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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 09:38

19 mars 1962, fin d’une guerre « sans nom » : la « guerre d’Algérie »

L'Algérie (Photo Larousse)

Occupée par la France en 1830, l'Algérie devient en 1954 le théâtre de la plus douloureuse guerre de décolonisation que connue la France. Résultat des maladresses gouvernementales, égoïsme obtus des colons européens, brutalités sans scrupules des indépendantistes musulmans.

Guerre d’indépendance

Le 21 juillet 1954, se termine la Conférence de Genève mettant fin à la guerre d’Indochine, (19 décembre 1946 -1er août 1954)

La défaite française en Indochine, encourage les indépendantistes algériens. Le 1er novembre 1954, près de Sétif, un bus est pris en embuscade, parmi les morts un jeune couple d’instituteurs venu de métropole, c’est les premières victimes du conflit. La « Toussaint rouge » passe presque inaperçue dans l'opinion française

Peu après Ahmed Ben Bella, un indépendantiste, créé au Caire le Front de Libération Nationale (FLN).

Pierre Mendès France, président Conseil, nomme le 25 janvier 1955, l'ethnologue Jacques Soustelle gouverneur général de l'Algérie Soustelle se rallie à la thèse radicale de l'intégration et prône l'octroi de la nationalité française pleine et entière à tous les habitants.

Les « fellagha » (coupeurs de route) du FLN multiplient les meurtres (notables musulmans favorables à la présence française), Le FLN ne pouvant obtenir la population musulmane en leur faveur, s'en prend aux Européens.

Les massacres de Philippeville, (20 août 1955,) vont faire prendre un tournant à cette guerre. Le 23 août, le gouvernement, maintient sous les drapeaux le premier contingent de 1954, rappel le demi-contingent libéré en avril.

Guy Mollet (socialiste), accédant à la présidence du Conseil en février 1956, annonce des réformes de structure et rappelle Jacques Soustelle. Conspué par la population lors de sa visite à Alger, le 6 février 1956, (la « journée des tomates »), Guy Mollet revient à une politique de répression.

La rébellion.

En avril et mai, les classes 1951 à 1954 sont partiellement rappelées. En juillet 400 000 hommes dont une moitié de musulmans algériens (harkis, tirailleurs...), sont engagé dans le conflit. Cette répression brutale fait basculer dans le camp de la rébellion de plus en plus de musulmans.

Le FLN, à peine cinq cents hommes à la « Toussaint rouge », sont maintenant plus de quinze mille. Il s'en prend aux villes, où vivent la plupart des « pieds-noirs », ce qui ouvre le cycle des représailles aveugles.

Le 10 août 1956, une bombe est déposée dans la Casbah d'Alger par un groupe de pieds-noir (70 morts).

Le 30 septembre, deux bombes déposées par des jeunes femmes musulmanes explosent à Alger (l’une au Milk Bar, place Bugeaud, l'autre à la Cafétéria, rue Michelet).

Le gouvernement désespéré de ces attentats aveugles donne au général Jacques Massu (7 janvier 1957), les pleins pouvoirs de police sur le « Grand Alger » (800 000 habitants dont la moitié de musulmans).

Les parachutistes de Massu, malgré les arrestations, les exécutions sommaires et les tortures, pensent avoir gagné en neuf mois la « bataille d’Alger » ... Mais pas la guerre d’Algérie !

 

Lassitude de l'opinion publique métropolitaine.

Le général Maurice Challe succède (12 décembre 1958), au général Raoul Salan à la tête des forces stationnées en Algérie. Il arrive à anéantir presque complètement les indépendantistes à Alger et dans le djebel (la montagne).

Les chefs du FLN réfugiés à l'étranger n'en poursuivent pas moins leurs actions. L’opinion publique métropolitaine se lasse de la guerre. Le gouvernement, convaincu de l'incapacité de garder au sein de la République l'Algérie, décide de négocier avec les indépendantistes « modérés ».

Le 13 mai 1958, amène au pouvoir le général de Gaulle. Les « pieds-noirs » d’Alger sont inquies. Suite à leur révolte le général leur promet d'une manière évanescente de leur donner satisfaction.

La paix des Braves.

Ne trouvant aucun interlocuteur modéré au sein du FLN, de Gaulle propose la « paix des Braves » le 23 octobre 1958 avant de consentir à l'autodétermination le 16 septembre 1959 sans avoir obtenu une quelconque concession. 

Ce double jeu suscite d'ultimes sursauts de violence dans les deux camps, chez les indépendantistes comme chez les partisans de « l’Algérie française ».

Le 8 janvier 1961 se tient le référendum sur l'autodétermination où 75% des Français approuvent la politique du général de Gaulle. 

 

Le putsch d’Alger

Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français, André Zeller, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et Maurice Challe, tentent de soulever les militaires stationnés en Algérie et les Pieds-noirs, pour maintenir l'Algérie à l'intérieur de la République française. Le putsch, va échouer en quatre jours.

Les accords d’Evain

Après deux années de contacts et de négociations secrètes et 11 jours de pourparlers au bord du lac Léman, les accords d’Évian sont signés par Louis Joxe, ministre français chargé des affaires algériennes et Krim Belkacem, colonel de l’Armée de libération nationale, au nom du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) le 18 mars 1962.

C’est la fin d’une guerre « sans nom » : la « guerre d’Algérie »

Régler le conflit

Le document comporte 93 pages. Il décrète un cessez-le-feu qui rentre officiellement en vigueur le lendemain 19 mars. Le texte prévoit l’organisation rapide d’un référendum afin que les populations "choisissent leurs destins".

Le 8 avril, les Français approuvent à une très large majorité (90,81%) les accords d’Évian.

En Algérie, le référendum d’autodétermination se déroule le 1er juillet 1962 (les Français d'Algérie étant exclus du scrutin). Le "oui" l’emporte à 99,72% des suffrages exprimés. Le 5 juillet, l’Algérie est indépendante.

Préparer l’avenir (texte des accords)

  • "Les relations entre les deux pays seront fondées, dans le respect mutuel de leur indépendance, sur la réciprocité des avantages et l'intérêt des deux parties”, précisent les signataires. 
  • "L'Algérie garantit les intérêts de la France et les droits acquis des personnes physiques et morales dans les conditions fixées par les présentes déclarations. En contrepartie, la France accordera à l'Algérie son assistance technique et culturelle et apportera à son développement économique et social une aide financière privilégiée".
  • La France s’engage ainsi à évacuer progressivement ses troupes et à maintenir son aide économique pendant trois ans, en échange de la préservation de certains de ses intérêts comme la poursuite de l’extraction du pétrole et du gaz par des sociétés françaises.
  • Les Européens restés en Algérie doivent décider soit de rester français soit de demander la nationalité algérienne dans un délai de trois ans
  • Aucun Algérien "ne peut être contraint à quitter le territoire ni empêché d'en sortir" et que la sécurité des personnes et des biens des Français d'Algérie sont garanties.

Le texte inclut des considérations militaires comme la libre disposition de la base navale de Mers-el-Kébir, plusieurs aérodromes algériens, la poursuite des expériences nucléaires, et le maintien de plusieurs dizaines de milliers de soldats français sur le sol algérien.

Réconcilier les mémoires

Le 19 mars n’est pas synonyme de paix pour tous.

Soulagement pour des millions de Français de voir cette guerre cesser, aboutissement de la lutte pour l’indépendance pour les Algériens, ces accords sont également synonymes d’exode et de douleur pour les Français et les Européens d’Algérie (La valise où le cercueil). 

Colère et désillusion pour les partisans de l’Algérie française et les antigaullistes,

Exaspération de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) qui veut garder "l’Algérie française" en multipliant des actions violentes après le 18 mars, sur les territoires algérien et français (Attentat du Petit-Clamart le 22 août 1962).

La guerre se poursuit "pendant des mois", affrontements et exactions (fusillade de la rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962, enlèvements et assassinats de harkis (civils algériens utilisés comme supplétifs de l'armée française) à partir de l'été 1962 et d'Européens à Oran le 5 juillet de la même année.

La date du 19 mars 1962 est pour les 1,5 million de jeunes hommes qui sont allés en Algérie, la fin des épreuves, le retour en métropole dans les familles et son travail.

Les +

La guerre sans nom

Pendant 45 ans, l’État français s’obstine à ne désigner ce conflit que par les termes « d’opérations de maintien de l’ordre ». Il faudra attendre le 18 septembre 1999 pour que l’expression « guerre d’Algérie » soit officiellement adopté par la France.

Le sort des putschistes

Le général de Gaulle qualifie les putschistes d’« Un quarteron de généraux à la retraite »

D’autres généraux ont participé à ce putsch (Paul Gardy, Jacques Faure…), le général Massu, reste à l’écart, après s’être vu proposer le rôle de chef.

Le Haut Tribunal militaire condamne Challe et Zeller à 15 ans de réclusion.

Les généraux l Salan et  Jouhaud s'enfuient et poursuivent leur action au sein de l'OAS.

Arrêté le 24 mars 1962, Jouhaud est condamné à la peine de mort. Sa peine de mort est commuée en peine de détention à perpétuée le 28 novembre 1962, après avoir passé plus de sept mois dans une cellule de condamné à mort.

Salan, (le militaire le plus décoré de France et un état de service de 1914 à 1960), est arrêté le 20 avril 1962, jugé le 15 juin, est condamné à la perpétué.

Sanctions militaires

220 officiers sont relevés de leur commandement, 114 sont traduits en justice. Le groupement des commandos de l'air ainsi que trois régiments ayant pris part au putsch sont dissous par ordre du chef de l'État.

L'état-major d'autres régiments est dissous et reconstitué. Environ un millier d’officier hostiles à la politique du gouvernement ou par solidarité avec les putschistes démissionnent (30% des officiers d’active de l’armée française).

Amnistie

Maurice Challe et André Zeller sont amnistiés et réintégrés dans leurs dignités militaires sept ans sept ans après leur condamnation.

Amnistié en juillet 1968, Edmond Jouhaud, réintègre l’armée et devient le président d’honneur du « Front national des rapatriés ».

Il en est de même pour Raoul Salan, gracié en juillet 1968.

Les généraux putschistes encore vivants son réintégrés dans l’armée (corps de réserve) en novembre1982, par une loi d’amnistie.

 

 

 

 

 

 

 

 

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29 novembre 2018 4 29 /11 /novembre /2018 07:13
Raveton

Précision sur les Ravetons

 

Retour sur le 14earticle des 73 de Varreddes, ‘ blason et ravetons’ du 23 novembre 2010.

Il y a quelques années, suite à cet article, j’ai reçu une précision fort intéressante de monsieur P. Raveton. 

 

Je cite : « Mme Morlet et son professeur Dauzat ont déduit sans recherche que l'étymologie de Raveton devait être "rave". 

En fait, les Ravetons sont Normands, plus précisément autour d'Argentan, vraisemblablement d'origine saxonne. 

La plus ancienne trace est de 1168, voire 1134, à l'occasion d'une donation à une abbaye normande. 


Raveton est composé de 2 termes, le 1er "rave" issu de hraefn qui en vieux norrois (danois) veut dire corbeau, en lien avec la religion des vikings, le second terme "ton" qui veut dire ferme,
maison, en bref le lieu de vie du corbeau.


Les documents prouvent leur existence en Normandie, comme dit plus haut, au XIIème siècle, époque à laquelle l'usage d'un patronyme a été étendu, mais d'après mes analyses, il est fort probable
que les Ravetons soient venus en Normandie beaucoup plus tôt. 

Non pas avec les vikings au IXème siècle, mais vraisemblablement au cours d'incursions anglo-saxonnes. 

Pourrait en témoigner le ruisseau le Raveton qui cerne le camp néolithique à Mérri dans l'Orne où les Ravetons ont été fieffés pendant des siècles. 

Subsistent toujours le château de Raveton à Montabard, ainsi que le manoir de Raveton à Saint Nicolas de Sommaire.

D'ailleurs les Raveton portent "d'azur à une fasce d'argent surmontée d'un léopard d'or" typiquement normand, qui date des Croisades. 


Nous le savons, les légendes ont la vie dure mais souvent ne reposent sur rien. »

Bien à vous et aux Varreddois, est-ce ainsi que l'on vous appelle ?


P. RAVETON

Un grand merci à ce lecteur pour ces précisions

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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 21:15
Varreddes en lumière

Comme dans beaucoup de communes les fêtes de fin d’année sont l’occasion d’illuminer maisons, rues et monuments.

Varreddes n’a pas failli à cette belle tradition.

A cette occasion la commune a éclairé depuis l’intérieur de l’église le vitrail du maître-autel de l’église Saint Arnoul.

En arrivant de Congis ou de Trilport, la luminosité et les couleurs de ce vitrail se détachant dans le noir de la nuit , sont une merveille.

Mais au fait… que représente ce vitrail ?

L’artiste a voulu représenter Jésus, montrant son cœur divin sur la basilique de Montmartre, entouré de saints et saintes dont les membres de la famille donatrice portaient les noms.

A cette époque, il n’était pas rare que les visages des personnages représentés étaient ceux des donateurs et de leur famille.

Ce vitrail a été offert à la paroisse par la famille Duclos-Obron en 1892.

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8 décembre 2015 2 08 /12 /décembre /2015 21:01

Ruelle Bernage

De toutes les issues du village, elle est la plus au sud. Elle commence à l’endroit où se coude la Petite-Rue, puis prend la direction de l’île aux bœufs, laquelle, par là, n’est distante de l’agglomération que de cinq cents mètres.

Ce nom ne peut être que celui d’un propriétaire. Ainsi une Françoise Bernage était religieuse au prieuré de Fontaine-les- Nonnes (paroisse de Douy-la-Ramée), sous la prieure Louise de Marle (1571-1574), c’était la fille de Louis Bernage, avocat au Parlement, qui l’avait dotée de 500 livres et de 40 livres de rente. (Notice sur le Monastère de Fontaine-les-Nonnes, par A. Bonno, édition de 1888 pp. 32-33).

Le nom de famille Bernage était donc connu dans la région au XVIe siècle ; et vraisemblablement, quelque propriétaire de logis, jardin ou coin de terre, dénommé Bernage, fut l’occasion de cette dénomination dans le vocabulaire du village.

La Ruelle bernage portait déjà son nom en 1522. La déclaration faite par Guillaume Charles, le 6 juillet de cette année, des biens de l’Hôtel-Dieu de Varreddes et renouvelée le 9 mai 1618 par Laurent Vernier sur les bases établies en 1522, mentionne : « un quartier de pres assize en prairie de Varreddes, lieu-dit la ruelle Bernage et tenante d’une part sur ladite vieille déclaration a pierre de bois et d’autre à pierre vernon ». (Arch. Comm).

Le nom persiste en 1618. L’article 4369 du terrier rédigé cette année désigne « une maison de deux travées, masure… grand jardin à arbres et herbes contenant en total six quartiers de my tenant a la ruelle Bernage d’un bout, par hault a la rue Boutonneuse…’ (fol.409, recto).

On le retrouve en 1474 (Plan de la Seigneurerie de l’Hôtel-Dieu de Meaux au village de Varreddes). Il s’étendait même à tout un canton : canton de la ruelle Bernage, dix arpents et demy neuf perches 10 a 59 compris dans les 200 arpents 47 perches composant ladite Segneurie..

Ainsi qu’en 1785, dans la légende du Plan du fief du jardin à Varreddes. Un pointillé en rouge y passe de la rue Gabot à la ruelle Bernage, de la ruelle Bernage au chemin du port Lavoir, etc, etc …

Ruelle Bernard

Les cadastres de 1823 et de 1849 ne l’ont point conservé : preuve qu’il était alors tombé en désuétude dans le langage populaire.

Le canton de terre que ce chemin dessert y est appelé « la Ruelle Bernard ».

Seuls les actes notariés emploient l’antique dénomination pour désigner dans les immeubles sis en cette partie du village.

Encore sont-ils hésitants sur la forme authentique ; de concert avec les cultivateurs qui l’utilisent, ils en font « la ruelle Bernard », qui n’a plus avec le terme d’origine qu’une vague consonance.

Chemin du port-Lavoir

Il n’est que la ruelle Bernage prolongée sous ce nouveau nom. Le terrier de 1618 l’a contrefait en l’orthographiant ‘porcq’ (articles 4034 à 4049), puis ‘lavouer’ (prononciation locale des mots terminés en ‘oir’).

Le plan de 1747 lui restitue sa forme authentique port-lavoir (sinuosité de la rivière offrant un endroit propice au lessivage du linge).

Source : bulletins paroissiaux.

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 21:41
Rue Boutonneuse - Betneuse

Rue Boutonneuse

Elle n’est autre que l’actuelle Petite-Rue. Son identification est certaine.

L’article 4347 du Terrier de 1618 (orthographe d’époque) porte comme occupée par la veuve et hoirs Mons. Dupuis : Une grande maison, logis, grange, estable, court, jardin et enclos fermé de murailles, contenant trois arpens trente trois perches eun thiers tenant dune pt à la grande rue qui conduict de l’église au moulin didict Varedds, daue lé à oudin Leriche, Gille Larcher et autres.

C’est le fief de Brianval, occupé par les Dupuis et par Nicolas Vauquelin des Yveteaux (ami des Dupuis), situé à l’angle sud du carrefour où la petite-Rue aboutit à la rue de l’Eglise. Une partie de logis garde encore l’ornementation originale que le poète y avait fait modeler en plâtre. Aux folios 407, 408 recto et verso, 409 recto, la nomenclature continue des logis formant la rangée sud de la rue Boutonneuse (côté des champs, de l’article 4357 à l’article 4369) attenant aux autres.

L’article 4369 (orthographe d’époque) désigne une maison de deux travées, Masure, court et grand jardin, à arbres et herbes, contenant en total six quartiers et demy, tenant d’une part à Jehan Collinet, d’aultre à la ruelle Bernage, d’un bout par hault à ladicte rue Boutonneuse, daue bout par bas aux terres de André Landon. L’attenance à la ruelle Bernage forme surabondance de preuve.

Sous le titre ‘près de l’église et cimetière de Varreddes’ (haut des pages) aux folios 420 (verso), 421 (recto et verso), seize articles (du 4467e au 4482e) donnent la rangée nord des logis de la rue Boutonneuse situés du coté du village.

Quel peut-être le sens de ce qualitatif aujourd’hui exclu du dictionnaire français ?

Du Gange (Glossarium) admet deux sens au nom latin Botones.

  1. Botones : en français boutons, agrafes ou petites boules servant à maintenir les vêtements et fixée sur leurs bords.
  2. Botones mottes de terre rapportées sur la bordure des champs (pour en marquer les limites). D’où le mot bout, signifiant limite, extrémité.

C’est F. Godefroy (dictionnaire de l’ancienne langue française du IXe au XVe siècle) qui fournit la plus vraisemblable signification.

Boutonier ou Boutonnier : Buisson.

Il appuie son affirmation sur les citations suivantes :

1° ‘Planté i a ronces et boutonniers’,

2° « (les femmes sont) un boutonnier poignant et périlleux » (l’Orloge de Sapience)

3° « Rubetum : lieu où sont les buissons ou boutonniers (vocabulaire latin-français, 1487).

Rue Boutonneuse, rue Buissonneuse, tel est le seul sens acceptable, celui qu’avaient en vue les Varreddois des siècles éloignés du nôtre, pour désigner une rue d’aspect champêtre et encore encombrée de bosquets sauvages.

C’est qu’en effet le mot est plusieurs fois séculaire à Varreddes. On le trouve, en 1480, dans une phrase de l’épitaphe du curé Pierre Thibault, qui lègue, entre autres, immeubles, comme garantie de ses fondations pieuses, « un jardin séant en rue boutonneuse et une piesse de vigne à la bosse » ligne 26e et 27e).

Le mot boutonneuse se trouve justement à endroit frustre de la pierre tombale et illisible. Mais on le restitue facilement et de façon certaine en se souvenant que le compte de fabrique de 1706-1708 mentionne parmi les revenus de la fondation Pierre Thibault « vingt-deux sols six deniers – de sept sols six deniers de rente foncière assignée sur maisons et jardins seize a la rue betneuse » (folio.-6 verso).

Les dernières hésitations tombent à la vue de l’espace libre, assez considérable pour l’inscription du mot boutonneuse, ainsi que du « b » initial minuscule dont un jambage gothique se reconnaît aisément.

Rue Betneuse ou Batneuse

Cent ans plus tard, lors de la rédaction du compte de fabrique de 1706-1708, le mot boutonneuse était devenu dans le langage courant Betneuse ou Batneuse, que les gens de l’époque ne comprenaent probablement plus. (Fol.2 recto, ligne 27 – fol.2 verso, ligne 36 – fol3 verso, ligne 37 – fol6 verso, ligne25).

Il y est question d’immeubles situés en ladite rue et dont les revenus étaient possédés par l’église de Varreddes.

Il est actuellement impossible de savoir quand cette désignation tomba dans la désuétude.

Elle était du reste concurrencée dès 1706 par une autre non moins originale : rue Crachemur.

Rue Crochemur

Comme nous l’avons vue au sujet de la rue Betneuse, elle est concurrencée dès 1706 par le nom de rue Crochemur.

Ce mot ne se rencontre pas dans le terrier de 1618, mais on le retrouve couramment au compte de 1706-1708 : fol.4 (recto), ligne 24e ; fol.6 (recto), ligne 15e ; fol.8 (recto), ligne 4e.

F. Godefroy (dictionnaire) explique que l’infinitif ‘crochir’ signifie devenir crochu. Crochois, chemin détourné, ajout-il, fournissant pour exemple une ligne du roman de Renart : « S’il voit ne sente ni crochois »

La Petite-Rue réalise bien cette explication puisque, vers son milieu elle tourne en angle obtus.

Il n’y a sans doute point d’autre raison qui ait occasionné ce nouveau nom.

Rue Cloche-murs

Le plan de 1747 considère la Petit-Rue comme une prolongation du Gabot : ‘Rue Cloche-Mure ou du Gabot’

Clochemure n’est qu’une déformation du mot ‘Crochemur’ et provient de la prononciation défectueuse (en L) de la consonne R.

Le dessinateur du plan, étranger au village, a porté les noms de rues et lieux-dits tels qu’il les a entendu articuler par les habitants.

Petite-Rue

Cette appellation se rencontre au compte de 1706-1708 : ‘dix-huit perches de jardin seise a la petite Rue sous Varreddes’ (fol.9 recto, ligne 30e et 31e), ainsi qu’au plan de la ferme de Brianval (1757).

On la retrouve en 1793 (22 frimaire, livre de greffe), dans un procès-verbal dressé contre les auteurs d’une rixe survenue ’dans la Petite Rue’, la veille au soir, sur les neuf heures et demy, entre jeunes allant de veil en veil (Veil ou veille ou veillée dans les étables durant les soirées d(hiver).

Depuis, elle est restée en usage et a évincé les expressions Boutonneuse, Crochemur et Cloche-Murs.

Ce n’est pas que cette voie soit moins longue que les autres : mais sa largeur est vraiment réduite et ses trottoirs d’une étroitesse notoire.

C’est la seule rue avec celle de l’Echauderie à n’avoir pas été classée par l’administration des Ponts et Chaussées, elle resta, en quelque sorte, déshéritée, jusqu’au jour où les possibilités financières municipales lui assurèrent l’empierrement cylindré et le goudronnage (1937).

Source : bulletins paroissiaux.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 21:09
rue de Boyenval

rue de Boyenval

Rue du Moulin (2)

Les Varreddois avertis parlent encore du moulin de Varreddes comme d’un souvenir complètement périmé. Mais on ne nomme plus la Rue du Moulin.

Rue de l’Eglise

Pourtant, il y avait en cette rue mieux qu’un moulin. L’Eglise, principal édifice du village, s’y élevait sur l’emplacement affecté au culte dès les tout premiers temps de l’organisation temporelle de la paroisse. Les marguilliers de 1706 s’en sont souvenus et ont nommé dans leur compte la Rue de l’Eglise. Mais en dépit de sa valeur de monument plusieurs fois réédifié en de vastes proportions et avec un évident souci architectural, elle a moins frappé les villageois plus immédiatement intéressés par la nécessité de subir l’exercice d’un droit féodal atteignant le pain quotidien.

Depuis la suppression du Moulin de Varreddes, une nouvelle désignation s’est imposée du fait de la présence, en cette rue de l’antique et remarquable église, cœur du vieux Varreddes.

En 1937, on a officiellement gardé l’appellation Rue de l’Eglise qu’il eut été difficile de modifier, et qui existait déjà aux cadastres de 1823 et 1849.

Rue du Boyenval

Avant de quitter ce quartier (Rue du Moulin, rue de l’Eglise), il convient de situer le fief de Brianval, résidence du Varreddois d’occasion Nicolas des Yveteaux, désignés au terrier de 1618 comme propriété des Dupuis. L’appellation populaire Boyaval existait déjà dans le premier quart du XVIIe siècle (Terrier de 1618, art. 441, 442, 443, 447, 489, 490 : pièces de terre situées derrière le cloz de boyaval… au lieu des arches soubz Vareddes du costé du Boyaval).

On peut sans doute, lui attribuer une existence immémoriale. L’orthographe authentique se trouve dans l’acte de fondation de trois messes de Requiem par Adam Dupis, sieur de Roquement et de Brienval, ami et héritier de Nicolas Vauquelin -1666- cité par Piganiol de la Force. Description de la France, T. III, p. 350, et par Michelin, Essais historiques sur le département de Seine et Marne, arrondissement de Meaux, p. 1078.

Le plan de la ferme de Brianval de Varreddes, appartenante à l’Abbaye royale de Notre-Dame de Meaux, en l’année 1757, apporte la modification d’une voyelle.

L’ensemble y est morcelé en cinq lots : A, B, C, D, E. L’arrentement du lot B, consenti à Eloy Butel, le 7 août 1757, orthographie lui aussi Brianval avec deux a. Le cadastre de 1823 revient à la déformation populaire Boyenval, avec nouvelle modification.

S’il est actuellement impossible de retrouver le sens authentique d’origine du mot Brienval, du moins on identifie sans erreur possible le fief de ce nom avec la ferme située au point de jonction de la Petite Rue et de la Rue de l’Eglise (voir rue Boutonneuse). Brianval, Boyenval et Boyaval sont toujours en usage chez les vieillards, mais avec tendance à l’oubli chez les jeunes.

Quoi d’étonnant à cela ? Les motifs modelés (actuellement dans une écurie) exécutés sur les indications du poète ami d’Henri IV, restent ignorés du public. D’autre part, nul ne s’attarde à déchiffrer dans l’église de texte de l’épitaphe de Nicolas ; on ne consulte pas d’avantage le cadastre de 1823 (annulé par des plans plus récents) sur lequel la Rue de Boyenval se trouve portée comme prolongeant la Rue de l’Eglise et conduisant au Chemin du Moulin.

Les générations futures ne connaîtront sans doute plus ni Brianval ni Boyenval.

Quartier Latin

Volontiers, les habitants des rues éloignés de l’église appliquent encore cette désignation à son voisinage immédiat.

Remonterait-elle au XVIe siècle, époque de la diffusion, en certains coins de la Brie, de la religion dite réformée dont les préférences allaient aux cérémonies en langue vulgaire ? (En français et non en latin). C’est bien possible. En ce cas, elle laisserait entendre qu’une scission d’ordre confessionnel aurait alors divisé Varreddois de différents quartiers.

Le Paulmier, dans son ouvrage sur Ambroise Paré (Paris, Perrin, 1887), cite le fait du Varreddois Simon Piètre, doyen de la Faculté de Médecine de Paris (1564), devenu protestant, caché dans l’abbaye de Saint-Victor pendant la Saint-Barthélemy (1572) et sauvé ainsi du massacre (pp. 79 – 109). Il n’était peut être pas le seul habitant de Varreddes passé à la réforme.

Peut-être aussi l’expression est-elle née (par imitation d’une coutume parisienne) de ce fait qu’avant 1692 les enfants recevaient l’instruction primaire dans un local immédiatement voisin de l’église et du cimetière ( C’est en 1692 que Bossuet procura aux jeunes filles du village la maison d’école sise Rue Neuve, et ce n’est qu’en 1850 que la jeunesse masculine abandonna le Quartier Latin pour les nouveaux locaux scolaires de la rue Victor-Clairet).

Le maître d’école, en même temps clerc paroissial, familiarisé avec la lecture des textes latins qu’il était appelé à chanter au lutrin, n’enseignait-il pas aux élèves la lecture du latin ?

On ne pouvait omettre ici le rappel de cette pittoresque appellation dont personne, actuellement, ne connaît le sens et l’origine, et qui n’est pas encore tombée dans l’oubli. A défaut de meilleure explication, aucune des deux suppositions émises plus haut n’est pourvue de fondement.

Source : bulletins paroissiaux.

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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 20:15
Rue du Moulin (1)
  1. Rue du Moulin

L’appellation Rue du Moulin est antérieure à l’appellation Rue de l’Eglise.

Le registre Terrier de 1618 désigne ainsi cette rue, parce qu’elle aboutissait au moulin banal qui antérieurement à 1790, était, de temps immémorial, propriété de l’Evêque de Meaux et fonctionnait au profit de ce dernier sur la rive droite de la Marne (art. 4334, 4335, 4336, 4338, 4339, 4340, 4345, 4347, 4366, 4367).

Car c’est bien de temps immémorial qu’il tournait, en vertu des droits que la féodalité conférait audit Evêque en sa qualité de seigneur temporel du village de Varreddes*, et que l’on trouve minutieusement recensés au Cartulaire de Meaux (tomme II, p. 197) sous le titre revenus de l’Evêché ; ‘personne ne peut posséder four ou moulin particulier au village de Varreddes en dehors de l’Evêque, tous les habitants y sont astreints à s’adresser au four et au moulin de l’Evêque, par droit de banalité.’

L’expression Rue du Moulin était vraisemblablement millénaire à la chute de l’ancien Régime.

Depuis le milieu du XIXe siècle, les roues du moulin de Varreddes sur la Marne sont enlevées. Seul, un pan de mur (angle de bâtisse ou support d’un tourillon d’essieu) érige sa ruine sur l’île dite du Moulin, entre Marne et Brasset, indiquant que là fut jadis un édifice, intriguant d’autant plus que le promeneur que le logis du meunier a été converti en maison de plaisance et les dépendances du moulin rasés. Les Varreddois avertis parlent encore du moulin de Varreddes comme d’un souvenir complètement périmé. Mais on ne nomme plus la Rue du Moulin. (Source : bulletins paroissiaux.).

*A propos des droits que la féodalité conférait audit Evêque en sa qualité de seigneur temporel du village, l’abbé Frédéric-Auguste Denis, enfant de Varreddes né en 1817, chanoine, directeur des religieuses de la Visitation, professeur au séminaire, historien, archéologue… de plus, administrateur de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Meaux, avec la fonction de bibliothécaire archiviste, avait donné à la tribune de cette société, entre 1874 et 1880 une série de vingt-deux conférences sur l’agriculture de Seine et marne depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’époque où il concluait.

Lors de sa conférence du 4 février 1876, voici ce qu’il disait au sujet des redevances dues à la seigneurie épiscopale à Varreddes, Villenoy, Etrépilly et Germigny, qui s’appelaient les filles de l’évêché : ‘Tous ceux qui demeurent dans le village, soit hommes de corps, soit hôtes de n’importe quel suzerain, doivent la taille à l’évêque ; de plus, ils doivent la corvée de tous les animaux qu’ils attellent à la charrue, à savoir : deux jours en mars ; deux aux jachères ; deux aux binailles ; une aux tierçailles ou troisième façon donnée à la terre et une aux couvrailles ; et tout cheval qui s’attelle à une charrue doit conduire à Meaux trois setiers de blé et tous les foins du Saussoy, et aussi des pierres au moulin. Le maire seul est quitte de toute corvée.

Tous ceux qui ont des charrues, comme ceux qui n’en ont pas, doivent une journée de travail dans le clos de l’évêque pendant le carême, et ceci doit d’entendre de toute maison. A défaut d’homme, c’est la femme qui est redevable de la journée’.

Je laisse de côté les redevances en poules, œufs, etc… qui étaient dues à certaines époques de l’année.

« Nul ne peut avoir de four ni de moulin dans le village, si ce n’est l’évêque. Tous les habitants quel que soit leur seigneur, sont tenus d’aller au four banal et au moulin banal ».

D’après le même cartulaire du chapitre, voici le règlement qui était en suivi pour le moulin banal :

« Le meunier doit prendre, de la Nativité du Seigneur à la fête de saint Jean, un boisseau ras par setier quil moud, et un boisseau comble pour trois mines.

De la fête de saint Jean à la Nativité du Seigneur, il doit prendre un boisseau par setier et deux boisseaux ras pour trois mines. Quatorze combles doivent faire un setier ».

Ainsi, la rétribution du meunier était fixée au quatorzième pendant six mois de l’année et à un peu moins pendant les six autres.

Dans son introduction au cartulaire de Notre-Dame de Paris, M. Guérard, nous apprend que les seigneurs étaient obligés de construire un moulin dans les villages de leur dépendance, et aussi d’y mettre un fournier, lequel devait chauffer le four avec le bois que lui procuraient les habitants. Ceux-ci devaient aller moudre à ce moulin et donner pour la mouture une quantité déterminée de grains.

Mais, si dans l’intervalle d’un jour et d’une nuit, ils ne trouvaient pas place au moulin, ils avaient la faculté d’aller moudre autre part.

Même règle pour le four banal et le pressoir banal.

(Source : F-A. Denis ; lectures sur l’histoire de l’agriculture en Seine-et-Marne édit. ; Presse du Village. 1982)

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 20:18
Nom des rues en 1838

Nom des rues en 1838

Les articles immanents du travail monumental effectué par le Père Dubois, ancien curé de Varreddes.

Les textes des bulletins paroissiaux sont intégralement reproduit sans aucune modification ; seules les illustrations ont été ajoutées.

Les cartes postales proviennent de la collection privée de Monsieur Jean-Marc Moreau de Varreddes.

Les photographies des rues actuelles sont de Monsieur Dumont ou personnelle.

Le tableau ci-dessous donne la liste des noms appliqués à chacune des rues suivant l’ordre chronologique.

  1. Rue du Moulin ; rue de l’Eglise ; Rue Boyenval ; Quartier latin.
  2. Rue Boutoneuse ; rue Betneuse ou Batneuse ; rue Crochemur ; rue Cloche-Murs ; Petite-Rue.
  3. Ruelle Bernage ; ruelle Bernard ; Chemin du Port-lavoir ; puis du Père-Lavoie ; ruelle Jarry, ruelle de la Goulotte.
  4. Rue du Four
  5. Rue au Prêtre ; Chemin de la Couture-l’Evêque ; rue du Cimetière ; Chemin de Congis ;rue des Otages.
  6. Chemin des Tournelles.
  7. Rue de l’Echauderie.
  8. Rue Neuve.
  9. Ruelle d’Aulnaie.
  10. Rue du Gabot ; rue de l’Echelle ; rue Moreau-Duchesne.
  11. Rue d’Orsoy.
  12. Ruelle de la Noue-Dîmeresse.
  13. Rue du Paroy
  14. Ruelle du Côteret ; ruelle du Châtelet ; ruelle des Oysons ; ruelle Fucaille ; ruelle du Pressoir.
  15. Grande Rue ; rue de Lizy ;rue de la Ferté-Milon ;route Nationale ;Le Pavé ; rue Victor-Clairet
  16. (Divers) Le Bout d’en-Haut ; ruelle d’Etrépilly ; La Grande Place ; Place de la Mairie ;
  17. Rue de Tournoye ; rue de la Latache ou l’estache ; ruelle Jean Piettre ; Chemin de la Fontaine ; Chemin de la Bosse.
  18. Rue du Bourreau ; Chemin de la Bosse ; Chemin du Bourreau.
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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 21:43
Les odonymes de Varreddes

Comme dans tous nos vieux villages, les noms de rues de Varreddes apportent aujourd’hui un relent moyenâgeux.

Avant de décrire environ 54 rues de notre village, il convient de faire un rappel sur l’histoire des noms de rues.

C’est au Moyen Âge, qu’apparaissent les premiers noms de rues (appelé également odonyme ou odonyme).

A cette époque les noms de rues sont fonctionnelles ou font partie de l’univers social, naturel, géographique (rue de l’église, place du marché, ruelle de la goulotte, etc…)

Au XVIIe siècle, la dénomination fonctionnelle fait place aux personnages politiques, artistes ou notables (Place Turenne, rue Molière, etc…)

La Révolution arrive… les rues sont souvent débaptisées pour laisser place aux valeurs des idéaux du moment (rue de la Fraternité, Place de la Nation, impasse de l’Egalité, etc…)

Sous l’Empire, les grandes victoires de l’Empereur sont honorées ainsi que les généraux (Place d’Austerlitz, rue de l’Empereur, rue du Maréchal Soult, etc…)

Quelques décennies plus tard, en l’honneur de l’Alsace et de la Moselle (dit Alsace-Loraine) perdues lors de la guerre de 1870, les rues, places et boulevards ‘Alsace-Lorraine’ sont légions.

Avec la révolution industrielle ce sont les odonymes ‘des Corons’ qui fleurissent dans le Nord.

Avec le XXe siècle, les noms de rues n’ont plus de nomenclatures précises. On retrouve un mélange de toutes tendances, historiques ou politiques, selon les municipalités du moment, cependant certains odonymes font le consensus sur l’ensemble du territoire (Place De Gaulle, rue de la Libération, rue du 11 novembre 1918, etc…)

Si les noms de rues datent du Moyen Âge, il n’était toutefois pas facile de s’orienter, ni de trouver une adresse lorsque l’on était étranger à la cité, c’est seulement en 1728 que le lieutenant de police de Paris ordonne de clouer sur la première et la dernière maison de chaque rue, une plaque portant son nom écrit en noir sur fond jaune, l’année suivante par une pierre gravée dans le mur.

Il faudra attendre 1805 pour que les numéros apparaissent sur les portes des habitations et 1844 pour voir les fameuses plaques bleues à lettres blanches.

* Odonyme (ou hodonyme), du grec hodos ( la route) est le nom d’un lieu qui se réfère à une voie de communication : une rue, une route, une place, un chemin, une ruelle, une avenue etc.

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 20:36
Le Cénotaphe du Père Fossin

Le corps du curé de Varreddes ayant disparu, un cénotaphe fut mis au cimetière du village et voici ce qu’écrivait ‘Autour du Clocher’, revue des années après la Grande Guerre :

A l’issue de l’article 10 du décret du 26 avril 1924, tous les journaux de la région ont reproduit l’inventaire officiel des sépultures dont la conservation présentait un intérêt d’art ou d’histoire.

Bien qu’en retard sur eux de quelques semaines, ‘Autour du clocher’ doit à la mémoire de l’abbé Fossin, curé de Varreddes, emmené comme otage et massacré par les Allemands en 1914, de mentionner le classement du monument funéraire destiné à le sauver de l’oubli.

La désignation indiquait : « Statue tombale de l’abbé Fossin otage des Allemands en 1914. »

L’idée de cette pierre tombale est due à un groupe d’amis que le père Fossin avait à Paris.

Son exécution fut confiée au sculpteur Ernest Dubois, l’auteur du monument Bossuet inauguré dans la cathédrale de Meaux en octobre 1911.

L’artiste a représenté son héros en grandeur naturelle vêtu de la soutane, couché sur le dos, au moment où les balles allemandes viennent de l’abattre.

Pour symboliser la cause pour laquelle on lui a infligé la mort, il a placé sa main droite sur la hampe d’un drapeau français dont les plis enlacent son corps.

Après différentes pérégrinations, le monument en pierre blanche demi-dure, fut exposé au Grand Palais à Paris en 1923 à l’occasion du Salon de la sculpture.

Placé alors sur un soubassement de 0,80 mètre de hauteur, garni de tenture, il a été très remarqué avant de rejoindre son lieu de destination définitive à Varreddes.

Beaucoup de paroissiens émettaient le désir qu’il fût placé dans l’église, mais les circonstances de l’époque ne favorisèrent pas cette manière de voir.

Le monument fut donc déposé au cimetière communal contigu à la route de Congis par laquelle fuyait la colonne des otages dont faisait partie le curé.

La municipalité de Varreddes a spontanément offert pour l’y recevoir, une concession à perpétuité au milieu du groupe des concessions militaires.

Ce gisant a été enduit d’un bronzage vernissé, qui lui donne une patine prématurée, et peut-être en préservera le matériau trop fiable, de l’atteinte des intempéries.

Aujourd’hui ce gisant a disparu. Nous serions vous dire dans quelle circonstance, a-t-il été volé ? a –t-il été enlevé par les Allemands lors de la 2ème guerre mondiale ? On ne sait.

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