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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 16:36
Metz, De Gaulle commandant du 507e régiment de chars

La bataille de Montcornet

 

17 mai 1940 – 17 mai 2020, 80ème anniversaire de la bataille de Montcornet (Aisne - 02)

Retour sur cette opération vite stoppée, faute de moyens suffisants.

En langage militaire, on appelle cela une escarmouche, mais l’évènement a pris une grande importance car il marque l’entrée en guerre d’une figure de l’histoire de France : Charles de Gaulle.

L'offensive allemande a débuté le 10 mai contre les Pays-Bas et la Belgique, les défenses françaises ont rompu dans les Ardennes et les Panzerdivisions allemande se ruent vers l’ouest pour isoler les armées alliées engagées en Belgique et dans le Nord. 

En ce 17 mai 1940, la situation militaire française est extrêmement préoccupante.

C'est dans ce contexte le colonel de Gaulle (théoricien des chars), et ses hommes s'apprête à livrer bataille avec le 46ème bataillon de chars de combat.

Ils sont envoyés dans l’Aisne avec pour mission de gagner du temps afin de permettre aux renforts de se déployer et défendre la route de Paris.

Tout commence le 26 avril. 

Le colonel de Gaulle avait été désigné pour commander par intérim la nouvelle 4e DCR (division cuirassée) qui n'était encore qu'une unité dispersée en cours de formation, composée de moins d'une centaine de chars. 

Le 15 mai le général Doumenc confie à De Gaulle d'opérer une percée sur l'Aisne, le point stratégique étant le village de Montcornet pris par les Allemands.

La bataille

A l’aube du 17 mai, De Gaulle engage le combat en lançant sur le front gauche les chars lourds (B1 Bis), tandis que les chars légers attaquent par la droite. 

Faute de reconnaissance, quelques chars lourds s'embourbent dans les marais, tandis que les autres sont pris à partie par les canons allemands (Pak-37). 

Les Français avancent mais la faible autonomie des chars en carburant ralentit leur progression. 

En milieu d'après-midi, vers 16 heures, le commandant Bescond lance une nouvelle offensive au cours de laquelle il trouvera la mort.

La Luftwaffe met fin vers 18 h 30 à la contre-offensive française. 

Sur les 85 chars français engagés, 23 ont été mis hors d'usage, alors que les Allemands n'ont perdu aucun blindé, mais les pertes humaines sont supérieures du côté allemand. Ce qui permet à de Gaulle de dire au cabinet de Paul Reynaud « j'ai aplati l'ennemi ». 

Il écrira dans ses Mémoires : « Il y a sur le terrain plusieurs centaines de morts allemands et nombre de camions ennemis brûlés (…) Le bruit court (…) que les troupes françaises ont avancé ».

Le lendemain, le combat continue avec la même issue, les français se replient et poursuivront le combat pour une nouvelle bataille à Abbeville (Somme – 80), conduite part que De Gaulle avec le grade de général.

Une victoire morale

Le véritable succès de la bataille de Montcornet fut avant tout moral : cette bataille fut l'une des rares en 1940 où les français sont parvenus à repousser pendant quelques heures les troupes allemandes.

À l’époque, elle n'est pourtant pas relayée par les récits adverses :  le communiqué du commandement allemand (OKH) signale simplement que les stukas ont anéanti « une colonne blindée ennemie se dirigeant de Laon vers le nord. Elle a été forcée de se retirer ».

À Londres, le général de Gaulle va très vite être présenté comme le « vainqueur de Montcornet », on dira qu'il a « tenu en échec les chars de Guderian » et, après-guerre, le souvenir de cette bataille ne cessera de s'amplifier au point de devenir une « légende ».

Dans ses Mémoires de Guerre, Charles de Gaulle décrit en parlant de Montcornet : "lamentables convois de réfugiés", les "militaires désarmés" qui ont jeté leurs fusils. "Alors au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans bornes. Ah ! c’est trop bête ! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. Il y a pour cela, de l’espace dans le monde. Si je vis, je me battrai où il faudra, tant qu’il faudra, jusqu’à ce que l’ennemi soit défait et lavée la tache nationale. Ce que j’ai pu faire par la suite, c’est ce jour-là que je l’ai résolu."

Une division avec peu d'expérience

La quatrième division cuirassée a été bâtie de bric et de broc. Les chars lourds français sont redoutables, mais leurs équipages les manient depuis peu de temps : un seul exercice de tir a été mené avant l’entrée dans la bataille. 

Les unités de chars légers sont disparates, certaines aguerries, d’autres sans expérience. 

De jeunes officiers tout juste sortis de Saint-Cyr grimpent pour la première fois dans un blindé ! 

Ces néophytes sont encore en chemin, le 17 mai, et seront engagés les jours suivants. 

Interrogé par France 3 en 1990, le général de Nadaillac qui faisait alors partie de l’état-major de De Gaulle se souvient :

"Nous étions déjà à utiliser des fonds de tiroir. Cette division n’était pas en état de faire la guerre".

 

Photo : Fondation Charles de Gaulle

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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7 mai 2020 4 07 /05 /mai /2020 17:18
Organe du réseau de résistance et d'évasion

Il y 75 ans, le général de Gaulle, annonçait à la population française la fin de la guerre dans un discours radiodiffusé :

« La guerre est gagnée. Voici la victoire. C'est la victoire des Nations Unies et c'est la victoire de la France. L'ennemi allemand vient de capituler devant les armées alliées de l'Ouest et de l'Est. »

Tels furent les premiers mots de l'allocution radiophonique du Général de Gaulle le 8 mai 1945 à 15 heures.

 

La Seconde Guerre mondiale se termine officiellement le 8 mai 1945, à 23h01 (heure allemande), le lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie, signée le 7 mai à Reims à 2h 41.

Dès janvier 1943, lors de la conférence de Casablanca, les Alliés préparent les conditions de la fin de la guerre. Ils se mettent d'accord pour exiger une reddition sans condition des forces nazies sur l'ensemble des fronts occidentaux et du côté soviétique. 

 En mai 1945, alors que les troupes nazies subissent les attaques simultanées sur les fronts ouest et est. Le suicide d'Hitler met un terme aux velléités de résistance des derniers officiers du IIIe Reich. 

Le 7 mai Alfred Jodl (exécuté à Nuremberg le 16/10/1945), envoyé par Doenitz (Adolf Hitler l’avait désigné par testament comme son successeur à la tête du Troisième Reich), signe la capitulation de l’Allemagne à Reims.

 

La signature en France

La signature se passe dans un poste avancé des quartiers généraux d'Eisenhower "Supreme Headquarters Allied Expeditionnary Force" établi à Reims, dans un collège de la rue Jolicoeur, devenu Lycée Roosevelt

Eisenhower, préfère signer avec les alliés occidentaux, les croyants plus faibles que Staline,
mais Staline veut signer la reddition de son côté pour marquer l'opinion soviétique et frapper les esprits; il veut signer cet acte à Berlin.

Les autorités françaises organisent la présence de la France lors de ces deux événements. 

À Reims, le général Bedell Smith, chef d’état-major d’Eisenhower, préside la séance et signe le texte puis le général Sousloparov pour les Russes, et pour les Français le général Sevez*, sous-chef d’état-major de la défense nationale (Juin étant à San Francisco). 

17 journalistes, sont convoqués par le général Eisenhower pour assister à la signature de la capitulation totale des Allemands. 

Pour laisser le temps à Staline d'organiser les conditions de sa propre signature de la victoire, Eisenhower accepte de maintenir l'information secrète et impose aux journalistes présents un embargo de 36 heures.

 

La signature à Berlin

La cérémonie de Berlin est plus solennelle même si le texte est identique. 

De Gaulle y envoie le général de Lattre de Tassigny pour représenter la France. 

 

Télégramme du général de Gaulle au général de Lattre de Tassigny.

« Paris, le 7 mai 1945.

Je vous ai désigné pour participer à l’acte de la capitulation de Berlin. Il est prévu que seuls le général Eisenhower et le représentant du commandement russe signeront comme parties contractantes. Mais vous signerez comme témoin. Vous devrez, en tout cas, exiger des conditions équivalentes à celles qui seront faites au représentant britannique, à moins que celui-ci pour Eisenhower. »

(Sources : Charles de Gaulles, Mémoires de guerre : Le Salut : 1944-1946, Paris, Plon, 1959.

 

De Gaulle évoque dans ses mémoires l’incident d’une double représentation occidentale, anglaise avec l’air Marshall Tedder et américaine avec le général Spaatz. 

Ainsi la France est signataire de l’acte final de capitulation au même titre que l’URSS, les États-Unis et la Grande-Bretagne.

La présence française lors de la signature de la capitulation à Reims ne soulève pas de difficulté. Cependant pour le lendemain à Berlin celle-ci ne paraît pas évidente. Joukov représentant l’Union soviétique, puissance invitante, feint de ne pas être au courant. 

Un petit drapeau français est préparé dans l’urgence pour figurer sur la table. 

Cependant le conseiller politique soviétique Vichinsky cherche (sans succès), à empêcher la présence française.

La réaction du général Keitel (exécuté à Nuremberg le 16/10/1945), souligne combien la présence française n’était pas attendue et combien elle reste une victoire diplomatique du général de Gaulle. : Le feldmarschallKeitel ne put retenir cette phrase lourde de sens : « Quoi ? Les Français aussi ! », « Les Français ici ! C’est un comble », « Les Français sont là ! Nous sommes bien bas… » (Mémoires de guerre du général de Gaulle).

Le chef du gouvernement provisoire de la République décide en son nom et conduit (pratiquement) seul une grande partie des opérations, notamment les relations avec les Alliés. 

Dans l’incapacité d’exiger d’être signataire contractant, comme auraient pu aussi le revendiquer d’autres pays actifs dans la lutte contre le nazisme, de Gaulle obsédé par la nécessité d’être présent accepte la signature au titre de témoin. Il revendique une place comme État au même titre que le Royaume-Uni.

Cela d’autant plus que la France fut absente des rencontres de fin de guerre entre Alliés dont Yalta au début de l’année 1945, mais aussi plus tard celles de Potsdam, la présence française à Reims et à Berlin, même au titre de témoin signataire assure au pays une place de choix dans le camp des vainqueurs, reconnaissant par là même la participation de l’armée française en reconstruction à la libération de l’Europe occidentale. C’est ce que voulait De Gaulle dès la défaite de juin 1940 et l’entrée en résistance inaugurée par l’appel du 18 Juin.

 

Commémoration du 8 mai

La loi du 7 mai 1946 prévoit que la commémoration du 8 mai 1945 soit fixée au 8 mai de chaque année, si ce jour est un dimanche, ou le dimanche suivant. 

A partir de 1951, la commémoration perd de son importance alors que les associations d'anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé. Ces associations organisent ainsi leur propre manifestation. 

L'adoption de la loi n° 53-225 du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 Mai est déclaré jour férié (mais non chômé) de commémoration en France. Cela n'empêche pas les cérémonies de revêtir un réel éclat de 1953 à 1958.

Dans une logique de réconciliation avec l’Allemagne, le président De Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du 11 avril 1959, qui fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai.

En 1968, le décret du 17 janvier décide que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée.

Dans cette logique afin de souligner la volonté des Européens d’organiser en commun leur avenir, le président Giscard d’Estaing, supprime en 1975 la commémoration de la victoire alliée de 1945.

Cette décision suscite un tollé général de la part des associations d’anciens combattants.

Le 2 octobre 1981, par la loi n°81-893, le président François Mitterand, rétabli cette commémoration et ce jour férié et ajoute cette date à la liste des jours fériés désignés par le code du travail.

Le général Sevez est décédé le 29 février 1948 à Ichenhein, en Allemagne, au cours d'une partie de chasse. Tué en plein coeur par une balle d'un autre chasseur, ayant ricoché sur la peau d'un sanglier.

Sources : Charles de Gaulle, Mémoires de guerre-Mémoires d’espoir – Plon. Oct 2019 – Site gouv.fr

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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 14:51
25/4/1945: Vote de Madame de Gaulle

25/4/1945: Vote de Madame de Gaulle

29 avril 1945 : Les Françaises votent pour la première fois

 

Tandis que la guerre contre l'Allemagne touche à sa fin, le Gouvernement provisoire du général de Gaulle, à Alger, promulgue le 21 avril 1944 une ordonnance en faveur du droit de vote des femmes : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » … Il était temps !

Les Françaises étant parmi les dernières femmes du monde occidental à acquérir le droit de voter et celui de se faire élire.

Le vote à la française

Au début de la démocratie française (Révolution 1789), le droit de vote était réservé aux propriétaires de sexe masculin. L’adoption de la Nouvelle Constitution, instaure un suffrage censitaire masculin (système dans lequel le droit de vote est réservé aux contribuables versant un montant minimal d’impôts, en cens). 

Les femmes, les domestiques et les pauvres, du fait de leur dépendance économique, n'étaient pas en situation d'exercer un choix libre.

Le droit de vote, impliquait des devoirs dont celui de défendre la Patrie et, s'il le faut, verser son sang pour elle (la citoyenneté « active »).

Les femmes n'étant pas requises pour porter les armes, elles ne justifiaient donc pas du droit de vote !

 

Le suffrage universel

La IIe République, instaure par la loi du 5 mars 1848 le suffrage universel… Masculin.

 Malgré les revendications féministes portées par des personnalités comme  George Sand où Olympe de Gouges (Révolutionnaire née en 1748, qui plaida pour le droit du divorce, droit accordé le 20 septembre 1792, ce qui ne l’empêcha pas d’être guillotinée le 3 novembre 1793), le droit de vote leur était toujours interdit.

Les militaires étaient aussi exclus du droit de vote, les parlementaires ne souhaitaient pas qu'ils prennent parti dans les luttes politiques, l'armée avait gagné le surnom de « Grande Muette »

C'est seulement le 17 août 1945 (5 mois après les femmes, que les militaires ont obtenu le droit de vote).

 

Des précurseurs inattendus

Dès le XVIe siècle dans les assemblées locales en Corse, au temps où l'île était sous souveraineté gênoise, les femmes corses votent et leur droit est confirmé par la Constitution de Pascal Paoli en 1755... puis aboli après l'annexion française.

 

Une lente émancipation pour les Françaises.

Les opposants au vote des femmes tiennent à des préjugés personnels et à la crainte paradoxale que les femmes renforcent le camp conservateur. 

La gauche radicale et socialiste craint également que les femmes rallient le camp clérical et se soumettent aux injonctions de leur curé !

Entre les deux guerres mondiales, sous la pression des mouvements suffragistes, d'intellectuelles comme Louise Weiss, la Chambre des députés vote à plusieurs reprises en faveur du vote féminin. Mais les propositions sont six fois repoussées par le Sénat.

Elles ne peuvent voter, mais les Françaises accèdent tout de même à des fonctions gouvernementales. 

Après la victoire du Front Populaire en 1936, dans le gouvernement de Léon Blum, trois femmes obtiennent un sous-secrétariat d’État : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie. 

Au plus fort de l'Occupation, en novembre 1943, Mlle Marie-Rose Bouchemousse est nommée maire de Vigeois (Corrèze).

Il faudra attendre l’ordonnance du Général de Gaulle, pour qu'enfin les Françaises obtiennent le droit de vote.

L'égalité des droits est inscrite dans le préambule de la Constitution de la IVe République (27 octobre 1946) : « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme ».

Dès lors les femmes sont régulièrement présentes dans les gouvernements. 

La France se distingue de la plupart des grandes démocraties européennes par la très faible représentation des femmes dans la vie politique. 

Le nombre d'élues à l'Assemblée Nationale stagne aux environs de 30 (5% des députés) jusqu'en 1997, date à laquelle il passe à 59 grâce à un effort du Parti socialiste.

 

Le statut des femmes en Europe et dans le monde

Le statut social des femmes connaît une régression en Europe au début du XIXe siècle sous l'effet du droit romain. 

Pour que l'on cesse d'assimiler les femmes à d'éternelles mineures, il faut attendre des plaidoyers comme celui du philosophe britannique John Stuard Mill qui, assisté de sa femme Harriett, publie en 1869 un essai retentissant, The Subjection of Women (La soumission des femmes).

 

Les premières à obtenir le droit de vote sont les habitantes du territoire américain du Wyoming en 1869, suivies par les Néo-Zélandaises en 1893, les Australiennes en 1902, les Finlandaises en 1906, enfin les Norvégiennes en 1913. Les allemandes et en République tchèque en 1918, Espagne en 1931, Cuba 1934, la Chine 1949.

Au Canada, et dans le reste de l'empire britannique, les femmes obtiennent le droit de vote (sous réserve d'être propriétaires) aux scrutins fédéraux en 1918… mais les provinciales du Québec, devront attendre 1940 !...

En Grande-Bretagne comme dans le reste du monde anglo-saxon, c'est par leur rôle au sein des associations caritatives que les femmes commencent à s'imposer dans la vie publique.

Le combat des « suffragettes »

En 1897, Millicent Fawcett (50 ans), disciple de John Stuard Mill, prend la présidence de la National Union of Women's Suffrage (« Union nationale pour le suffrage féminin »). 

Réunissant des dizaines de milliers de sympathisants tant masculins que féminins, la NUWS va devenir sous son impulsion le principal mouvement suffragiste du monde.

Mais le combat pour le droit des femmes devient « plus dur » en 1903 avec la création par une mère de famille, Emmeline Pankhurst du mouvement des « suffragettes ».

A la différence de la Ligue suffragiste de Millicent Fawcett (NUWS), qui préconise des actions conventionnelles, dans une stricte légalité, la Women's Social and Political Union (WSPU) d'Emmeline Pankhurst et de sa fille Christabel prône le recours à des actions violentes contre les biens et les propriétés.

Bénéficiant d'un courant de sympathie et de ressources financières importantes, cela lui permet d'organiser des marches massives comme le Women's Sunday (« Dimanche des femmes ») du 21 juin 1908.

Les actions se font de plus en plus violentes…  La répression policière aussi. 

Les militantes agissent dans la clandestinité, brisent les vitrines, jettent des bombes dans des boîtes aux lettres... et arrivent même à faire sauter de nuit la résidence secondaire du Premier ministre, toujours en veillant à ne blesser personne. 

Battues, parfois incarcérées, elles font en prison la grève de la faim en vue d'obtenir le statut de prisonnières politiques mais l'administration riposte en les gavant de force, pratique qui sera par la suite interdite.

Le 8 juin 1913, au Derby d'Epson, Emily Davison se jette sous les sabots du cheval du roi George V, il meurt de ses blessures. 

Le drame, filmé par la presse internationale, a un retentissement planétaire mais il faut attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que les « suffragettes » obtiennent enfin une demi-victoire, le 28 décembre 1918, avec l'octroi du droit de vote aux femmes de plus de... 30 ans.

C'est le début d'un mouvement d'émancipation mondial.

 

Enfin l'égalité civique.

Les dirigeants occidentaux font mine d'ignorer les revendications mais changement d'attitude sous le prétexte du rôle actif qu'ont joué les femmes dans la vie sociale pendant la Grande Guerre.

Tandis que les hommes combattaient dans les tranchées, elles ont dû les remplacer aux champs, dans les usines et dans les bureaux. 

Elles ont également témoigné de leur patriotisme comme infirmières et aides-soignantes dans les hôpitaux de campagne. Tout cela mérite récompense... 

Le 15 juillet 1919, le pape Benoît XV lui-même se prononce en faveur du droit de vote des femmes. 

Aux États-Unis, le 26 août 1920, la ratification du XIXe Amendement à la Constitution, étend le droit de vote à l'ensemble des femmes du pays. 

A l'initiative du dictateur turque, Moustafa Kémal (ce qui n’a aucune conséquence dans ce régime autoritaire !), les femmes obtiennent le droit de vote en 1934.

Les femmes belges acquièrent ce droit aux élections municipales en 1920 et celui d'être élues en 1921 mais c'est seulement en 1948 qu'elles obtiennent les mêmes droits civiques que les hommes. 

La France se montre particulièrement lente pour une raison paradoxale : ses élus de gauche redoutent que les femmes aillent renforcer les rangs de la droite et des cléricaux. 

C'est seulement en 1945, à l'initiative du général de Gaulle, que les Françaises obtiennent le droit de vote, 76 ans après les américaines !

Les femmes Suisse, attendront le 7 février 1971 la loi imposant le suffrage féminin à tous les échelons politiques…Mais depuis 2010, les suissesses sont majoritaires au sein du gouvernement fédéral.

Les femmes portugaises voteront en 1976 et l’Arabie-Saoudite en 2011.

 

L’ordonnance du 21 avril 1944

C’est le député (PCF) Fernand Grenier (1901-1992), qui est à l’origine du droit de vote des femmes

La question du vote des femmes fut posée au mois de mars 1944 par le député Fernand Grenier. 

Se référant aux déclarations du général de Gaulle pendant la guerre, il souhaitait que l’Assemblée Consultative reconnaisse le droit de vote et d’éligibilité des femmes « afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure, en inférieure ».

Malgré la volonté affichée par le Général de Gaulle dès 1942, un grand nombre de réticences virent le jour lors des débats sur le vote de l’amendement défendu par le député Grenier du 24 mars 1944 à l’Assemblée consultative provisoire.

 

Les interventions de Paul Giacobbi :

« Pensez-vous qu’il soit très sage dans une période aussi troublée que celle que nous allons traverser que de nous lancer ex abrupto dans cette aventure que constitue le suffrage des femmes ? » ou encore celle d’Antoine Bissagnet* : 

« L’amendement Grenier amènera un déséquilibre très net, car il y aura deux fois plus de femmes que d’hommes qui prendront part au vote. Aurons-nous donc une image vraie de l’idée du pays ? En raison de ce déséquilibre, je préfère que le suffrage des femmes soit ajourné jusqu’à ce que tous les hommes soient rentrés dans leurs foyers, et c’est pourquoi je voterai contre l’amendement » étaient représentatives des positions de certains des membres de cette Assemblée Consultative provisoire.

 

On entendit beaucoup d’arguments spécieux de procédure pour faire obstacle aux droits de vote et d’éligibilité des femmes. Heureusement, le courage et la détermination d’autres délégués permirent de contrebalancer ces résistances.

« Quand il s’agit de jeter les femmes dans le creuset de la guerre, est-ce que nous attendons ? Sera-t-il dit toujours que l’on exigera de nos compagnes l’égalité devant l’effort de la peine, devant le sacrifice et le courage, jusque devant la mort sur le champ de bataille et que nous mettrons des réticences au moment d’affirmer cette égalité ». 

(Robert Prigent, syndicaliste chrétien, membre du parti démocrate populaire).

 

L’amendement sur le droit de vote et d’éligibilité fut fermement défendu par le député Grenier et grâce à sa ténacité, l’article 16 de l’amendement fut adopté le 24 mars 1944 à la majorité de 51 voix contre 16 sur 67 votants et devient l’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944 signée par De Gaulle.

 

 * Antoine Bissagnet a été nommé administrateur adjoint de 3ème classe des Colonies à titre exceptionnel par le général de Gaulle, membre de l'Assemblée Consultative d'Alger où il est le délégué de l'AOF.

Élu Secrétaire de l'Assemblée, il reprend malgré tout sa place de sous-lieutenant d'Infanterie Coloniale au sein du Régiment de Marche du Tchad (RMT) de la 2ème DB du général Leclerc et participe à la campagne de Normandie où il trouve la mort au combat, le 10 août 1944, au cours de l'attaque de l'église de Doucelles (Sarthe), qui se trouvait aux mains des Allemands. Il est inhumé à Saint-Clar, dans le Gers.

Antoine Bissagnet était :  Chevalier de la Légion d’Honneur, Compagnon de la Libération - décret du 29 avril 1943,  Croix de Guerre 39/45,  Médaillé de la Résistance avec rosette.

Sources : Hérodote – site du gouvernement - BNF

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11 février 2020 2 11 /02 /février /2020 17:02

11 février 1990: Libération de Nelson Mandela

 

Sous la pression internationale, le président sud-africain Frederik de Klerk, libère après 27 ans de captivité, Nelson Mandela (72 ans).

Rien ne prédisposait cet homme à devenir une icône noire et un jour président de l’Afrique du Sud.

Né le 18 juillet 1918 dans le village de Mvezo, près d'Eastern Cape, il grandit avec les bergers.

À la mort de son père, son cousin, un roi xhosa l’adopte, discernant son potentiel il le pousse vers les études.

Il entre à l'université de droit de Fort Hare*, (réservée aux Noirs), institution britannique en pays xhosa, au Transkei, à l'Est de la province du Cap d’où il est expulsé en 1941 pour avoir conduit une grève. 

La même année, il rompt avec sa famille et son père adoptif afin échapper à un mariage coutumier.

Réfugié à Johannesbourg, il achève ses études de droit en accomplissant de petits boulots.

Mandela, logeant chez Walter Sisulu (métis), qui fait partie de l'African National Congress (ANC) - parti à vocation multiraciale qui plaide pour l'égalité des droits -,  il se lie d'amitié avec Oliver Tambo et fonde avec lui, en 1944, la Ligue de la Jeunesse de l'ANC (Young League) dont il devient le président et rejoint le Congrès National Africain (African National Congress, ANC) pour lutter contre l'apartheid et la domination blanche dans son pays.

Il se marie en 1944 avec Evelyn Mase, avec qui il aura quatre enfants.

En 1948, avec l’arrivée au pouvoir du Parti national et le gouvernement de Daniel Malan et Hendrik Verwoerd qui instaure un apartheid rigide, la Ligue de la Jeunesse de l'ANC s'engage de toutes ses forces contre le gouvernement.

Nelson Mandela, président de la Ligue de la Jeunesse de l'ANC, entre dans une vie de clandestin et perd son cabinet d’avocat et son mariage.

Arrêté une première fois en 1952, il est condamné à neuf mois de prison pour non-respect des lois de l'apartheid.

Il se remarie en 1958 avec Winnie Madikizela, avec qui il aura deux enfants. Sa prestance, son intelligence lui valent à compter de ce moment une grande popularité.

Après la tragédie de Sharpeville, le 21mars 1960 (répression policière ayant fait 69 morts parmi les manifestants noirs)et l'interdiction de l'ANC, Nelson Mandela convainc les militants de renoncer à la non-violence et fonde la branche armée du parti : Le Fer de lance de la Nation (MK, Umkhonto) avec mission de mener des sabotages contre les cibles administratives et policières

11 janvier 1962 : Mandela quitte l'Afrique du Sud pour l’Éthiopie (Addis-Abéba).

C'est le début d'une tournée triomphale dans les pays nouvellement indépendants du continent, à commencer par le Maroc.

Au retour de cette tournée, en août 1962, il est arrêté et condamné à cinq ans de prison pour incitation à la grève…. et déplacement illégal !

Le 11 juillet 1963, la police fait une descente dans une ferme du village de Rivonia, au nord de Johannesburg et découvre le rôle éminent de Mandela dans les sabotages de 1961. Pour cela il est rejugé à Pretoria, le 9 octobre 1963.

 À l'issue de ce « procès de Rivonia », il est condamné à vie pour trahison et incarcéré à Robben Island, une île au large du Cap, 

Mandela, s'est forgé en prison un caractère peu commun, alliant détermination, refus de tout compromis et modération à l'égard de ses ennemis, il s'acquiert une réputation internationale de vieux sage (nouveau Gandhi), devenant dans les années 1980 une icône pour la jeunesse occidentale.

Frederik de Klerk, président sud-africain, acculé à la négociation par la mobilisation internationale contre l’apartheid, rend la liberté à Nelson Mandela après 27 ans de captivité.

Une nouvelle vie commence pour Nelson.

Avec le président Frederik de Klerk, qui a eu la clairvoyance de le libérer et d'engager des négociations avec l'ANC, il reçoit à Oslo, le Prix Nobel de la paix en novembre 1993.

 

A son investiture à la présidence de la République le 10 mai 1994, la plupart des dirigeants de la planète se sont déplacés pour ce moment de grâce qui scelle la réconciliation des Sud-Africains après un siècle de ségrégation raciale.

Il forme un gouvernement multiracial et réalise son rêve d'une Afrique du Sud « arc-en-ciel

 

Mandela, que l'on surnomme affectueusement « Madiba », vaincu par l’âge, délègue la gestion des affaires à son vice-président Thabo Mbeki en 1996 et quitte la présidence de l'ANC l'année suivante.

Le 14 juin 1999 enfin, il abandonne la présidence. 

Il se séparer de Winnie et noue une idylle avec la veuve de Samora Machel, ancien président du Mozambique, Graça, et l'épouse le jour de ses 80 ans. 

Nelson Mandela meurt le 5 décembre 2013, à 95 ans.

Universellement reconnu comme l'une des plus fortes personnalités de la fin du XXe siècle. 

Son parcourt peut-être résumé par l’aphorisme : « I never lose. I either win or I learn » (« Je ne perds jamais. Sois-je gagne, soit j'apprends »).

 

*De nombreux leaders africains comme Mandela, mais aussi Kenneth Kaunda (Zambie) et Robert Mugabe (Zimbabwe) sont sortis de l'université de droit de Fort Hare

 

 

 

 

 

 

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 18:54

Le 23 novembre 1944, les troupes alliées libèrent Strasbourg. 

Deux jours plus tard, grâce au service de renseignement qui avait transmis des photos aériennes montrant une concentration inhabituelle de bâtiments à 50 kilomètres de Strasbourg, les GI's  vont  découvrir pour la toute première fois un camp de concentration nazi : le camp de Natzweiller-Struthof.

Le Struthof

En haut du Mont Louise, dans les Vosges du nord, lieu de villégiature des Strasbourgeois (piste de ski l’hiver) venaient s’y divertir en famille depuis le début du siècle dernier, le Struthof laissera en 1941, la place à un camp de concentration (KL, Konzentrationslageren allemand). 

Origine du camp

Après l’armistice du 22 juin 1940 le IIIème Reich envahi l’Alsace et la Moselle.

L’Alsace-Lorraine investit, les usines, les mines et son administration est germanisée, le français est prohibé.

Hitler, qui vient de se lancer dans une série de projets architecturaux, cherche en particulier des carrières de pierre.

Le colonel SS Karl Blumberg, géologue, découvre en haut du Mont Louise, un filon de granit extrêmement rare : du granit rose. 

Sur place une ferme, un hôtel, une auberge et une petite salle des fêtes. De plus le lieu est discret, à l’écart de tout, et une ligne de chemin de fer dessert le bas du Mont Louise.

C’est l’endroit idéal pour créer le camp.

Le camp

Le 1er mai 1941, les nazis entament donc la construction du « Struthof ». 300 déportés communistes allemands et autrichiens en provenance de Sachsenhausen sont internés dans les bâtiments existants. Ils doivent tailler le chemin d'accès à la veine de granit et aménager le versant plein nord en y creusant des plateformes destinées à recevoir les 17 baraquements du futur camp.

Actif depuis 1941 sous le nom de KL Natzweiler-Struthof, il se compose du camp principal et de près de 70 camps annexes, tant en Alsace que de l'autre côté du Rhin. Au total, il recevra en moins de quatre ans 52 000 prisonniers et près de 22 000 déportés y perdirent la vie .

Prévu à l'origine pour 2 500 déportés, le camp et ses annexes en hébergeront jusqu'à 10 000 en 1944, de 32 nationalités différentes.

Le fonctionnement du camp est assuré par 80 officiers, sous-officiers, et hommes de troupes avec une organisation d'une redoutable efficacité.

Les SS font vont diviser autant que possible les déportés en mettant par exemple dans un même baraquement l'ouvrier communiste et le théologien. 

Ils exploitent également les antagonismes nationaux en mêlant Serbes et Croates, Russes et Baltes, Grecs et Albanais...

Ils délèguent aussi les taches de surveillance et de répression à une poignée d'entre eux, choisis parmi les plus brutaux et les criminels de droit commun. Ce sont les redoutables Kapos (contraction de Kameradschaftspolizei, « camarade policier »).

Les premiers déportés, majoritairement des déportés politiques et des jeunes résistants, arrivent dès le printemps 1941. 

Le Struthof, un des camps les plus meurtriers du système nazi

Comme les camps de Mauthausen et de Gusen, Natzweiler-Struthof est classé « camp de niveau III ». Il fait à ce titre partie des camps les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi. Son objectif est l’anéantissement des opposants politiques classés NN (Nacht und Nebel, « Nuit et brouillard »).

Dès leur arrivée au camp, les effets personnels sont retirés. Les déportés doivent se déshabiller de la tête aux pieds, rasés, immatriculés et doivent mettre un uniforme rayé, seule et unique protection contre le froid et les coups de leurs bourreaux.

Natzweiler lieu d’extermination par le travail. 

Un kilomètre sépare le camp de la carrière de granit rose. Chaque jour, pendant dix heures, les détenus doivent extraire des pierres à mains nues, à l’aide d’une simple pelle et d’une pioche. 

Le granit se révèle finalement être de piètre qualité, mais le but du camp étant de tuer les déportés par le travail, les SS trouvent donc une autre activité :  démonter et réparer des moteurs d’avion pour l’armée allemande.

Les savants de l’enfer

Le camp est également le lieu d’expérimentation de trois éminents scientifiques nazis qui enseignent à l’Université du Reich à Strasbourg.

Leur mission : protéger la race aryenne, accélérer les recherches sur les fléaux qui déciment les soldats de la Wehrmacht (le typhus et les gaz mortels).

Considéré comme de simples « rats de laboratoire », les savants de l’enfer August Hirt, Eugen Haagen et Otto Bickenbach, font des tests directement sur les hommes : asphyxiés, la peau brûlée, les patients meurent dans d’atroces souffrances.

Gueule cassée de 14-18, August Hirt, SS de la première heure, enseignant l’anatomie, adepte de l'idéologie nazie, profite des hommes de ce camp pour mener à bien une expérimentation particulière : réunir un maximum de squelettes de juifs car il n’existe que très peu de spécimens de crânes et d’os de la race juive permettant des conclusions précises.

Avec l’aval d’Himmler, partisan des expérimentations médicales il fait aménager en août 1943 une dépendance de l’ancien hôtel en chambre à gaz.

86 juifs, seront ainsi gazé dans l’idée d’étudier leurs squelettes et de les exposer dans les musées lorsque la race juive aura été exterminée.

Il est également le bourreau de dizaines de Roms par ses travaux sur l'ypérite.

Eugen Haagen, spécialiste du typhus exanthématique, utilise Slaves et Tziganes dans sa quête d'un vaccin efficace. Injectant des maladies telles que la lèpre et la peste aux détenus pour analyser les effets de ces contaminations. (C’est à cause de ces expérimentations qu’une épidémie de typhus décime la population du camp en 1944). 

Otto Bickenbach mène des essais sur le phosgène en vue de trouver l'antidote à ce gaz mortel et pour cela envoie à la chambre à gaz des dizaines de Polonais et Roms.

Quelques détenus français

Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand (seul prélat français à avoir été déporté).

Le général Aubert Frère, fondateur de l'Organisation de résistance de l'Armée, (mort d'épuisement le 13 juin 1944).

Le général Charles Delestraint, chef de l'Armée secrète, puis transféré à Dachau.

Joseph Gastaldo et André Lassagne : membres de l'Armée Secrète, déportés au Struthof après leur arrestation à Caluire en compagnie de Jean Moulin le 21 juin 1943 (transférés à la prison de Brieg (Brzeg en polonais) en Silésie.

Le prince François-Xavier de Bourbon-Parme, chef de la communion carliste, oncle du roi Boris III de Bulgarie, de l'archiduc héritier Otto de Habsbourg-Lorraine et du grand-duc héritier Jean de Luxembourg,

Max Heilbronn, créateur des magasins Monoprix et résistant français, interné en 1944 puis transféré à Allach (kommando de Dachau).

Léonce Vieljeux, Maire de La Rochelle (1930-1940) , colonel de Réserve et résistant, abattu dès son arrivée au camp le 2 septembre 1944 avec 105 autres détenus du Réseau Alliance, provenant du camp de Schirmek.

Libération

Été 1944, Strasbourg est bombardé, les SS se déchaînèrent, exécutent des centaines de prisonniers.

Puis l’ordre tomba de Berlin : il faut évacuer le camp.

Lorsque le camp vide de ses occupants sera découvert par les Alliés en 1944, le calvaire n’était pas terminé pour les déportés.

Un repli vers les autres camps, notamment celui de Dachau près de Munich, a été organisé par les SS. 

Après cette mortelle transhumance, une « marche de la mort » comme il y en eu bien d'autres à l'Est, les Américains libèrent Dachau le 29 avril 1945où quelques miraculés de Natzweiler-Struthof quittent enfin l’univers concentrationnaire.

Dénouement

Lorsque les soldats marchaient sur ce chemin bordé de sapins pour arriver au lieu-dit « le Struthof », franchissant des barbelés, découvrant des baraquements, des cellules, des murs criblés de balles et se posaient la question : à quoi a bien pu servir ce lieu, les militaires étaient loin de se douter de tout cela.

Hirt s'est suicidé en juin 45, les deux autres (pseudos) scientifiques, arrêtés et jugés par la France, ont été finalement libérés et blanchis au milieu des années 50. 

Ils sont morts paisiblement chez eux en Allemagne dans les années 70 !

Source : Charlotte Chaulin, avec l'aimable contribution de l'historien Roland Gelb 

 

 

 

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20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 09:29
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Fresque de la table d'orientation au petit mont à Arzon

Il y a 260 ans en septembre 1759, en pleine guerre de sept ans, Louis XV décide de renverser le roi Georges II en envahissant les Iles Britanniques.

Un débarquement de plusieurs milliers d’hommes sur la Tamise est prévu depuis Ostende (Flandre), ainsi qu’en Irlande et en Ecosse.

Il demande à l’escadre de Brest d’aller chercher la troupe basée dans le golfe du Morbihan.

Le responsable de ce rassemblement est le petit neveu de Richelieu, le Maréchal-Duc d’Aiguillon, héros de la guerre de succession.

 

Une vingtaine de vaisseaux munis de 1500 canons embarque l’infanterie terrestre soit 14000 hommes sous les ordres de l’Amiral de Conflans.

Les navires sont prêts à acheminer le corps expéditionnaire vers l’Ecosse, mais les relations entre Aiguillon et Conflans, ne sont pas au beau fixe… ce qui complique le commandement.

Ce n’est pas le cas de la Royale Navy, qui bien renseignée veut stopper la flotte française.

L’Amiral Hawke disposant de quarante navires de combat bien armés avec des équipages aguerris, arrive par surprise sur la flotte française.

Le 20 novembre 1759, en pleine tempête, l’escadre française, en mauvais état et avec des équipages manquant de compétences maritimes est canonnée par les navires anglais proche des rochers des Cardinaux.

 

Le bilan est lourd côté français : 2500 hommes périront, 7 navires seront coulés, certains fuiront vers Rochefort, d’autres se laisseront échouer vers le rivage et 11 resteront confinés dans les estuaires de la Vilaine et de la Loire.

La Marine Britannique ne perdra que 2 navires et 300 hommes.

La défaite mettra fin au projet d’invasion de la Grande-Bretagne.

 

Si vous passez à Pernef, sur la commune de Damgan (56), vous verrez le canon du bateau ‘Le Juste’ qui participa à cette bataille et qui coula avec ses 130 hommes d’équipage. Les 130 hommes furent sauvés par le bateau ‘La société’ commandé par le commandant Vincent Huliocq de Pernet.

Sur un des bateaux ayant participé à la bataille des Cardinaux, l’explorateur le comte de la Pérouse fit son premier fait d’arme. Il fut fait prisonnier et libéré peu de temps après.

(Source : Table d’orientation au petit mont à Arzon)

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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 14:49

 

Dans la soirée du 9 novembre 1989, aux informations télévisées j’assiste à la chute du ‘Mur de la honte’ de Berlin, comme l’on baptisé les médias de l’Ouest au moment de sa construction.

D’une longueur totale de 155 km dont 43,1 km à Berlin même et 111,9 km dans les autres parties de la RDA.

Ce ‘mur de la honte’ d’une hauteur de 3,6 m au minimum, pour une largeur de 1,20m et une profondeur de 2,10m comporte 302 tours de contrôle, 93 miradors et … 20 bunkers. Pour aider les ‘Vopos’ dans la surveillance : 259 unités de chiens de garde.

 

Retour en arrière

L'Europe au début de la guerre froide (1947-1950)

Après la capitulation de l'Allemagne, les vainqueurs au cours de la conférence de Potsdam ( 17 juillet au 2 août 1945), organise le sort du pays et de l'Europe.

Mais très vite émerge la rivalité entre l'Union soviétique et les Occidentaux :  C'est le début de la « guerre froide »  

Un « rideau de fer » de Lubeck (Allemagne du nord) jusqu’en Tchécoslovaquie et au-delà sépare l'Europe en deux : d'un côté les pays occidentaux sous la protection de l'Amérique et de l'OTAN, de l'autre l'URSS et ses « satellites »

L'Allemagne elle-même est séparée en deux États ‘Allemagne de l’Est et Allemagne de l’Ouest), hostiles l'un à l'autre.

Berlin qui se trouve en Allemagne de l’Est est également partagée en deux, coté Ouest occupée par les Anglais, les Américains et la France, coté Est par les soviétiques.

 

Le 24 juin 1948, les Soviétiques, ayant rejetés la nouvelle monnaie introduite par les Occidentaux en Allemagne, le Deutsche Mark (DM), entament le blocus de l'enclave de Berlin-Ouest (883 km2 et 2,3 millions d'habitants).

 

Pendant près de onze mois, (2 juin 1948- 12 mai 1949), les Américains et les Anglais organisent un pont aérien pour ravitailler les berlinois de l'Ouest, (277 728 vols en 322 jours).

Le pont aérien résiste à l'hiver, aux brimades des Russes (projecteurs aveuglant les pilotes, interférences radio, tirs sol-sol, tirs de DCA).

Malgré les 76 morts et un coût financier considérable, les Soviétiques sont contraints à mettre fin au blocus le 25 avril 1949. Berlin-Ouest ne tombera pas dans l'escarcelle soviétique.

Quelques mois plus tard, se concrétise la division de l’Allemagne en 2 États rivaux.

 

En 1950, le land de Berlin-Ouest est constitué au sein de la nouvelle République fédérale d'Allemagne

En 1957, le statut de Berlin est conforté par son intégration dans le traité de Rome, confortant ainsi l'existence d'une enclave occidentale au milieu d'un territoire contrôlé par la RDA.

L'existence de Berlin-Ouest est insupportable pour les soviétiques, de plus les Allemands de l'Est essaient de quitter le régime soviétique. 

Chaque jour, 500 000 personnes traversent la ligne de démarcation berlinoise, à pied, par les réseaux ferroviaires et métropolitain pour se rendre au travail, faire des achats, visiter de la famille.  Ce mouvements deviennent un casse-tête pour les contrôles aux points de passage.

En 1958, déjà plus de trois millions d'allemands de l'Est ont fui la RDA pour la RFA, la plupart via Berlin. L'URSS tente un nouveau coup le 27 novembre 1958 en lançant un ultimatum exigeant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent…. L'émigration continue, elle atteint en août 1961, 3,6 millions de personnes. 

Les Soviétiques prennent alors la décision de faire supprimer par la RDA la ligne de démarcation berlinoise afin d'empêcher toute nouvelle émigration et de construire un mur.

Construction du mur

Le mur de la honte

Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux Berlin sont interrompus. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin.

Le dimanche 13 juin, des barbelés et des barrières provisoires sont déployés à la frontière berlinoise entre les secteurs d’occupation Est et Ouest. Les jours suivants, les barbelés sont remplacés par un mur, construit par des maçons est-berlinois, sous l’étroite surveillance des gardes-frontières de RDA. Les portes et fenêtres des façades d’immeubles sont murées et intégrées dans le dispositif de séparation des deux moitiés de la ville.

 

Les « passe muraille » du mur

Le général des armées RDA Karl-Heinz Hoffman définit le mur de Berlin comme le système de sécurité des frontières le meilleur au monde, mais l'appel de la liberté reste constant tout au long des 28 ans de l'histoire du mur. 

Des milliers d'allemands de l'Est tentent de le franchir au péril de leur vie (d'août 1961 au 8 mars 1989) par tous les moyens possibles : escalade pour la plupart d'entre eux, mais aussi souterrains, voitures spécialement transformées, fuites à la nage sur la Spree, 5 075 personnes réussissent à s'évader de l'Est pour Berlin-Ouest … Mais 588 perde la vie dans cette tentative.

Les peuples contre les dictatures

Réceptifs à la politique de transparence (glasnost) initiée trois ans plus tôt par Mikhaïl Gorbatchev, il reçoit le 7 octobre 1989, lors du défilé commémoratif du 40e anniversaire de la RDA, des acclamations : « Gorbi, Gorbi ! »

Erich Honecker, secrétaire général du Parti communiste est-allemand, doit supporter ces acclamations envers son invité.

Après ce camouflet, Honecker, laisse 18 octobre sa place à Egon Krenz, (dirigeant aussi stalinien que lui, mais rien n'arrête l'Histoire…

Le 7 novembre, un million de manifestants à Berlin-Est entraînera démission collective du gouvernement communiste.

1961: le mur devant la porte de Brandebourg

La chute du mur

Deux jours plus tard, le 9 novembre, vers 18h, Günter Schabowski, membre du bureau politique, annonce lors d’une conférence de presse la décision du gouvernement de la RDA vis-à-vis des Allemands de l'Est : 

« Les voyages privés à destination de l'étranger peuvent désormais être demandés sans aucune condition particulière ».

« À partir de quand ? » demande un journaliste.
« Autant que je sache... tout de suite », répond le dirigeant ! (Il lisait une fiche illisible et ignorait totalement si les soviétiques étaient informés de la situation)

Quelques heures plus tard, on compte déjà des dizaines de milliers de Berlinois devant les sept postes-frontière du Mur.

À 22h15, le poste-frontière à Bornholmer Straβe, est ouvert, la foule s'y engouffre dans une euphorie, sous le nez des garde-frontières est-allemands, les « vopos », qui en près de 30 ans, ont tués 239 personnes qui tentaient de franchir le Mur.

Cette fois, ils gardent l'arme au pied, comprennant que leur temps est révolu.

 

Les Berlinois de l'Est comme de l'Ouest ne se contentent pas de cela. 

Avec des marteaux, des pioches, chacun s'attaque au béton du Mur.

C'en est fini de cinquante ans de séparation et d'antagonismes entre les deux parties de Berlin et les deux Allemagnes (La République Fédérale Allemande - RFA, Bundesrepublik Deutschland, BDR, sous influence occidentale, et la République Démocratique Allemande - RDA, Deutsche Demokratische Republik, DDR, sous domination soviétique).

 

Le coût de la réunification.

Personne ne s'inquiète encore des lendemains difficiles de la réunification. 

Le violoncelliste russe Mstislav Rostropovitch (72 ans) donne un concert improvisé devant le Mur.

Rapidement, le chancelier fédéral Helmut Kohl impose une unification monétaire puis politique des deux parties de l'Allemagne. 

Le 1er juillet 1990, Helmut Kohl déclarait "Je peux dire aux Allemands vivant en Allemagne de l’Est qu’aucun d’entre eux ne vivra dans une situation pire qu’auparavant, et que beaucoup vivront mieux".

L'unité est officialisée le 3 octobre 1990, mais la facture va être lourde.

Dans son édition du dimanche 8 novembre 2009 (20 après la chute du mur), le journal allemand Welt am Sonntag publie une étude qui estime le coût de la réunification allemande à 1 300 milliards d'euros. L’équivalent de la moitié du PIB allemand de 2008. 

 

Pour les Allemands, le 9 novembre rappelle tout à la fois l'avènement de la République (1918), le pitoyable « putsch de la Brasserie » (1923), la sinistre « Nuit de Cristal » (1938) mais l’heureux jour de la chute du Mur ‘de la honte’.

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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 15:42

 

l’Exécution d'Edith Cavell

Condamné en cour martiale à Schaerbeck pour haute trahison, Edith Cavell, fut fusillée le 12 octobre 1915 par les Allemands.

Son crime ? Avoir aidé les soldats alliés à s’évader.

Fille de pasteur anglican, Edith Cavell était infirmière en Belgique au moment où éclate la Première Guerre Mondiale.

Un événement marque le destin de cette femme : l’invasion de la Belgique par l’armée allemande, alors qu’elle rend visite à sa famille en Angleterre. 

De retour à Bruxelles, elle découvre que son hôpital est devenu un établissement de la Croix Rouge au service des Allemands.

En 1914, un membre de la résistance lui demandant si elle peut cacher deux soldats britanniques blessés.  Elle décide de les cacher. 

Au total, elle aidera plus de 200 soldats français, anglais, canadiens et belges à échapper à l’occupant. Certains gagneront par la suite les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, d’autres rejoindront leurs unités.

Ce réseau initié par des Belges de la région de Mons, fusionnera ensuite avec un réseau créé par plusieurs femmes dans le nord de la France, parmi lesquelles la comtesse de Belleville, la princesse Marie de Croÿ, Louise Thuliez et Louise de Bettignies. 

Un traite français infiltré recueille des informations qui aboutissent au démantèlement du réseau et à l’arrestation de ses membres. 

Selon une autre version, ce serait un soldat britannique qui dans un courrier intercepté par les Allemands eut l’imprudence de remercier Edith Cavell de l’avoir sauvé.

L’infirmière britannique est arrêtée le 5 août 1915, emprisonnée pendant dix semaines à la prison Saint-Gilles, elle reconnait la totalité des charges qui pèsent sur elle.

Jugée pour trahison le 11 mai, sans que son avocat ne puisse la rencontrer, son procès est expédié en moins de 5 minutes : elle est condamnée à mort.

Ne laissant aucune chance aux diplomates d’intercéder une ultime fois en sa faveur, à 2h du matin, le 12 octobre 1915 Edith Cavell fait face au peloton d’exécution, refusant qu’on lui bande les yeux ou d’avoir les mains liées. Elle est exécutée au ‘Tir national’, site militaire devenu mémorial…Elle meurt la veille de son 50e anniversaire.

C’est peu dire que le gouvernement britannique ne fit pas grand-chose pour tenter de la sauver avant son passage en cour martiale.

Sir Horace Rowland au Foreign Office déclara : « J’ai peur que ce soit dur pour Miss Cavell. Je crains que nous ne puissions rien faire ». Ce à quoi Lord Robert Cecil, sous-secrétaire d’Etat des affaires étrangères, ajouta : « toute entreprise de notre part ferait plus de mal que de bien ».

En Grande-Bretagne, cet acte de barbarie souleva une immense émotion et eut pour conséquence un doublement du recrutement au sein de l’armée britannique, atteignant 40 000 volontaires pour le combat.

Après la guerre, la dépouille d’Edith Cavell fut ramenée dans sa patrie natale. Le roi George V souhaitait qu’elle soit inhumée à l’abbaye de Westminster, mais sa famille tenait à ce qu’elle repose là où elle avait vécu.

Conduite en train spécial à Norwich, elle repose à l’extrémité est de la Cathédrale de Norwich, à quelques kilomètres de son village natal de Swardeston.  

En France, l’émotion fut considérable à l’annonce dans la presse de l’exécution de l’infirmière et résistante anglaise.

À Paris, dans le jardin des Tuileries, adossé au Jeu de Paume, un monument à sa mémoire fut offert à la ville par le journal Le Matin. Il fut détruit en juin 1940 lors de l’entrée des Allemands dans la capitale.

A Lille, une place lui est dédiée. A Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), une rue et une école élémentaire portent son nom.

D’autres monuments ont été érigés en Nouvelle-Zélande et au Canada (Toronto), 

Pour la petite histoire dans la grande : Deux mois après son exécution, le 19 décembre, naissait à Paris, rue de la Chine dans le 20e arrondissement (adresse de l’hôpital Tenon), une petite fille. Ses parents, Annetta Giovanna Maillard, 20 ans, artiste lyrique, et Louis Gassion, 34 ans, artiste acrobate, choisirent de lui donner le prénom de l’infirmière britannique fusillée par les Allemands. Quelques années plus tard, cette petite fille : Edith Piaf, allait devenir pour tout le monde la «Môme Piaf».

 

Photo : horizon 14-18

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 14:28

 

L’inauguration de la gare de Meaux eu lieu officiellement le 2 septembre 1849 par Louis-Napoléon Bonaparte.

Dès le mois de mars 1839, la Municipalité de Meaux est sollicitée pour donner son avis sur les projets de tracé de la ligne de chemin de fer, Paris – Strasbourg.

L’arrivée du train devant améliorer les relations avec Paris, les autorités municipales font tout pour obtenir un tracé avantageux permettant aux trains de faire halte à Meaux.

Le choix du tracé de la ligne passant par Meaux est décidé le 23 juillet 1844 et le 20 mai 1849, la première Stephenson s’arrête à Meaux.

Le 1erjuillet 1849, un premier train tracté par la locomotive no 55 « Ville de Meaux » circule pour vérifier la ligne ; l'ouverture au service de la gare de Meaux par la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg a lieu le 5 juillet  lors de la mise en service commerciale de la section de ligne allant de la gare de Paris-Est à la gare de Meaux (elle intègrera ensuite le réseau de la compagnie des chemins de fer de l'Est).

La section de Meaux à Épernay est mise en service le 21 août 1893 et l'inauguration de la gare de prévue initialement avant cette ouverture est finalement repoussée au 2 septembre 1849 lors de l’inauguration officielle de la ligne Paris-Meaux-Epernay. 

Comme toutes les  gares de la ligne, elle est construite par l'État, mais pour accélérer les travaux (et faire quelques économies), un bâtiment provisoire en bois et construit pour les voyageurs.

A 8 h 30 le 2 septembre 1849, Louis-Napoléon Bonaparte embarque gare de Paris-Est à destination d’Epernay pour l’inauguration officielle.

Toutes les gares sont pavoisées et regroupent un nombreux public sur les quais, seuls quelques arrêts sont prévus avant Épernay, dont un en gare de Meaux. 

Une foule nombreuse attend l'arrivée du train présidentiel ainsi que les autorités locales  M. Paulze d'Ivoy, (sous-préfet,) M. Damoreau, (maire de la ville), sont présentent sur le quai pour accueillir le premier président de la République Française

 Une salve de 21 coups de canons est tirée par la garde nationale pendant que le cortège quitte la gare pour la cathédrale Saint-Étienne où Le prince président est accueilli par Monseigneur Auguste Allou, évêque de Meaux. 

Après la messe, le cortège retourne en gare. Une seconde salve de 21 coups de canon est tirée par l'artillerie… Le train peut repartir en direction d’Epernay !!

 

Le 28 novembre 1890, est inauguré la nouvelle gare voyageurs de style néo-classique.

Le chemin de fer bouleverse les habitudes, en quelques années le trafic passager cesse sur les voies fluviales et celui des marchandises décline considérablement.

 

Entre fin 1910 et 1938, la gare de Meaux a été desservie par le Tramway de Meaux à Dammartin (à voie métrique),  quand aux trains de marchandises ils disposaient de deux gares distinctes : Meaux-Localpour le trafic local de la ligne et  Meaux-Transitpour le transbordement vers les wagons à voie normale. 

 

Jusqu'en début de l'année 1958, la section Meaux-Local - Saint-Soupplets a fonctionné comme embranchement de la Sucrerie de Meaux-Villenoy.

 

Depuis la nationalisation,  Meaux est une gare SNCF desservie aujourd’hui par les trains du réseau Transilien Paris-Est (ligne P).

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17 août 2019 6 17 /08 /août /2019 15:59

15 aout 1944, le  débarquement de Provence

Troisième débarquement après ceux de Sicile et de Normandie, le Débarquement de Provence, le 15 août 1944 où 400 000 soldats y ont pris part est moins connu que le D-Day en Normandie. 

Ce débarquement revêt pourtant une importance stratégique et symbolique pour la France.

Le débarquement de Provence a été évoqué une première fois à la conférence de Casablanca (14-24 janvier 1943), par les chefs alliés Rooseveltet Churchill.

Winston Churchill était contre ce débarquement, plaidant pour un débarquement dans les Balkans afin d’ arriver à Berlin avant les Soviétiques... Mais le président américain avait imposé son choix de deux débarquements simultanés en France, en Normandie (l'opération Overlord)et en Provence l’opération Anvil (enclume en anglais),)… faute de moyens, il été décalé de quelques semaines.

Churchill s'oppose notamment à de Gaulle, qui menace de retirer les divisions françaises du front italien. Les objectifs étaient de libérer Toulon, Marseille puis de remonter le Rhône jusqu'à effectuer la jonction avec les forces de l'opération Overlord débarquées en Normandie.

En choisissant de rebaptiser l'opération Anvil-Dragoon, (en anglais dragooned !) le Premier ministre Anglais a voulu signifier qu'on l'a contraint, à cette opération 

L'opération Dragoon incluait un atterrissage de planeurs (opération Dove) et un faux débarquement dans le Nord de l'Italie (opération Span).

Pour les armées alliées le but d’Anvil-Dragoon et de prendre l'Allemagne en tenaille. 

Dragoon, co-dirigée par les Américains par le général Alexander Patch ( VIIe Arme américaine) et les Français par le général de Lattre de Tassigny , avec pour objectif de libérer les ports de Toulon (Var) et de Marseille (Bouches-du-Rhône), cruciaux pour organiser le ravitaillement des troupes et la reconquête totale de l'Hexagone. 

Le 14 août au soir, Radio Londres diffuse 12 messages codés pour la Résistance annonçant l'imminence du déploiement, dont les plus connus : « Nancy a le torticolis », « Gaby va se coucher dans l’herbe », « le chasseur est affalé ». Les résistants font sauter les vies de communication pour éviter tout repli de l’occupant.

Minuit passé, les premières bombes sont lâchées et des milliers de soldats sont parachutés dans l'arrière-pays varois, tandis que le reste des forces accostent entre Toulon et Cannes (Alpes-Maritimes). 

L’assaut naval à lieu sur les côtes varoises entre Toulon et Cannes, mobilisant 1370 navires pour le débarquement, 880 navires anglo-américains, 34 français et 115000 hommes.

Fréjus (Var) tombe le 16 août, Draguignan (Var) dans la foulée. Il faudra une petite semaine pour récupérer Toulon aux Allemands, tout comme Marseille, avant que les forces alliées ne remontent en suivant la Rhône pour finalement retrouver les régiments d'Overlord en Bourgogne.

L'assaut a été si rapide que les Allemands ont eu à peine le temps de réagir et le 19 août ils reçoivent l'ordre de se replier, (à l'exception des garnisons de Toulon et Marseille qui ont ordre de résister coûte que coûte).

Les Français peuvent se féliciter d'avoir atteint leurs objectifs 13 jours après le débarquement (le commandement allié avait planifié 40 jours !).

Dès le lendemain, le 29 août, le général de Monsabert, catholique fervent, fait célébrer un Te Deumdevant la basilique de Notre-Dame de la Garde et salue la Viergeen ces termes : « C'est elle qui a tout fait ! ».

Quant à De Lattre, il télégraphie au général de Gaulle un message plus prosaïque : « Aujourd'hui J+13, dans le secteur de mon armée, il ne reste plus un Allemand autre que mort ou captif. »

De Lattre, avec son armée va poursuivre sa marche triomphale vers le Rhin. 

Rebaptisée 1ère Armée françaisele 1er septembre 1944, elle va au fil de son avancée accueillir dans ses rangs des combattants FFI et doubler ses effectifs jusqu'à atteindre 400 000 hommes.

 Grâce à cette participation de l'armée française à la libération du continent, le général de Lattre ratifiera au nom de son pays la capitulation de l'Allemagne, le 8 mai 1945, à Berlin.

Dans le même temps, les soldats indigènes vont pour la plupart rentrer chez eux. L'Armée d'Afriquesera dès lors oubliée...

Ce débarquement revêt une importance pour la France, car elle a été très largement partie prenante. En juin, seuls 177 hommes du commando Kieffer avaient foulé les plages de Normandie. 

Sur les quelque 400 000 soldats participant à l'offensive provençale, environ 250 000 sont sous les couleurs de la France, dont une grande partie d'Algériens, Marocains, Tunisiens, ou Sénégalais.

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