En 45 av. J.C, Jules César supprime le calendrier lunaire (Le calendrier romain ayant pour origine la date de la fondation de Rome (en753 av -J-C sous Romulus), par le calendrier « solaire ».
L’année julienne comptant 365,25 jours alors que l’année tropique est un peu plus courte de 11 minutes et 12 secondes par an, le cumul de cette avance conduit au XVIe siècle, à un décalage de 10 jours entre l’année solaire et l’année calendaire de sorte que le 1er janvier « julien » coïncide avec le véritable 11 janvier « solaire ».
Ce décalage pose problème pour les Pères de l’Église qui doivent établir chaque année le comput servant à déterminer la date de Pâques.
En conséquence, en 1563, le concile de Trente confie au Saint-Siège le soin de réformer le calendrier avec comme objectif de raccourcir les années calendaires pour les mettre en accord avec les années solaires, et de supprimer l’avance prise par le calendrier sur les saisons depuis la réforme de Jules César.
La réforme du calendrier « julien » (suppression de 3 années bissextiles sur 100 afin de mettre le calendrier en concordance avec l’année solaire), se fit à Tusculum (maintenant Frascati) le 24 février 1582 lorsque le pape Grégoire XIII délivre la bulle Inter gravissimas instaurant dans la liturgie catholique romaine le calendrier grégorien.
Le calendrier grégorien est né, rattrapant le retard pris depuis le concile de Nicée sur l'année solaire.
Grégoire XIII, supprime 10 jours dans le calendrier. Le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 sera le vendredi 15 octobre. « On choisit octobre parce que c’est le mois qui compte le moins de fêtes religieuses, les 10 jours perdus perturberas le moins l’Église » (bulle Inter gravissimas)
Cette bulle est datée de 1851 car à cette époque le changement d’année pour les bulles papales se faisait le 21
mars !!..
Le texte de la bulle fut adressé d'abord aux membres de l'Église catholique, il fut également adressé à tous les chefs des États chrétiens. Certes ces derniers étaient maîtres en leur Royaume mais, comme tout bon chrétien, ils se devaient de "rendre ce service" au pape.
Si, au temps de César, il fut assez simple d'imposer le calendrier julien, la mise en usage du calendrier grégorien ne se fit pas sans heurt.
A Rome, en Espagne et au Portugal, le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut le vendredi 15 octobre.
En Espagne, Ste Thérèse d’Avila rend son âme à Dieu au cours de cette logue nuit. Elle meurt le 4 octobre et fut inhumé le lendemain… 15 octobre 1582.
Les États non chrétiens ou ne reconnaissant pas l'autorité du pape, les États protestants et ceux de l'Église d'Orient traînèrent longtemps des pieds avant d'appliquer la réforme grégorienne.
Dans les pays protestants, la révolte fut longue ; le Français Joseph Scaliger, par ses critiques, contribua à organiser la résistance.
“Les protestants, disait Képler, aiment mieux être en désaccord avec le soleil que d'accord avec le pape".
Les protestants des Pays-Bas, d'Allemagne et de Suisse s'inclinèrent avec un siècle de retard, vers l'an 1700 ; encore modifièrent-ils la date de l'équinoxe.
L’Angleterre s’alignât sur la réforme qu'en 1752. Il lui fallut donc sacrifier 11 jours, l'an 1600 bissextil dans les 2 calendriers, n'avait pas changé l'écart, mais l'an 1700 l'augmenta d'un jour.
Lorsque l'Angleterre le 2 septembre 1752 eut pour le lendemain le 14 septembre, des cortèges de protestataires parcoururent les rues en criant : "Rendez-nous nos 11 jours." ; il faut dire que le début de la même année 1752 avait été avancé de 3 mois, pour être amené au 1er janvier ; c'était beaucoup à la fois pour des cœurs fidèles à la tradition.
Les banquiers de Londres refusèrent de payer leurs impôts à la date traditionnelle du 25 mars 1753 mais 11 jours plus tard, le 5 avril 1753.
Depuis, cette date est toujours la date limite de paiement des impôts en Grande-Bretagne.
L’écrivain anglais Shakespeare et l’écrivain espagnol Cervantès, sont mort le 23 (ou le 22 ?) avril 1616, et pourtant ils ne sont paqs décédés le même jour….
En effet, en 1616 l’Angleterre avait toujours en usage le calendrier julien, alors que l’Espagne avait adopté le calendrier Grégorien (4/10/1582 15/10/1582).
Cervantès a donc devancé de 11 jours Shakespeare au paradis des écrivains !
En Suisse : ‘Y a pas le feu au lac !!’ Il aura fallu plus de 230 ans pour que la Suisse avec l’ensemble de ses cantons adopte la réforme grégorienne.
La longue histoire de la réforme grégorienne en Suisse se terminera en 1812 lorsque deux petits villages des Grisons, Schiers et Grüsch (District de Prättigau), furent contraints et forcés, (il fallut recourir à des amendes et à la force armée pour amener l'emploi du calendrier grégorien), adoptèrent ce nouveau calendrier qui avait déjà près de 250 ans d'existence. Record battu en Europe pour ces deux irréductibles villages.
En France, le changement fut adopté en 1582. Le lendemain du dimanche 12 décembre devint le lundi 20.
Certains citoyens, refusent de payer leur loyer ou leurs dettes pour « jours disparus », arguant qu’ils n’avaient pas vécus ces journées !!
Le dernier pays à avoir adopté le calendrier grégorien est l’Arabie Saoudite en 2016.
Au sujet du concile de Nicée
En l’an 325, 250 évêques sont convoqués par l’empereur Constantin à un concile à Nicée, (aujourd’hui Iznil en Turquie). Cette période marquée par la fin de la tétrarchie et la volonté de Constantin, de stabiliser son autorité, le concile vise à résoudre plusieurs conflits, qui divise alors les communautés chrétiennes : les dissidences religieuses, comme le donatisme en Afrique, le schisme mélitien en Égypte et les dissensions liturgiques au sujet de la célébration de Pâques mais surtout les débats christologiques qui opposent à Alexandrie le prêtre Arius et son évêque Alexandre sur la divinité du Fils. Les évêques n’ont pas eu le temps pour résoudre le problème de la date Pâques.
Source : Les calendriers de P. Guichon (Voir mes 32 articles sur le calendrier).
