Couverture du livre 'Suprématie du Fromage de Brie'
A Monsieur J…t.
Calmez-vous, mon cher Amphitryon, vous ne me gourmanderez plus mon silence sur le fromage que l’on fait dans vos terres et aux environs.
Je pourrai maintenant le voir paraître sur table en sécurité de conscience.
Puisse mon absolution être le prix de la dédicace de mon hymne !
Quoique ce soit l’obtenir à bon marché, j’y compte.
Votre ami et convive,
Verfèle.
Quinze ans après le Congrès de Vienne où le brie de Meaux fut couronné ‘Roi des fromages, Prince des desserts’, le poète Verfèle, anagramme de Denis Lefevre, chanta le brie sur un ton nettement plus gastronomique.
Denis Joseph Claude Lefevre est né à Meaux, place du Marché le 7 janvier 1764 et a été baptisé le lendemain à l’église Saint-Saintin (aujourd’hui disparue).
Fils d’un maître charpentier de Crécy, Noël-Joseph Lefevre et de Marie-Louise Cécile Grandjean, veuve d’un premier mariage.
Son parrain était son oncle Jean-Denis Lefevre maître serrurier à Crécy et sa marraine était Marie-Claude-Françoise Bouché épouse de Simon Antoine Begat maître boulanger dans la paroisse Saint-Nicolas de Meaux.
Denis Lefevre fréquenta l’école des frères de la rue Cornillon dont il ne semble pas avoir conservé un souvenir très agréable. Il devait s’en venger en vers :
« Ecole où la voix revêche
d’un ignorant grossier
vint souvent le rudoyer »
Il poursuivit ses études au séminaire collège de Meaux mais à 17 ans ne se sentant pas la vocation religieuse, il s’en alla faire le maître d’école à Aubervilliers-les-Vertus.
Notaire à Meaux, il se mit à versifier et en 1787 l’almanach historique du diocèse de Meaux contient ses vers à la mémoire de ses anciens maîtres et professeurs meldois.
Lefevre écrira beaucoup d’ouvrages sur les sujets les plus divers, mais également des poèmes «confidentiels » tirés à 100 ou 200 exemplaires qu’il destinait à son cercle d’amis. C’est pourquoi ils sont aujourd’hui pratiquement introuvables.
En 1830 il chantera le brie sur un ton à la fois humoristique et gastronomique. En voici un court extrait tiré de son ouvrage « Suprématie du fromage de Brie ».
« Tu règnes avec le bon vin
Qu’Epernay, ton voisin nous donne
Sur les gosiers du genre humain
Par la soif que ton sel excite
Tu fais mieux sentir sa saveur
Il fait mieux sentir ton mérite… »
Source : Le brie de Pierre Androuet, Yves Chabot, édition Presses du Village. (à suivre)