu par le grand public et invité au congrès de médecine de Londres où il fera un discours évoquant à peine les travaux de Koch. Ce dernier est ulcéré que Pasteur fasse peu de cas de ses résultats. Cet évènement renforce la compétition entre les deux hommes.

 

En septembre 1882, lors d’un congrès à Genève, un violant quiproquo met le feu aux poudres. Pasteur au cours de sa présentation, en mentionnant les travaux de Koch parle de « recueil allemand ». L’Allemand maîtrise mal le français et son collègue assis à côté de lui pas mieux... il comprend à tort « orgueil allemand » et lui en fait la traduction. Indignation de Koch, qui par la suite n’aura de cesse de chercher à invalider les travaux de Pasteur sur la vaccination sous le prétexte qu’il n’est pas médecin.

À la suite de ce congrès Robert Koch, publie un véritable pamphlet accusant Pasteur de ne pas savoir travailler proprement en microbiologie...alors qu’il a inventé́ cette discipline dès 1857 !

 

Des affrontements sur un nouveau front : les maladies humaines.

Robert Koch, conseiller du gouvernement dans un laboratoire de bactériologie à Berlin, s’attaque à une des maladies les plus meurtrières de l’époque : la tuberculose. En 7 mois à peine, il découvre la bactérie à l’origine de cette épidémie : le bacille de Koch.

Le 25 mars 1882, devant la Société physiologique de Berlin, Koch prononce une conférence intitulée : « Sur la tuberculose ». Les auditeurs sont impressionnés, Koch ayant installé plusieurs microscopes, ils peuvent observer les préparations contenant le bacille tuberculeux. En l’honneur de son découvreur, celui-ci sera appelé « bacille de Koch ».

Cette découverte lui vaut alors une renommée internationale et une invitation au congrès de médecine de Genève (il sera fortement humilié par Pasteur). 

En 1883, le retour du choléra permet aux deux hommes de s’affronter à nouveau, et c’est le médecin allemand qui remporte cette bataille en comprenant que la maladie se transmet par l’eau et non pas par l’air, tel que le pensait Pasteur.

 

Le virus

Distancé par Koch, Pasteur (qui n’a toujours aucune découverte sur les maladies humaines), décide de s’intéresser à une maladie qui touche relativement peu de personnes mais qui provoque 100 % de mortalité. Cette maladie a des symptômes terrifiants : difficultés à avaler, hallucinations, convulsions, comportement agressif voire animal … La rage. Pasteur, va donc étudier un microbe particulier, un ennemi invisible : un virus, 20 fois plus petits que les bactéries et pas visibles avec les microscopes de l’époque.

Son disciple, Émile Roux, arrive à atténuer le virus de la rage et grâce à ce virus atténué, Pasteur va vacciner de nombreux chiens avec succès.

 

En 1885, son vaccin n’est pas entièrement au point mais il décide de prendre le risque de vacciner un enfant mordu par un chien enragé. L’enfant est guéri, Pasteur devient alors une star internationale et des personnes du monde entier viennent se faire vacciner.

Pasteur est au sommet de sa gloire, alors que Koch vit une descente aux enfers. L’annonce mondiale de sa découverte : la tuberculine, pour soigner la tuberculose, est un fiasco, il est vu comme un charlatan. Il fait également l’objet d’un scandale personnel en divorçant de sa femme pour une jeune actrice de 17 ans.

Grâce à la réussite de son vaccin contre la rage, et sa notoriété, Pasteur peut faire construire son Institut. Malgré l’échec de la tuberculine, le Reich planifie la création d’un institut de recherche piloté par Koch, concurrent de l’Institut Pasteur, ouvert deux plus tôt.

Entre les élèves de Pasteur et ceux de Koch la rivalité́ va se poursuivre, pendant plus de vingt ans.

 

Koch, Pasteur, deux egos.

C’est une opposition entre deux caractères. Cette lutte des egos entre deux grands savants, deux travailleurs acharnés qui ne cesseront de se nourrir l’un l’autre pour, va au bout du compte servir l’humanité.

Charbon, tuberculose, rage, diphtérie, choléra, peste... En quelques années, la lutte contre toutes les grandes pandémies de l’époque fait des progrès spectaculaires.

 

À eux deux, l’ancien chimiste et le petit médecin de campagne, ont permis à la médecine de changer d’époque. Les épidémies vont régresser brutalement, l’espérance de vie va faire un bond sans précédent.

Robert Koch obtiendra le prix Nobel de médecine en 1905, Pasteur malgré ses découvertes n’aura pas ce privilège n’étant pas médecin.

 

Koch est à la base de toute la bactériologie, Pasteur à celle de la science de la vaccination, deux géants dans le monde des microbes.

Grâce à leurs travaux (et ceux de leurs équipes), les maladies, sont définies par leurs causes et non plus par leurs symptômes… Une nouvelle ère de la médecine.

 

Sources : Écho des sciences, les amis d’Hérodote, éduc Arte…

 

 

 

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