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Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, les Françaises votent pour la première fois.
La première fois, pas tout à fait...
Dès les premiers États généraux convoqués par Philippe le Bel en 1302, les femmes nobles propriétaires de fiefs et les mères abbesses étaient convoquées pour élire leurs représentants.
Sous l’Ancien Régime (Règne de la maison de Bourbon, de l’accession au trône d’Henri IV en 1589 jusqu’à la Révolution française en 1789), les femmes légalement déclarées chefs de famille (veuves, célibataires ou en cas d’absence du mari) ont le droit de vote dans les assemblées urbaines ou les communes rurales.
De 1755 à 1769, la République de Corse accordait aussi le droit de vote aux femmes célibataires ou veuves, la majorité élective étant fixée à 25 ans.
On oubli trop souvent que c’est l’assemblée nationale, sous la Révolution, par un vote du 22 décembre 1789 qui exclut le droit de vote aux femmes (même s’il n’y avait pas de suffrage universel, pas plus que pour les hommes d’ailleurs).
Le vote des femmes
Par l’ordonnance du 21 avril 1944, prise par le Gouvernement Provisoire de la République Française (G.P.R.F.), du général de Gaulle, à Alger, pour application après la libération de la France du joug nazi : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ».
Jusqu’an 5 juillet 1962, l’Algérie était toujours ‘française’, et composée de trois départements à part entière où (en droit électoral), devaient s’appliquer les mêmes droits et obligations que dans les départements de la métropole ainsi que ceux de Guadeloupe, Martinique, Guyane et la Réunion.
Toutefois, l’ordonnance reniait le droit de vote aux femmes de ‘souche’ musulmane dans les trois départements d’Algérie française.
Ce n’est qu’en juillet 1958, quelques semaines après son retour au pouvoir, alors qu’il exerçait la Présidence du Conseil (des ministres), que le général de Gaulle, mis fin à cette injustice.
C’est le referendum du 28 septembre 1958 (approbation de la nouvelle Constitution – Vème République), que le suffrage fut véritablement universel pour tous les citoyens et citoyennes de la République française de plus de 21 ans (18 ans le 5 juillet 1974, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing).
29 avril 1945
Tandis que la guerre contre l’Allemagne touche à sa fin, les élections municipales redonnent l’occasion aux Françaises de voter et de se faire élire… Il était temps !!!
Le combat pour le suffrage des femmes.
En France, le combat pour le suffrage féminin a commencé plus tôt qu’en Grande-Bretagne, mais s’est terminé plus tard. Dès la proclamation du suffrage universel masculin par la Deuxième République en 1848, des militantes féministes dénoncent un universalisme qui ne concerne en réalité qu’une moitié de l’humanité.
Dans les années 1870-1880, au début de la IIIe République, le mouvement féministe français se structure dans de grandes associations, qui toutes placent le droit de vote des femmes au centre de leurs revendications.
Entre les deux guerres mondiales, sous la pression des mouvements suffragistes et d’intellectuelles comme Louis Weiss, la Chambre des députés vote à plusieurs reprises en faveur du vote féminin.
Mais la gauche radicale, redoute un vote « clérical » des femmes, demeurées plus pratiquantes que les hommes, et craint que le suffrage féminin ne soit le « cheval de Troie » de l’Église. C'est ainsi que le Sénat, dominé par les radicaux, va s’opposer systématiquement, jusqu’à la fin des années 1930, à l’adoption de projets de lois en faveur du vote des femmes.
C’est finalement à la faveur du second conflit mondial que les Françaises obtiendront ce droit si longtemps différé : dès 1942, le général de Gaulle imagine le futur régime qui se mettra en place après la libération du territoire, et appelle de ses vœux une Assemblée nationale élue par l’ensemble de la population française, hommes et femmes réunis.
Le 21 avril 1944, l’assemblée d’Alger adopte une ordonnance stipulant que dès le retour de la démocratie en France, les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. Les Françaises deviennent enfin citoyennes, près de cent ans après les Français.
L’égalité des droits est inscrite dans le préambule de la Constitution de la IVe République (27 octobre 1946) : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux des hommes ».
Les Françaises deviennent enfin citoyennes, près de cent ans après les hommes !!
Des Françaises à des fonctions gouvernementales
Les Françaises n’ont pas attendu le droit de vote pour accéder à des fonctions gouvernementales.
Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie obtiennent un sous-secrétariat d’État dans le gouvernement de Léon Blum, en 1936, après la victoire du Front Populaire.
Au plus fort de l’Occupation, en novembre 1943, Mlle Marie-Rose Bouchemousse est nommée maire de Vigeois (Corrèze).
Droit de vote des militaires.
Par souci de neutralité politique, les militaires étaient privés du droit de vote. La « Grande Muette », ne sera plus tout à fait muette, en obtenant le droit de vote le 17 août 1945, quelques mois après les femmes.
Sources : Journaux, histoire des maires, les amis d’hérodte.