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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 22:50
Photo: Légifrance

Un certain 21 avril 1944

Il y a 80 ans, les femmes obtenaient le droit de vote en France. Alors que la France a été l’un des premiers pays à instaurer le suffrage universel masculin (1848), ce droit n’est étendu aux femmes qu’en 1944.

 

Un peu d’histoire

Les premières revendications féministes émergent à la Révolution française, notamment sous la plume de Condorcet qui se prononce pour le vote des femmes dans un article du « Journal de la société de 1789 ». Mais son projet de conférer aux femmes des droits civiques n’aboutit pas.

En réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, du 26 août 1789, Olympe de Gouges, femme de lettres et égérie politique rédige en 1790, une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » (Article 10). Le texte d’Olympe de Gouges est refusé par la Convention. Son texte tombe dans l’oubli et il faut attendre 1986 pour que l’écrivaine Benoîte Groult le fasse connaître dans son intégralité.

Le Gouvernement provisoire de la IIe République instaure le « suffrage universel » masculin, le 5 mars 1848.

 

En 1904 est créée « L’Alliance internationale pour le suffrage des femmes », et en 1914 un plébiscite féminin organisé par les suffragistes réunit 505 972 oui pour le vote des femmes.

Après avoir durement travaillé pour remplacer les hommes partis au front durant la Première Guerre mondiale, en 1919, les femmes réclament le droit de vote. La Chambre des députés adopte alors pour la première fois une proposition de loi instaurant le vote des femmes, par 329 voix contre 95. Mais le Sénat refuse d’examiner cette proposition de loi (par 156 voix contre 134). Ce rejet se renouvellera en 1925, 1932 et 1935.

 

Le 4 juin 1936, alors même qu’elles ne sont ni électrices ni éligibles, Léon Blum nomme trois femmes sous-secrétaires d’État : Cécile Brunschvicg à l’Éducation nationale, Suzanne Lacore à la Santé publique et Irène Joliot-Curie à la Recherche scientifique.

Le 30 juillet 1936, la Chambre des députés se prononce à nouveau pour le vote des femmes, par 495 voix contre 0. Mais le Gouvernement s’abstient, et le Sénat encore une fois n’inscrit pas ce texte à son ordre du jour.

 

Le 23 juin 1942, le général de Gaulle déclare : « Une fois l’ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée nationale qui décidera souverainement des destinées du pays. »

Au sortir de la seconde guerre, c'est la participation des femmes à la résistance qui va être un argument de poids en faveur du vote féminin : on ne peut pas refuser des droits politiques à des femmes qui se sont battues contre les nazis.

Le Sénat, qui bloquait jusqu’alors toute évolution, n’existe plus. Il aura fallu ces circonstances très exceptionnelles pour que les Françaises puissent voter grâce à l’ordonnance du 21 avril 1944.

 

Le droit de vote aux femmes, une proposition communiste

Si c’est bien le général de Gaule lui qui a signé l’ordonnance du 21 avril 1944 instaurant le droit de vote des femmes, cette décision n’a pas été prise par lui tout seul, mais collégialement par l’assemblée consultative d’Alger, par un vote.

La proposition d'étendre le droit de vote aux femmes est d'ailleurs avancée par un communiste, Fernand Grenier. Au départ, le texte ne prévoyait que d'instaurer l'éligibilité des Françaises. Fernand Grenier propose d'y ajouter le droit de vote. Cela donnera (article 17) : « Les femmes sont éligibles et électrices dans les mêmes conditions que les hommes ». Le texte est voté par 51 voix contre 16. Les femmes deviennent enfin électrices et éligibles, comme les hommes. 

 

Les Françaises votent donc pour la première fois les 29 avril et 13 mai 1945, à l’occasion des élections municipales.

Quelques mois plus tard, le 21 octobre 1945, elles participent au référendum et aux élections à l’Assemblée constituante organisés simultanément par le général de Gaulle.

À la question du référendum, « Faut-il une nouvelle Constitution ? », les Françaises et les Français se prononcent à plus de 96 % pour l’abandon des institutions de la IIIe République et l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Sur un total de 586 représentants, 33 femmes sont élues à la première Assemblée constituante.

 

La longue marche vers l’égalité

La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu’aux hommes.

En Australie, les femmes peuvent voter depuis 1901. La Finlande a emboîté le pas en 1906 suivis par la Norvège en 1913, le Danemark en 1915 puis l’Allemagne en 1918. En 1920, ce sont les Etats-Unis qui autorisent le vote pour les femmes et le Royaume-Uni le rend accessible en 1928.

 

La France mauvaise élève sur les droits des femmes

En comparaison avec d’autres nations, la France a fait pendant longtemps office de mauvaise élève sur la question des droits des femmes et de l’accès au vote. Madeleine Braun sera la première femme élue vice-présidente de l’Assemblée nationale en 1946, Marie-Madeleine Dienesch la première femme présidente de commission en 1967, et Denise Cacheux la première questeure en 1986.Il faudra attendre 1965, soit vingt ans après l’obtention du droit de vote, pour que les femmes puissent ouvrir un compte bancaire et exercer un emploi sans le consentement de leur mari. 

 

Au mitan des années 2010 grâce aux lois sur la parité, la représentation des femmes plafonne à 38,7 % à l’Assemblée, 36 % Sénat et on n’en compte que 22 % parmi les maires.

La longue marche vers l’égalité a été lente et rude : le vote était une chose, le rôle en politique en était une autre.

C’est d’ailleurs au général de Gaulle que l’on attribue la fameuse injonction méprisante : « Un ministère de la Condition féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat au Tricot ?» 

Le même homme qui a accordé aux femmes le droit de vote.

 

 

Sources : Légifrance – Chemins de mémoire - Libération

 

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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 17:21

Facile à collecter, difficile à frauder, la TVA présente une grande simplicité de gestion

Dès la fin des années 60, les gouvernants français songèrent à manipuler la TVA pour remédier à une crise du commerce extérieur et des finances publiques en évitant d’avoir à dévaluer la monnaie.

 C’était la « TVA sociale » avant l’heure... un mythe vieux de quarante ans

 

À l’issue des événements de Mai 68 et des accords de Grenelle entre le gouvernement et les syndicats, la France se trouve quasiment acculée, à l’automne 1968, à une dévaluation que le général de Gaulle refusa, notamment sur le conseil d’un commissaire européen nommé Raymond Barre qui fut l’un des seuls à la déconseiller.

À la place de cette dévaluation, le gouvernement de (1er ministre Maurice Couve de Murville) décide une hausse de 2,5 points de la TVA compensée par la suppression de la taxe sur les salaires !... 

(Les banques, qui avaient obtenu en 1965 à ne pas être assujetties à la TVA, conservèrent en bonne logique la taxe sur les salaires. Elles n’ont de cesse désormais de la dénoncer et d’en réclamer la suppression, oubliant que celle-ci devrait alors être compensée par un assujettissement des intérêts bancaires à la TVA).

 

La conséquence attendue de cette double mesure (hausse de la TVA et suppression de la taxe sur les salaires) : les produits importés, qui supportent la TVA, devaient voir leur prix augmenter ; les produits fabriqués en France devaient quant à eux rester au même prix en France, la hausse de la TVA étant compensée par la baisse des coûts salariaux ; par contre, ils devaient être moins chers à l’exportation du fait de cette baisse des coûts salariaux.

Le gouvernement de Couve de Murville inventait ainsi la « TVA sociale », un substitut à la dévaluation de la monnaie... L’effet fut pour le moins insuffisant puisqu’une dévaluation dut quand même être consentie en août 1969 par le nouveau président Georges Pompidou.

Au début des années 1980, le patronat français plaida à nouveau pour une augmentation de la TVA associée en contrepartie à une baisse des charges.

 

À la demande du gouvernement, l’inspecteur des finances Henri de Castries (futur patron d’AXA) fit une simulation d’où il ressortit que les avantages à en attendre étaient minimes au regard des inconvénients et des risques : gain minime sur les coûts de production ; prix à la hausse sur les produits et services non soumis à la concurrence étrangère ; report des consommateurs vers les importations à bas prix ; prime aux banques, aux fraudeurs et aux petits entrepreneurs qui ne paient pas de TVA... Cette « fausse-bonne idée » tomba dès lors aux oubliettes...

 

Un outil au service de la communication politique

En 2023 les entreprises soumises à déclaration mensuelle de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ont généré́ un montant de TVA, hors reports de crédits, de 202,5 milliards d’euros, contre 195,9 milliards d’euros en 2022, soit une augmentation de 3,4 %.

Par son importance dans la fiscalité et sa simplicité de prélèvement, elle est devenue une variable d'ajustement chérie par tous les gouvernements. En fonction des circonstances politiques du moment et des pressions de telle ou telle catégorie socio-professionnelle, ceux-ci ont vite fait de dégainer un changement de taux, la création d'un nouveau taux ou une extension des exemptions de TVA.

 

La France détient ainsi le record mondial du nombre de taux de TVA (cinq en 2014 : 0%, 2,1%, 5,5%, 10%, 20%), ce qui contribue à rendre un peu plus illisible la fiscalité nationale et altère l'excellente invention du « prince de l’esprit » Maurice Lauré.

En 2023, la TVA se calcule selon quatre taux : normal de 20 % (vente de biens et services), intermédiaire de 10 % (transport, hébergement), réduit de 5,5 % (produits de consommation) et particulier de 2,1 % (médicaments, audiovisuel). Elle est facturée aux consommateurs sur les produits et les services qu'ils achètent.

 

Impôt indolore, impôt menaçant…

L’avantage de cette invention française est que cet impôt est d’apparence indolore, facile à récolter et surtout très facile à modifier, comprenez à augmenter pour combler les déficits entre-autres… et créer d’autres types de TVA… comme la TVA sociale.

A la fin des années 1980, le Premier ministre Michel Rocard instaure la Cotisation sociale généralisée (CSG).

Ce nouvel impôt se distingue de l’impôt sur le revenu par ce qu’il est prélevé à la source sur tous les revenus ; son taux est fixe et non progressif ; il est surtout épargné par les niches fiscales de toutes sortes qui n’en finissent pas de plomber la progressivité de l’impôt sur le revenu.

 

Pierre Bérégovoy, alors ministre des finances s’opposait à ce nouvel impôt qui lui paraissait trop facile à collecter et à augmenter, et risquait ainsi de supprimer toute incitation à la maîtrise des dépenses sociales. Tel a bien été le cas puisque le taux de la CSG, d’abord à 1,1%, atteint désormais 13,5% avec ses compléments de la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), du prélèvement social et des contributions additionnelles destinées notamment à financer le RSA (Revenu de Solidarité Active).

 

Nicolas Sarkozy, président de la République française, a repris à la veille des élections présidentielles de 2012 l’idée d'une « TVA sociale ». Elle consiste à augmenter d’un à deux points les taux de TVA et à redistribuer le surplus de recettes fiscales en diminuant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires. En théorie, cela doit aboutir à augmenter le coût des importations et diminuer celui des exportations, soit à réduire le déficit commercial du pays.

Mais il a reculé devant l'impopularité de la mesure et son caractère inflationniste. Au demeurant, l’expérience mitigée de Couve de Murville en 1968 a montré que la « TVA sociale » n’avait pas d’effet probant sur le déficit commercial

 

Pour finir l’article sur la TVA, les États-Unis sont l’un des rares pays à ne jamais s’être laissé séduire par la TVA. Les taxes locales à la consommation y sont toujours en vigueur et varient selon les États. Les prix sont pour cette raison affichés hors taxe, la taxe étant ajoutée à la caisse.

La raison est que le Sénat américain n’a jamais voulu consentir à l’État fédéral un impôt aussi facile à collecter et à augmenter.

 

 

Sources : France Ouest – Les amis d’Hérodote – impôts.gouv.

 

 

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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 21:11

Le 10 avril 1954 (70 ans),  l’Assemblée nationale vote la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).

Jusque dans les années 1950, les marchandises étaient affectées d’une taxe à la consommation dont le taux était calculé sur le prix de vente total. Ces « impôts indirects » dérivaient des anciennes taxes sur le tabac, le sel et l'alcool que le Premier Consul Napoléon Bonaparte avait rassemblées en 1804 sous le nom de « droits réunis ».

 

En 1920, fût créer un nouvel impôt. A toutes les étapes du circuit de production, les entreprises qui venaient à les manipuler payaient un impôt sur le chiffre d’affaires, et en 1948, apparut l'impôt sur les sociétés. Il s’ensuivait donc une imposition « en cascade » : Sous-traitant, façonnier, ensemblier, grossiste, détaillant, consommateur… Chacun devait payer une taxe sur la totalité de ses achats comme sur la totalité de sa valeur ajoutée. Ses impôts en ‘cascades’ étaient nuisibles à la fluidité des circuits économiques.

 

Pour rappel, la valeur ajoutée est la création de richesse d’une entreprise, fruit de son activité, autrement dit la différence entre la valeur de ce qu’elle achète et la valeur de ce qu’elle revend).

La complexité du système, ajouté aux besoins de financement de l'État pour la reconstruction d'après-guerre, avait occasionné une rébellion fiscale de grande ampleur le 22 juillet 1953. Cette jacquerie à l'initiative d'un papetier-libraire de Saint-Céré dans le Lot, Pierre Poujade, (le poujadisme). 

Pour le gouvernement de Joseph Laniel, il était devenu urgent de réformer la fiscalité… par un nouvel impôt : la TVA, un chef d’œuvre de l’esprit, dut à un inspecteur des finances, Maurice Lauré (37 ans). Il était urgent de simplifier et uniformiser les différents impôts sectoriels sur la consommation.

 

La TVA vient en remplacement des anciens impôts indirects sur la consommation avec une différence révolutionnaire qui fait le génie de son concepteur :

L'entrepreneur ne se contente plus de déclarer et payer une taxe sur son chiffre d’affaires (ses ventes) ;
il déclare aussi le montant de ses achats et se fait rembourser par le service des impôts les taxes qui pèsent sur ceux-ci.

Ses taxes ne pèsent en définitive que sur la différence entre ses ventes et ses achats (la « valeur ajoutée »).

Cet impôt sur la consommation va très vite s’imposer en France et aussi dans le reste du monde, à l’exception notable des États-Unis.

Fait inédit, la TVA fut votée par les députés malgré le peu d’enthousiasme de la Direction Générale des Impôts et d’Edgar Faure, ministre des Finances dans le gouvernement de Joseph Laniel, qui s'inquiétaient du dégrèvement sur les achats des entreprises. Mais elle bénéficia de l’appui déterminé du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Pierre Mendès France. 

Raymond Aron (Philosophe et homme politique) impressionné par l’inventivité de Maurice Lauré qu’il le qualifia un jour de « prince de l’esprit », en ajoutant qu’il était « l’un des hommes les plus intelligents de France ».

 

Dans un premier temps, la TVA s’appliqua à 300 000 industriels et grossistes, (15% du total des entreprises), avec deux taux de 7,5% et 20%.  

La TVA fut généralisée à toutes les entreprises qui achètent et vendent des produits et des services en janvier 1968.

Tous les mois ou tous les trois mois, les entreprises concernées déclarent à l’administration des impôts d’une part le montant de leurs ventes, d’autre part le montant de leurs achats.

Facile à collecter, difficile à frauder, la TVA présente une grande simplicité de gestion

Elles paient la TVA sur leurs ventes et l’administration des impôts leur rembourse la TVA payée sur leurs achats par leurs fournisseurs.  La différence correspond à une imposition sur la différence entre les ventes et les achats, autrement dit la « valeur ajoutée ».

Ainsi, l’imposition globale d’une marchandise ne varie pas quel que soit le nombre d’entreprises qui l’ont manipulée, et c’est le consommateur final qui la paie toute entière. Simple et cohérent.

D’autre part elle est neutre vis-à-vis des exportations, l’acheteur étranger n’ayant pas à la payer (il n’en paie pas moins des taxes dans son propre pays). La TVA sur les importations est quant à elle payée par l’importateur.

 

La TVA, impôt indolore, outil au service de la communication politique… mais impôt menaçant (à suivre).

 

 

Sources : France Ouest – Les amis d’Hérodote

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 23:46

La marche du sel

Parcours de "la marche du sel"

Depuis des années, Gandhi (Mohandas Karamchand), tente d'obtenir pour l'empire des Indes un statut d'autonomie.

Malgré la multiplication des manifestations non-violentes et les grèves de la faim, il n’obtient aucun résultat. Les membres de son parti, (le parti du Congrès), s'impatientent et menacent de déclencher une guerre en faveur de l'indépendance. Afin de ne pas être débordé par les extrémistes de son parti, Gandhi, avertit le vice-roi des Indes que sa prochaine campagne de désobéissance civile aura pour objectif l'indépendance.

 

Le 12 mars 1930, le Mahatma (son surnom, voulant dire « Grande âme, en langue hindie), entame une « marche du sel ». Il quitte son ashram (monastère) des environs d'Ahmedabad, au nord-ouest du pays, pour rejoindre le bord de l’océan Indien. Tout le long du parcours, des foules de pèlerins lui font une double haie d'honneur et tapissent le sol de pétales de fleurs. Un certain nombre se joignent au cortège.

Après avoir parcouru à pied 300 km, le cortège arrive le 6 avril à Jalalpur. Là, Gandhi, s’avance dans l’océan et recueille dans ses mains un peu de … sel. Geste dérisoire en soi, mais hautement symbolique. Par ce geste il encourage ses compatriotes à violer le monopole d'État sur la distribution du sel.

Comme la gabelle sous l’Ancien Régime, en France, ce monopole oblige tous les consommateurs indiens, y compris les plus pauvres, à payer un impôt sur le sel et leur interdit d'en récolter eux-mêmes.

 

Sur la plage, la foule, grossie de plusieurs milliers de sympathisants, imite le Mahatma et remplit des récipients d'eau salée. L'exemple se répand dans tout le pays... À Karachi comme à Bombay, les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu des Anglais. Ces derniers jettent alors plus de 60 000 contrevenants en prison.

 

Fidèles aux recommandations de Gandhi, les Indiens, se gardent de résister. Le Mahatma lui-même est arrêté le 4 mai 1930. Ironique, il lance à ses geôliers : « Je vais enfin pouvoir dormir ! » Au bout de neuf mois de ce repos forcé, le vice-roi reconnaît son impuissance à imposer la loi britannique. Il libère tous les prisonniers, y compris le Mahatma, et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.

Cette « marche du sel », est la première application concrète de sa doctrine de la non-violence, vers l’Indépendance.

 

Viscéralement attaché aux Indes britanniques de sa jeunesse, Winston Churchill, alors dans l'opposition parlementaire, ironise sur le « fakir séditieux qui grimpe à moitié nu les marches du palais du vice-roi ».

Le Premier ministre travailliste Ramsay MacDonald, plus perspicace, ouvre dès le 13 novembre 1930 à Londres, sous l'égide du roi George V, une première table ronde destinée à débattre d'une hypothétique indépendance de l'Inde.

En prison comme la plupart des chefs hindous du Congrès, Gandhi n'y assiste pas mais il est convié, l'année suivante, à une deuxième table ronde ou il est reçu en triomphe à Londres par les libéraux britanniques. Ces derniers se résignant à une prochaine indépendance de l'Inde, qui sera retardée par la Seconde Guerre mondiale et les dissensions entre hindous et musulmans.

 

Après la fin de seconde guerre mondiale, le 15 août 1947, l'Empire des Indes devient enfin indépendant mais au prix d'une sauvage guerre religieuse et d'une scission entre Inde et Pakistan. Gandhi y perd la vie.

Pour les Indiens, « La marche du sel » est l'équivalent de la « Tea Party » de Boston (révolte américaine contre le Parlement britannique en 1773), qui a conduit à l'indépendance des États-Unis.

 

Sources : Les amis d’Hérodote – L’Ouest clair (15/3/1930)

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16 février 2024 5 16 /02 /février /2024 16:59

16 février 1941 : La France passe à l'heure allemande

 

Photo:ma tribune

De 1891 à la Seconde guerre mondiale, l'heure légale française est celle de l'Europe occidentale de Greenwich, sans décalage horaire avec l'Angleterre. Cette heure est aménagée par une loi en 1923 qui instaure l'heure d'été (GMT +1). L'Allemagne, elle, suit l'heure d'Europe centrale en pratiquant aussi le système d'heure d'été.

L’heure pendant la 2ème guerre mondiale, se pose la question de l’heure Greenwich ou heure de l’Europe occidentale ?

Pendant la guerre, la différence d'heure pose problème.

 

A Paris, le Préfet de la Seine et le Préfet de Paris communiquent à la population "d'avancer d'une heure les horloges, pendules et montres le 14 juin à 23h, de façon à les porter à minuit" (bulletin officiel municipal du samedi 15 juin 1940)

L'armistice est signé, "le 22 juin 1940 à 18h50 heure allemande".  L'armistice franco-allemande prévoit le découpage de la France en plusieurs zones séparée par une ligne de démarcation. 

Les impératifs techniques l'emportent sur toute autre considération.

En août 1940, la SNCF s'inquiète, pour ses horaires d'hiver. Des différences d'heure dans la France coupée en deux zones, pose des problèmes.

Les impératifs techniques l'emportent sur toute autre considération.

La SNCF s’inquiète du décalage horaire et demande à s’aligner sur l’heure allemande.

Après plusieurs négociations, un décret est pris le 16 février 1941 : la France passe à l'heure allemande, à l'heure d'Europe centrale.

En 1941, la France change d'heure pour faire rouler les trains selon des horaires cohérents.

Après la libération, en 1945, la France revient à l'heure d'été d'Europe occidentale.

 

Impératifs économiques

En 1975, après le choc pétrolier de 1973, c’était l’heure de la chasse au gaspi et aux économies d’énergie tous azimuts. D’où l’idée du président Valéry Giscard d’Estaing, avec d’autres dirigeants européens, de coller le plus possible au rythme du soleil pour limiter la facture énergétique liée à l’éclairage artificiel, avec l’instauration, en 1976, du changement d’heure.

C’est donc pour des raisons d'économies pétrolières, que la France (et l’Europe) revient à l'heure allemande et à l'heure d'Europe centrale, dans la nuit du samedi 27 au dimanche 28 mars 1976.

La France est de nouveau alignée sur l'heure d'Europe centrale.

 

Source : Poulle Yvonne. La France à l’heure allemande. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1999, tome 157, livraison 2. pp. 493- 502.

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9 février 2024 5 09 /02 /février /2024 17:06

Dimanche 4 février 2004, un certain Mark Zuckerberg lance The Facebook, un trombinoscope universitaire qui deviendra un phénomène planétaire.

Mark Zuckerberg, seul garçon d’une famille de quatre enfants, est issu de la classe moyenne supérieure. Son père est dentiste, sa mère psychiatre (elle arrêtera son travail pour élever ses enfants). Son père est un passionné d’informatique. ‘Zuck’(son surnom), baigné dans cette ambiance, se met à coder. Il suit des cours particuliers de codage où il est particulièrement brillant.

Il fait l'école de la Phillips Exeter Academy qui lui permet d'apprendre à travailler avec les meilleurs étudiants. Ayant le profil d’un futur ingénieur, il étudie à Harvard, où il s’ennuie dans sa chambre universitaire.

 

L’idée géniale

Pour tromper l’ennui et s’amuser, le dimanche 2 novembre 2002, ‘Zuck’, génie de l’informatique décide de lancer un réseau social : son nom, ‘Facemash’ (visage). Un site qui permet de classer les filles de l’université en fonction de leur physique. Le principe est simple :

Deux photos d’étudiantes apparaissent de manière aléatoire à l’écran avec cette phrase "Who is the hotter ?" (Qui est la plus canon ?), et l'utilisateur choisit l’un ou l’autre des deux portraits.

En quelques heures, plus de 450 étudiants se connectent, 22.000 votes sont enregistrés. Le concept fonctionne … mais il y a un gros problème.

Pour récupérer les photos de ces filles, Mark Zuckerberg est sortie de la légalité en piratant l’annuaire informatique d’Harvard.

Le conseil d’administration d’Harvard informé de ce réseau convoque Mark Zuckerberg pour ‘violation de règles de sécurité, de droits d’auteur et de vie privée’.

Persuadé qu’il va se faire virer, ses amis organisent une fête d’adieu en son honneur le 14 novembre.

 

Le destin

La bière coule à flots. Au bout d’un moment, Mark a une envie pressante.

Dans la file d’attente aux toilettes, il se met à discuter avec une étudiante d’origine vietnamienne. Avec son look ringard, il l’amuse, la fait rire quand il lui dit : "Je vais me faire virer dans 3 jours, si on doit sortir ensemble, il faut se dépêcher !"…

 

Ça technique de drague fonctionne, mais Priscilla impose ses conditions : 100 minutes par jour minimum uniquement consacrées à leur couple, et au moins une sortie nocturne par semaine. Conditions acceptées puisque le 19 mai 2012, (le lendemain de l’introduction en bourse de Facebook), Priscilla Chan, devient Mme Zuckerberg. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’actions, et trois filles aussi. Pour revenir à ce mois de novembre 2003, Mark Zuckerberg n’est finalement pas viré d’Harvard.

Son réseau social sulfureux va se transformer en annuaire d’étudiants interactif rebaptisé ‘The Facebook’, qui se traduit par "trombinoscope". Ce logo bleu et blanc, deux couleurs choisies par son créateur souffrant d’un daltonisme rare, (ce sont les seules couleurs qu’il discernent parfaitement). Son réseau deviendra un phénomène planétaire.

 

Un couple discret

Sourire modeste, Priscilla Chan partage la vie de Mark Zuckerberg depuis 12 ans. Jusqu'à la naissance de leur première fille, en décembre 2015, elle était quasiment inconnue du public.

Priscilla Chan, d’origine fille aînée d’immigrés Sino-Vietnamien a été élevée dans une banlieue de Boston, dans le Massachusetts.

"Mes parents ont énormément travaillé, ma mère jonglait entre deux emplois. Mes grands-parents ne parlaient pas anglais, alors c'était moi qui leur servais d'interprète".

La jeune femme explique qu'elle doit beaucoup à l'école. Grâce à ses enseignants elle prend conscience de son potentiel. Diplômée de son lycée, elle remporte le prix de la meilleure étudiante en 2003. Elle entre à Harvard, en biologie. Diplômé en 2007, elle étudie la médecine à l'Université de Californie pour devenir pédiatre. En 2012, elle devient interne et termine ses études trois ans plus tard.

Spontanée, la jeune femme révèle également que Mark Zuckerberg voue beaucoup d'affection à leur petit chien. "Le chien est sa deuxième priorité après Facebook. Moi ? Je passe probablement après le chien", raconte-t-elle au Today Show (émission de NBC News).

IL a beau porter quasiment tous les jours un sweat à capuche, ce fameux "hoodie" devenu iconique, Priscilla Chan vérifie qu'il en change chaque jour et qu'il ne le porte pas "pour des occasions inappropriées comme les mariages, par exemple".

 

La jeune femme de 30 ans est aujourd'hui investie dans plusieurs projets caritatifs autour de l'éducation, la santé et la science.

 C'est sous son influence que Mark Zuckerberg décide, dans une lettre ouverte, de donner 99% de ses parts Facebook (soit 45 milliards de dollars) à la Chan Zuckerberg Initiative.

En 2014, elle annonce avec son mari qu’ils vont faire un don de 120 milliards d'euros à des écoles publiques de la région de San Francisco.

Le couple a également versé 75 millions de dollars à l'hôpital de San Francisco et près d'un milliard de dollars à la fondation de la communauté de la Silicon Valley. 

 

Passionné par l'informatique, ‘Zuck’ est convaincu comme son père, que l'informatique et Internet sont bons pour l'humanité".

 

Source : RTL – « Dans la tête de Mark Zuckerberg » (J. Blot)

 

 

 

 

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1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 00:00
l'Abbé Pierre en 1955

"Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée...

Chaque nuit, ils sont plus de deux mille recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant tant d'horreur, les cités d'urgence, ce n'est même plus assez urgent "

Écoutez-moi : en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l'un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l'autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s'accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l'on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime »

 

La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l'hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l'âme commune de la France. Merci ! Chacun de nous peut venir en aide aux « sans abri ». Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain : cinq mille couvertures, trois cents grandes tentes américaines, deux cents poêles catalytiques.

Déposez-les vite à l'hôtel Rochester, 92, rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève. Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l'asphalte ou sur les quais de Paris.

Merci !"

 

L’Abbé Pierre se fait entendre auprès des politiques.

Depuis des semaines, l’Abbé s’efforce d’amener l’opinion à comprendre que les sans-abris ne sont ni des crapules ni des fainéants, mais simplement des hommes qui ne gagnent pas de quoi payer une chambre d’hôtel quand ils sortent de l’usine.

 

Dans la nuit du 3 au 4 janvier 1954 : Conformément à sa promesse, Léo Hamon présente à l’Assemblée l’amendement proposé par l’abbé Pierre : prélever un milliard, sur les 90 prévus pour la reconstruction, afin d’édifier des cités de première nécessité. Après 72 heures de débat, le projet est rejeté. Cette même nuit, à quelques kilomètres de l’Assemblée, un bébé de trois mois meurt de froid dans le car qui abrite sa famille au milieu d’un campement de fortune.

7 janvierDéterminé à frapper l’opinion, l’abbé Pierre écrit à Maurice Lemaire, le ministre de la Reconstruction et du Logement. Une lettre ouverte que Le Figaro publie le matin du 5.

« Monsieur le ministre, le petit bébé de la cité des Coquelicots, à Neuilly-Plaisance, mort de froid dans la nuit du 3 au 4 janvier, pendant le discours où vous refusiez les ‘Cités d’Urgence’, c’est à 14 heures, jeudi 7 janvier, qu’on va l’enterrez. Pensez à lui. Ce serait bien si vous veniez parmi nous à cette heure-là. On n’est pas des gens méchants…’’

 

12 janvier : Un peu avant les obsèques du petit Marc, on annonce à l’abbé Pierre que le ministre a décidé d’assister à l’enterrement. À l’heure dite, Maurice Lemaire suit le cortège funèbre qui traverse le camp des Coquelicots avant de gagner le cimetière. Bouleversé par une misère qu’il n’avait pas imaginée, il accepte de suivre l’Abbé à Pontault-Combault, où les compagnons d’Emmaüs ont déjà construit une trentaine de pavillons grâce à des dons. Le ministre promet alors à l’abbé Pierre l’édification de cités d’urgence.

 

Nuit du 30 janvier : L’hiver a redoublé de violence. Tous les abris et les hospices sont pleins, même les commissariats accueillent les sans-abri la nuit, mais il reste des centaines d’hommes et de femmes qui dorment dans la rue.

L’Abbé et ses compagnons reprennent leurs tournées dans Paris pour distribuer couvertures et vivres aux “couche-dehors”. Faute de mieux, on a dressé rue de la Montagne-Sainte-Geneviève une grande tente militaire prêtée par un marchand de surplus américains. On y a disposé un peu de paille sur le sol. En moins d’une heure, une soixantaine de sans-abri y ont déjà trouvé refuge. L’Abbé a dormi parmi eux.

 

1er février : Dans la nuit du 31 janvier, une femme a été retrouvée morte, boulevard de Sébastopol. On venait de l’expulser. Au matin, un journaliste suggère à l’Abbé de lancer un appel à la solidarité à la radio. L’abbé Pierre griffonne quelques mots improvisés — « Mes amis, au secours... » — qui sont diffusés au Journal parlé de la RTF et que l’Abbé Pierre lit lui-même sur les ondes de Radio Luxembourg. Cet appel à la solidarité, appelé « l’insurrection de la bonté », a permis à l'Abbé Pierre d'émouvoir les Français. Et pas seulement puisque Charlie Chaplin viendra en personne lui remettre un chèque de deux millions de francs.

 

L’Abbé Pierre, n’était pas un inconnu sur les ondes de Radio Luxembourg (devenu RTL).

 

Deux ans avant le fameux appel, en mal d'argent pour son mouvement Emmaüs, l'entourage de l'abbé Pierre a une idée : pourquoi n'irait-il pas participer à Quitte ou double, jeu radio populaire animé par Zappy Max. Cette participation serait l'occasion de gagner des sous et de faire connaître son combat.

Réticent, l'abbé Pierre accepte finalement de participer, le 22 mars 1952, sous son vrai nom : Henri Grouès

 

Le principe du jeu est simple. Si vous répondez bien à une question, vous continuez pour gagner plus ou vous quittez en empochant vos gains acquis. L'abbé Pierre qui a été député de Meurthe-et-Moselle entre 1945 et 1951 choisi un questionnaire sur la politique intérieure française et les instances internationales. 

 

La première question, pour 250 francs, portait sur le nombre de députés à l'époque et avant la guerre. L'abbé Pierre répond correctement et décide de continuer. 

Le fondateur d'Emmaüs s'est arrêté après la question à 256.000 francs, (environ 6.000 euros aujourd'hui).

Cette somme représente 50 fois le loyer annuel de la maison Neuilly-Plaisance où il accueille les sans-abris.

Pour le panache, il a répondu correctement à la question à 512.000 francs.

A la fin du jeu, il demande le micro.  Zappy Max, lui offre 7 minutes d'antenne pour sensibiliser les auditeurs à sa cause.  

 

En 1966, dans ses mémoires, Louis Merlin, alors patron de Radio Luxembourg, a révélé que les choses avaient été arrangées. 

Le chef de la radio avait sollicité l'abbé Pierre pour faire un coup de communication afin de rendre son jeu sympathique aux yeux du public. Le jeu n’a pas été truqué. L'abbé Pierre avait choisi le thème et avait eu deux semaines pour réviser mais il ne connaissait ni les questions, ni les réponses. Après tout, ce n'est pas bien grave. 

Une grande cause est peut-être plus importante qu'un petit mensonge

 

C'était la première fois que Radio Luxembourg faisait appel à la générosité de ses auditeurs. ... "Toi qui souffres, qui que tu sois entre, dort, mange et reprend espoir. Ici, on t'aime".

 

Source: RTL, Presse

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29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 21:26
L'Everest 'la déesse des vents'

Il y a 70 ans, dans le massif de l’Himalaya, le sommet Sagarmatha pour les épalais, Chomolangma, pour les Sherpas tibétains, le mont Everest est conquis pour la première fois, le 29 mai à 11h 30.

Tout commence en 1852, lorsque l'Occident découvre la plus haute montagne de la Terre. Une équipe de géomètres mesure un ensemble de montagnes situées au Népal. À côté du sommet VIII, qui deviendra le Kangchenjunga, figure sur leurs cartes un sommet XV. À près de 200 kilomètres de distance, les géomètres calculent sa taille : 8840 mètres. Sir Waugh, directeur de l'institut de la Great Trigonometrical Survey of India, le renomme du nom de son prédécesseur, George Everest, qui avait mis au point la méthode de calcul. 

Pendant tout XIXe siècle aucune tentative d’expédition de l'Everest n’est réalisée. La région est encore peu connue, éloignée.

Ce n'est que fin 1920, après plusieurs semaines de négociations, que le Tibet ouvre ses portes à une expédition britannique. Ne pouvant passer par le Népal, fermé, l'équipe dirigée par Howard-Bury (qui avait voyagé clandestinement au Tibet en 1905), explore le glacier de Rongbuk. Ils atteignent l'altitude de 7 500 mètres mais épuisés, frigorifiés, en proie à des gelures, les alpinistes font demi-tour. 

 

Entre 1920 et 1953, plus de dix tentatives infructueuses.

1924, une expédition de huit alpinistes dont Norton, Mallory et Irvine. Norton atteint seul et sans oxygène 8 573 m, en passant par la face nord à l'aplomb d'un couloir qui mène au sommet. Ce couloir portera son nom.

Le 7 juin, Mallory et Irvine mènent une nouvelle tentative. Ils partent avec de l'oxygène pour le camp VI à 8 170 mètres. Le 8 juin à 13 heures, Odell, un des membres de l'expédition, aperçoit deux points sur la pente neigeuse menant au dernier ressaut avant la base de la pyramide finale. La tempête survient, et les deux alpinistes disparaissent, sans que nul ne sache s'ils ont atteint le sommet. 

Onze ans plus tard, en 1935, une quatrième expédition, dirigée par Eric Shipton, connaîtra aussi l'échec, elle ne parviendra pas à dépasser le record de Norton. Son mérite, sera de former Tenzing Norgay, un sherpa qui participe à sa première ascension. Deux autres tentatives sont menées en 1936 et 1938, sans résultat. 

 

La guerre terminée, le Népal, désormais ouvert l'assaut sur le Sagarmatha peut reprendre, mais pas par le Tibet qui est inaccessible.

En 1950, épaulé par deux sherpas, dont Tenzing Norgay, le Canadien, Earl Denman, mène une tentative solitaire. Un an plus tard, Eric Shipton et Edmund Hillary échouent à leur tour. 

C'est en 1952 que la montagne voit de très près ses vainqueurs : le Suisse Raymond Lambert et Tenzing Norgay parviennent à 8 600 mètres par l'arête sud-est. Le mauvais temps et des appareils à oxygène déficients les font renoncer, mais ils ont ouvert la voie.

29 mai 1953, les 248 mètres restants sont gravis par Tenzing Norgay et Edmund Hillary. Il s'agissait du dernier créneau possible pour les britanniques, puisque 1954 était dévolu aux Français et 1955 aux Suisses. 

32 ans se seront donc écoulés entre le premier assaut et la victoire finale sur l'Everest. Depuis 70 ans, grands alpinistes, rêveurs et ambitieux ont pris le relai, pour avoir, eux aussi, leur part d'éternité sur la déesse des vents.

A suivre : Les conquérants des cimes

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12 avril 2023 3 12 /04 /avril /2023 20:52
Mémorial à la mémoire des victimes de Katyn

Le 13 avril 1943, la radio allemande annonce la découverte d'un charnier dans la forêt de Katyn, près de Smolensk, entre Pologne et Biélorussie. Il s'agirait des restes de 4 143 officiers polonais exécutés par les Soviétiques lorsque ceux-ci s'étaient emparés en 1939-1940 de la partie orientale du pays, conformément au pacte germano-soviétique.

Pendant plusieurs décennies, les communistes rejettent le crime sur les nazis.

 

Une révélation embarrassante

Après leur entrée en guerre contre l'URSS en 1941, les Allemands découvrent dans la forêt de Katyn les dépouilles de centaines de jeunes officiers polonais en uniforme, assassinés d'une balle dans la nuque et jetés dans des fosses communes.

Le régime hitlérien, venant de subir une cuisante défaite à Stalingrad, décide de porter cette découverte sur la place publique dans l'espoir de dissocier les Soviétiques de leurs alliés anglo-saxons.

L'URSS nie l'accusation du crime mais le gouvernement polonais en exil à Londres, demande dès le lendemain une enquête de la Croix-Rouge internationale. Staline, rompt immédiatement les relations diplomatiques avec le général Wladislaw Sikorski, le 23 avril.

Churchill, ayant besoin de Staline pour combattre Hitler, s’en 'émeut au sein de l'alliance et afin d'affaiblir le gouvernement polonais en exil à Londres, Staline crée le 31 décembre 1943 un Comité de Libération Nationale composé de communistes polonais (il sera plus tard appelé « Comité de Lublin »).

Comité accepte sans broncher la version soviétique selon laquelle les massacres de Katyn seraient le fait des nazis.

 

Un crime circonspect

Dès mai 1943, une commission de la Croix-Rouge mène une enquête sur place avec l'aide des Allemands. La conclusion est irréfutable : les massacres ont bien été commis en avril et mai 1940, au moment où les Soviétiques occupaient la région. Par souci de ne pas alimenter la propagande nazie, la Croix-Rouge garde secret le rapport.

Il apparaîtra plus tard que, dès mars 1940, les hommes de la police politique soviétique (NKVD) avaient reçu du Politburo (le gouvernement soviétique) et de son chef Staline l'ordre d'exécuter comme « contre-révolutionnaires » les prisonniers polonais qui appartenaient à l'élite intellectuelle du pays.

Mesure motivée par la volonté de revanche sur la défaite subit par l'Armée Rouge en 1920, et surtout par la volonté de préparer la main mise soviétique sur la Pologne en éliminant d'emblée les fortes têtes susceptibles de s'y opposer !

C'est ainsi que sont exécutés à Katyn plusieurs milliers d'officiers extraits du camp de Kozielsk (des massacres similaires ont lieu dans d'autres forêts du pays...).  On évalue au total à 22.000 le nombre d'officiers et de jeunes gens issus des élites intellectuelles et politiques du pays sommairement exécutés dans l'ensemble de la zone occupée par les Soviétiques.

 

50 ans de mensonge

Lors du procès de Nuremberg, les procureurs soviétiques tentent de faire inscrire le massacre de Katyn parmi les crimes de guerre imputables aux accusés nazis. Le tribunal se refuse à cette mascarade qui eut jeté le doute sur l'ensemble du dossier d'accusation.

Les Soviétiques et le gouvernement communiste de Varsovie (Pologne) vont tenter contre vents et marées d'effacer le souvenir de Katyn, allant jusqu'à ériger en symbole de la barbarie nazie un village homonyme, Khatyn, rasé par les Allemands.

Il faut attendre la fin de la guerre froide (12/5/1947 – 26/12/1991) pour que Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse enfin la responsabilité des Soviétiques. Katyn s'inscrit dans la longue liste d'agressions du ‘grand frère russe’ à l'encontre de la Pologne. Ce lourd passé explique l'attachement de la Pologne post-communiste aux États-Unis et à l'OTAN, seules puissances capables de la protéger des menaces venues de l'est.

De concert avec Hitler, par le massacre délibéré des Polonais instruits, Staline, à d'une certaine manière, atteint son but : transformer le visage de la Pologne.

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Pologne était une société relativement moderne, tirée par des élites urbaines attachées à la laïcité, qu'elles fussent juives ou catholiques. Leur massacre délibéré et leur remplacement par des nouveaux venus issus du monde rural ont fait de la Pologne, en l'espace de deux générations, une société anachronique au cœur de l'Europe, attachée à la petite propriété paysanne et à une pratique religieuse traditionnelle, sinon passéiste.

Il a fallu attendre l'avènement de Karol Wojtyla (Jean-Paul II), la chute de l'URSS et l'adhésion de Varsovie à l'Union européenne pour que change cet état de fait.

Parfois, malheureusement, le crime paie…

 

Sources : Les amis d’Hérodote. Lecture historique.

Crédit photo: hérodote

 

 

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9 mars 2023 4 09 /03 /mars /2023 17:25
Leclerc et Ho Chi-minh

Le 9 mars 1945, les Japonais attaquent les garnisons françaises d'Indochine, portant ainsi un coup fatal à la présence coloniale de la France dans le Sud-Est asiatique.

Retour en arrière

Les Japonais en guerre contre la Chine, profitent de la défaite de la France face à Hitler pour occuper l'Indochine française. Le 25 septembre 1940, ils soumettent les troupes françaises d'Indochine mais laissent en place l'administration coloniale et le gouverneur général nommé par le gouvernement de Vichy, l'amiral Jean Decoux.

Celui-ci maintient vaille que vaille la présence française et préserve la sécurité de ses habitants, pendant que l'occupant met l'Indochine en coupe réglée et exploite le caoutchouc naturel (15% des exportations mondiales en 1939).

 

Les Japonais s'emparent de l'Indochine

Cinq ans plus tard, repoussés par la contre-offensive américaine, les Japonais craignent que des Français venus de la métropole ne tentent de les chasser.

C'est ainsi que le 9 mars 1945, ils attaquent avec brutalité les garnisons françaises encore présentes sur place. Attaque qui fera au moins de 2.650 morts parmi les Français, dont le général Émile Lemonnier commandant de la 13e brigade de Langson. Le général Langson refuse à deux reprises de signer une capitulation sans conditions. Il est décapité au sabre le 10 mars.

3.000 prisonniers sont prisonniers dans les camps de la mort, dont celui de Hoa-Binh. Parmi les 19.000 civils français que compte l’Indochine, 3.000 sont également internés, torturés. Les autres sont astreints à résidence forcée sous la férule de la police politique de l'armée impériale nippone (la Kempeitai).

Le 10 août 1945, Hô Chi Minh, le leader communiste-nationaliste dénonce la tutelle japonaise et proclame l'indépendance de la République démocratique du Viêtnam.

Dans le même temps, comme pour ajouter à la confusion qui règne sur le terrain, les Alliés réunis à Potsdam (Capital du Land de Brandebourg, banlieue de Berlin) projettent de couper en deux la péninsule indochinoise suivant le 16e parallèle (future frontière entre Nord- et Sud-Vietnam). Le maintien de l'ordre reviendrait au nord de cette ligne aux Chinois nationalistes de Tchang Kai-chek, le sud aux Britanniques ! Quant à la France elle se trouve évincée !

 

La reconquête

Voulant effacer le souvenir de la défaite de 1940 et restaurer en tous lieux la grandeur de son pays, le général Charles de Gaulle, qui dirige le gouvernement provisoire de la République française, met tout en œuvre pour restaurer la souveraineté de la France sur ses colonies d'outre-mer. Il veut aussi couper court à d'autres tentatives indépendantistes au sein de l'Empire colonial.

Le 24 mars 1945, il déclare son intention de constituer en Indochine une fédération de colonies et de protectorats qui comprendrait les trois provinces du Viêt-Nam (Tonkin, Annam et Cochinchine) ainsi que le Cambodge et le Laos.

Sous les ordres du lieutenant-colonel Jacques Massu, des soldats français s'emparent le 23 septembre de Saigon, capitale de la Cochinchine (le Viêt-Nam du sud). Opération facilitée par la capitulation officielle du Japon trois semaines plus tôt.

Quelques jours plus tard arrive un corps expéditionnaire sous les ordres du général Leclerc de Hauteclocque, héros de la Libération nommé par de Gaulle commandant en chef des troupes d'Extrême-Orient, sous les ordres de l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu, gouverneur général d'Indochine.

Leclerc chasse Japonais et Chinois du Vietnam et du Cambodge. Il fait une entrée triomphale à Hanoï le 18 mars 1946...

Tandis que l'amiral Thierry d'Argenlieu s'accommode d'une restauration du protectorat, le général Leclerc revient en France avec la conviction qu'il est urgent de négocier et qu'il faut se résigner à la décolonisation.

Derrière le retour apparent à l'ordre ancien, tout est prêt pour une première guerre d'Indochine.

 

Source : Les amis d’Hérodote

 

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