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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 21:56
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise (Isodore Pills, 1849, musée de l'histoire de France-Château de Versailles

La scène se passe le 24 avril 1792 chez le baron Philippe-Frédéric de Dietrich, maire constitutionnel de Strasbourg.

 

Réuni dans son salon avec quelques notables et amis, dont Rouget de Lisle, l'effervescence est à son comble. En effet cinq jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l'Autriche.

Issu d'une grande lignée de maîtres de forges. Patriote, ami de Lafayette, Il s'adresse à un jeune officier de son état et violoncelliste à ses heures, Joseph Rouget de Lisle. « Monsieur de Lisle, vous qui parlez le langage des Dieux, vous qui maniez la harpe d'Orphée, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation », lui aurait-il demandé. 

 

Le capitaine de garnison, de retour chez lui, se met au travail.

Pour les paroles, il s’inspire d'une affiche de la Société des Amis de la Constitution intitulée « Aux armes, citoyens ! L'étendard de la guerre est déployé... » et d'une ode de Boileau. Pour la musique, certains prétendent qu'il aurait repris l'air de la Marche d'Assuérus d'un certain Lucien Grisons ; d'autres penchent pour un autre contemporain, le violoniste italien Giovanni Battista Viotti ; d'autres enfin pour le premier mouvement du concerto N° 10 pour deux pianos de Mozart (Koechel 365), composé en 1779.

Le lendemain 25 avril, Rouget de Lisle donne à entendre son œuvre au lieutenant Masclet puis à de Dietrich. L'un et l'autre sont conquis... Le soir même, de Dietrich organise un dîner au cours duquel lui-même reprend le chant, accompagné par une dame au clavecin et par Rouget de Lisle au violon.

 

Baptisé Chant de guerre pour l'Armée du Rhin, ce nouveau chant patriotique apparaît moins cru que les chants traditionnels des sans-culottes comme la Carmagnole ou le Ca ira. Cela lui vaut un succès fulgurant. De Strasbourg, des voyageurs colportent les paroles et l'air dans toute la France.

À Marseille, où des volontaires se préparent à se rendre à Paris en juillet 1792 pour combattre l'invasion, on distribue à ceux-ci des feuillets avec les paroles du chant patriotique. Les fédérés marseillais entonnent celui-ci tout au long de leur voyage et lors de leur entrée dans la capitale. Les parisiens donnent à ce chant, le nom de Marseillaise, nom définitif.

Le chant des Marseillais scande quelques semaines plus tard la charge des soldats de Valmy. Il devient selon le mot de Servan, ministre de la Guerre, le « Te Deum de la République ! ». Aux six couplets de Rouget de Lisle, le librettiste Gossec en ajoute un septième (la « strophe des enfants ») en octobre 1792 à l'occasion d'une représentation à l'Opéra de L'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais.

 

Le premier hymne national

La Marseillaise est décrétée chant national en 1795 par la Convention le 26 messidor An III (14 juillet 1795) ... mais elle tombe en défaveur sous le Consulat et l'Empire. Elle revient brièvement en vogue pendant les Cent-Jours, en 1815, quand Napoléon Ier, de retour de l'île d'Elbe, sollicite le soutien des anciens révolutionnaires.

Lors des révolutions de 1830, en France et en Belgique, puis de 1848, dans l'ensemble du continent européen, la Marseillaise reçoit une consécration internationale (avant d'être plus tard supplantée par l'Internationale).

À Paris, elle est figurée par un bas-relief du sculpteur François Rude, sur l'Arc de Triomphe de la place de l'Étoile, intitulé en vérité : « Le départ des soldats de l'An II ».

Le chant devient hymne national de la France le 14 février 1879, quand triomphe la République.

Avec la Marseillaise, c'est la première fois qu'un peuple se reconnaît dans un hymne. Alphonse de Lamartine, (L'Histoire des Girondins), écrira : « Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l'imprécation de la fureur. Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victimes à l'échafaud. Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat et égorge les victimes dans la main du bourreau ».

 

Des héros mal récompensés !

Dietrich fut fort mal récompensé de son patriotisme car il finit sur la guillotine quelques mois plus tard. Joseph Claude Rouget de Lisle échappa au même sort grâce à la chute de Robespierre. Il s'engage alors dans l'armée comme commandant et, au côté de Hoche, repousse à Quiberon un débarquement de royalistes.

L'historien Jean Tulard lui prête une relation amoureuse avec Joséphine de Beauharnais, ce qui contribuera au rejet de La Marseillaise par Bonaparte !

Revenu à la vie civile dès 1796, Rouget de Lisle s'établit près de Lons-le-Saulnier, sa ville natale. En 1815, par opportunisme, il soumet à Louis XVIII un nouvel hymne simplement intitulé Vive le Roi ! mais le souverain le dédaigne.
C'est seulement sous le règne de Louis-Philippe Ier, monarque conciliateur, qu'il va être honoré d'une pension. Ses cendres seront transférées aux Invalides le 14 juillet 1915, pendant la Grande Guerre.

 

Source : Fabienne Manière, les amis d’Herodote

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