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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 21:56
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise (Isodore Pills, 1849, musée de l'histoire de France-Château de Versailles

La scène se passe le 24 avril 1792 chez le baron Philippe-Frédéric de Dietrich, maire constitutionnel de Strasbourg.

 

Réuni dans son salon avec quelques notables et amis, dont Rouget de Lisle, l'effervescence est à son comble. En effet cinq jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l'Autriche.

Issu d'une grande lignée de maîtres de forges. Patriote, ami de Lafayette, Il s'adresse à un jeune officier de son état et violoncelliste à ses heures, Joseph Rouget de Lisle. « Monsieur de Lisle, vous qui parlez le langage des Dieux, vous qui maniez la harpe d'Orphée, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation », lui aurait-il demandé. 

 

Le capitaine de garnison, de retour chez lui, se met au travail.

Pour les paroles, il s’inspire d'une affiche de la Société des Amis de la Constitution intitulée « Aux armes, citoyens ! L'étendard de la guerre est déployé... » et d'une ode de Boileau. Pour la musique, certains prétendent qu'il aurait repris l'air de la Marche d'Assuérus d'un certain Lucien Grisons ; d'autres penchent pour un autre contemporain, le violoniste italien Giovanni Battista Viotti ; d'autres enfin pour le premier mouvement du concerto N° 10 pour deux pianos de Mozart (Koechel 365), composé en 1779.

Le lendemain 25 avril, Rouget de Lisle donne à entendre son œuvre au lieutenant Masclet puis à de Dietrich. L'un et l'autre sont conquis... Le soir même, de Dietrich organise un dîner au cours duquel lui-même reprend le chant, accompagné par une dame au clavecin et par Rouget de Lisle au violon.

 

Baptisé Chant de guerre pour l'Armée du Rhin, ce nouveau chant patriotique apparaît moins cru que les chants traditionnels des sans-culottes comme la Carmagnole ou le Ca ira. Cela lui vaut un succès fulgurant. De Strasbourg, des voyageurs colportent les paroles et l'air dans toute la France.

À Marseille, où des volontaires se préparent à se rendre à Paris en juillet 1792 pour combattre l'invasion, on distribue à ceux-ci des feuillets avec les paroles du chant patriotique. Les fédérés marseillais entonnent celui-ci tout au long de leur voyage et lors de leur entrée dans la capitale. Les parisiens donnent à ce chant, le nom de Marseillaise, nom définitif.

Le chant des Marseillais scande quelques semaines plus tard la charge des soldats de Valmy. Il devient selon le mot de Servan, ministre de la Guerre, le « Te Deum de la République ! ». Aux six couplets de Rouget de Lisle, le librettiste Gossec en ajoute un septième (la « strophe des enfants ») en octobre 1792 à l'occasion d'une représentation à l'Opéra de L'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais.

 

Le premier hymne national

La Marseillaise est décrétée chant national en 1795 par la Convention le 26 messidor An III (14 juillet 1795) ... mais elle tombe en défaveur sous le Consulat et l'Empire. Elle revient brièvement en vogue pendant les Cent-Jours, en 1815, quand Napoléon Ier, de retour de l'île d'Elbe, sollicite le soutien des anciens révolutionnaires.

Lors des révolutions de 1830, en France et en Belgique, puis de 1848, dans l'ensemble du continent européen, la Marseillaise reçoit une consécration internationale (avant d'être plus tard supplantée par l'Internationale).

À Paris, elle est figurée par un bas-relief du sculpteur François Rude, sur l'Arc de Triomphe de la place de l'Étoile, intitulé en vérité : « Le départ des soldats de l'An II ».

Le chant devient hymne national de la France le 14 février 1879, quand triomphe la République.

Avec la Marseillaise, c'est la première fois qu'un peuple se reconnaît dans un hymne. Alphonse de Lamartine, (L'Histoire des Girondins), écrira : « Il fut le chant du patriotisme, mais il fut aussi l'imprécation de la fureur. Il conduisit nos soldats à la frontière, mais il accompagna nos victimes à l'échafaud. Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat et égorge les victimes dans la main du bourreau ».

 

Des héros mal récompensés !

Dietrich fut fort mal récompensé de son patriotisme car il finit sur la guillotine quelques mois plus tard. Joseph Claude Rouget de Lisle échappa au même sort grâce à la chute de Robespierre. Il s'engage alors dans l'armée comme commandant et, au côté de Hoche, repousse à Quiberon un débarquement de royalistes.

L'historien Jean Tulard lui prête une relation amoureuse avec Joséphine de Beauharnais, ce qui contribuera au rejet de La Marseillaise par Bonaparte !

Revenu à la vie civile dès 1796, Rouget de Lisle s'établit près de Lons-le-Saulnier, sa ville natale. En 1815, par opportunisme, il soumet à Louis XVIII un nouvel hymne simplement intitulé Vive le Roi ! mais le souverain le dédaigne.
C'est seulement sous le règne de Louis-Philippe Ier, monarque conciliateur, qu'il va être honoré d'une pension. Ses cendres seront transférées aux Invalides le 14 juillet 1915, pendant la Grande Guerre.

 

Source : Fabienne Manière, les amis d’Herodote

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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 22:50
Photo: Légifrance

Un certain 21 avril 1944

Il y a 80 ans, les femmes obtenaient le droit de vote en France. Alors que la France a été l’un des premiers pays à instaurer le suffrage universel masculin (1848), ce droit n’est étendu aux femmes qu’en 1944.

 

Un peu d’histoire

Les premières revendications féministes émergent à la Révolution française, notamment sous la plume de Condorcet qui se prononce pour le vote des femmes dans un article du « Journal de la société de 1789 ». Mais son projet de conférer aux femmes des droits civiques n’aboutit pas.

En réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, du 26 août 1789, Olympe de Gouges, femme de lettres et égérie politique rédige en 1790, une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. » (Article 10). Le texte d’Olympe de Gouges est refusé par la Convention. Son texte tombe dans l’oubli et il faut attendre 1986 pour que l’écrivaine Benoîte Groult le fasse connaître dans son intégralité.

Le Gouvernement provisoire de la IIe République instaure le « suffrage universel » masculin, le 5 mars 1848.

 

En 1904 est créée « L’Alliance internationale pour le suffrage des femmes », et en 1914 un plébiscite féminin organisé par les suffragistes réunit 505 972 oui pour le vote des femmes.

Après avoir durement travaillé pour remplacer les hommes partis au front durant la Première Guerre mondiale, en 1919, les femmes réclament le droit de vote. La Chambre des députés adopte alors pour la première fois une proposition de loi instaurant le vote des femmes, par 329 voix contre 95. Mais le Sénat refuse d’examiner cette proposition de loi (par 156 voix contre 134). Ce rejet se renouvellera en 1925, 1932 et 1935.

 

Le 4 juin 1936, alors même qu’elles ne sont ni électrices ni éligibles, Léon Blum nomme trois femmes sous-secrétaires d’État : Cécile Brunschvicg à l’Éducation nationale, Suzanne Lacore à la Santé publique et Irène Joliot-Curie à la Recherche scientifique.

Le 30 juillet 1936, la Chambre des députés se prononce à nouveau pour le vote des femmes, par 495 voix contre 0. Mais le Gouvernement s’abstient, et le Sénat encore une fois n’inscrit pas ce texte à son ordre du jour.

 

Le 23 juin 1942, le général de Gaulle déclare : « Une fois l’ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée nationale qui décidera souverainement des destinées du pays. »

Au sortir de la seconde guerre, c'est la participation des femmes à la résistance qui va être un argument de poids en faveur du vote féminin : on ne peut pas refuser des droits politiques à des femmes qui se sont battues contre les nazis.

Le Sénat, qui bloquait jusqu’alors toute évolution, n’existe plus. Il aura fallu ces circonstances très exceptionnelles pour que les Françaises puissent voter grâce à l’ordonnance du 21 avril 1944.

 

Le droit de vote aux femmes, une proposition communiste

Si c’est bien le général de Gaule lui qui a signé l’ordonnance du 21 avril 1944 instaurant le droit de vote des femmes, cette décision n’a pas été prise par lui tout seul, mais collégialement par l’assemblée consultative d’Alger, par un vote.

La proposition d'étendre le droit de vote aux femmes est d'ailleurs avancée par un communiste, Fernand Grenier. Au départ, le texte ne prévoyait que d'instaurer l'éligibilité des Françaises. Fernand Grenier propose d'y ajouter le droit de vote. Cela donnera (article 17) : « Les femmes sont éligibles et électrices dans les mêmes conditions que les hommes ». Le texte est voté par 51 voix contre 16. Les femmes deviennent enfin électrices et éligibles, comme les hommes. 

 

Les Françaises votent donc pour la première fois les 29 avril et 13 mai 1945, à l’occasion des élections municipales.

Quelques mois plus tard, le 21 octobre 1945, elles participent au référendum et aux élections à l’Assemblée constituante organisés simultanément par le général de Gaulle.

À la question du référendum, « Faut-il une nouvelle Constitution ? », les Françaises et les Français se prononcent à plus de 96 % pour l’abandon des institutions de la IIIe République et l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Sur un total de 586 représentants, 33 femmes sont élues à la première Assemblée constituante.

 

La longue marche vers l’égalité

La France a attendu la moitié du XXe siècle pour garantir les mêmes droits politiques aux femmes qu’aux hommes.

En Australie, les femmes peuvent voter depuis 1901. La Finlande a emboîté le pas en 1906 suivis par la Norvège en 1913, le Danemark en 1915 puis l’Allemagne en 1918. En 1920, ce sont les Etats-Unis qui autorisent le vote pour les femmes et le Royaume-Uni le rend accessible en 1928.

 

La France mauvaise élève sur les droits des femmes

En comparaison avec d’autres nations, la France a fait pendant longtemps office de mauvaise élève sur la question des droits des femmes et de l’accès au vote. Madeleine Braun sera la première femme élue vice-présidente de l’Assemblée nationale en 1946, Marie-Madeleine Dienesch la première femme présidente de commission en 1967, et Denise Cacheux la première questeure en 1986.Il faudra attendre 1965, soit vingt ans après l’obtention du droit de vote, pour que les femmes puissent ouvrir un compte bancaire et exercer un emploi sans le consentement de leur mari. 

 

Au mitan des années 2010 grâce aux lois sur la parité, la représentation des femmes plafonne à 38,7 % à l’Assemblée, 36 % Sénat et on n’en compte que 22 % parmi les maires.

La longue marche vers l’égalité a été lente et rude : le vote était une chose, le rôle en politique en était une autre.

C’est d’ailleurs au général de Gaulle que l’on attribue la fameuse injonction méprisante : « Un ministère de la Condition féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat au Tricot ?» 

Le même homme qui a accordé aux femmes le droit de vote.

 

 

Sources : Légifrance – Chemins de mémoire - Libération

 

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14 avril 2024 7 14 /04 /avril /2024 16:42
La comète du diable et son impressionnant panache. Photo : Via X@Astrobin-com

Surnommée « Mère des Dragons » en référence à sa nature cryovolcanique car elle expulse périodiquement le contenu de son noyau glacé dans l’espace, ce qui accroît son éclat. Elle est également associée aux Kappa-Draconides*, une pluie d’étoiles filantes accompagnera donc la « comète du diable ».

 

12P/Pons-Brooks (son nom scientifique) est de nouveau visible dans le ciel de l’hémisphère nord depuis quelques semaines. Phénomène exceptionnel, la dernière fois qu’elle était discernable depuis la Terre, c’était en 1954. La prochaine fois devrait être autour de 2095.

En juillet 2023, une éruption a provoqué l’apparition de « cornes » sur la comète, lui donnant le surnom de « comète du diable » ou « comète cornue » nommée ainsi car sa chevelure ressemble à deux cornes. Elle a connu plusieurs éruptions impressionnantes, caractérisées par des décharges de gaz et de poussière.

 

Perceptible depuis plusieurs semaines à mesure qu’elle s’approche du soleil, elle devient de plus en plus visible : elle gagne en intensité. Le 21 avril 2024, elle devrait atteindre son point le plus proche du soleil (périhélie). À cette date, la « mère des dragons » sera très brillante dans le ciel. En laissant des grains de poussière dans son sillage, elle contribue à cet impressionnant phénomène céleste.

 

Pour profiter de ce rare spectacle, il suffit de se positionner la nuit dans un endroit éloigné de la pollution lumineuse et un horizon ouest/nord-ouest bien dégagé. Muni d’un petit télescope ou d’une paire de jumelle, trouver la planète Jupiter (la plus grosse planète du système solaire, facilement visible à l'œil nu). La comète sera alors juste à côté. Pointez cette planète en tendant le bras, puis fermez votre main : la comète doit être à un poing d'écart de Jupiter, sur la droite.

Grande comme trois fois l’Everest, 12P/Pons-Brooks sera de plus en plus visible à l’œil nu. A partir du 21 avril 2024, la « mère des dragons » passera dans l’hémisphère sud.

 

Une comète cryovolcanique

Découverte par Jean-Louis Pons en 1812 à l’observatoire de Marseille, elle est considérée comme une comète cryovolcanique. (Celui qui avait été embauché comme concierge dans l'établissement a fini par devenir astronome, puis directeur adjoint de l'institution. Reconnu internationalement, Jean-Louis Pons a été l'un des découvreurs de comètes les plus prolifiques de l'histoire).

 

Les scientifiques estiment que sa brillance résulte de sa nature cyclovolcanique : « Elle émet des poussières, des gaz et de la glace lorsque la pression augmente à l’intérieur de la comète sous l’effet de la chaleur ».

Quand sa température et sa pression augmentent, des éruptions de gaz et de glace ont lieu. Sa couleur verte s’explique par « des concentrations de carbone diatomique (C2) éclairées par le soleil », explique Andrew McCarthy, astrophotographe américain.

 

Elle est de nouveau repérée en 1883 par William Robert Brooks, soit soixante-et-onze ans après J. Louis Pons. Elle a alors pris les noms de ses deux découvreurs, même si, en réalité, de premiers signes d'observation de cette "comète du diable" remontent au XIVe siècle, en Chine et au Japon.

 

« Elle doit faire partie des dix plus grosses comètes que l’on connaît actuellement », indique Nicolas Biver, astronome à l’Observatoire de Paris et président de la commission des comètes de la Société astronomique de France. Elle parcourt son orbite tous les 71,3 ans.

 « La queue de la comète n’est pas hyper étendue mais se déroule tout de même sur quelque 50 millions de kilomètres, soit un tiers de la distance de la Terre au Soleil. »

Par sa composition mêlant glace, poussière et roche, elle présente une tête couleur émeraude résultant de la présence de molécules de carbone diatomique et la lumière du Soleil.

 

Une comète au drôle de noyau

Les astronomes ne s’y attendaient pas : le cœur de la « comète du diable » forme une spirale !

La « comète du diable », (comète 12P/Pons-Brooks), on ne la présente plus et pourtant, c'est justement au moment où l'on pense en avoir tout dit qu'elle semble vouloir nous révéler un nouveau de ses secrets.

Sur des images prises et traitées par des photographes confirmés pour faire apparaître davantage le noyau de la comète que sa queue, ce dernier apparait sous une forme étonnante : une spirale formée par Cryo volcanisme ou une forme de yin et de yang, selon les inspirations apparait.

 

La question peut légitimement se poser avec des images traitées. Mais les astronomes ont peut-être une explication. Rappelons en effet que ladite « comète du diable » a montré beaucoup de signes de Cryo volcanisme. Autant de preuves que sa surface est criblée de geysers qui crachent poussières et gaz glacés dans l'espace. Or, exposés à la lumière de notre Soleil, ces panaches pourraient bien former les spirales qui apparaissent sur les images

 

24 avril 2024, dernière nuit pour admirer la chevelure de la comète « mère des dragons », si non rendez-vous en 2095… mais rien n’est perdu, cet automne nous pourrons peut-être voir la comète « Tsuchinshan-Atlas ».

 

*Kappa-Draconides : pluie annuelle de météores active entre fin novembre et mi-décembre. 

 

Sources : Le ciel de Rhuys - N° 162 avril 2024 – Littérature sur le sujet.

 

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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 17:21

Facile à collecter, difficile à frauder, la TVA présente une grande simplicité de gestion

Dès la fin des années 60, les gouvernants français songèrent à manipuler la TVA pour remédier à une crise du commerce extérieur et des finances publiques en évitant d’avoir à dévaluer la monnaie.

 C’était la « TVA sociale » avant l’heure... un mythe vieux de quarante ans

 

À l’issue des événements de Mai 68 et des accords de Grenelle entre le gouvernement et les syndicats, la France se trouve quasiment acculée, à l’automne 1968, à une dévaluation que le général de Gaulle refusa, notamment sur le conseil d’un commissaire européen nommé Raymond Barre qui fut l’un des seuls à la déconseiller.

À la place de cette dévaluation, le gouvernement de (1er ministre Maurice Couve de Murville) décide une hausse de 2,5 points de la TVA compensée par la suppression de la taxe sur les salaires !... 

(Les banques, qui avaient obtenu en 1965 à ne pas être assujetties à la TVA, conservèrent en bonne logique la taxe sur les salaires. Elles n’ont de cesse désormais de la dénoncer et d’en réclamer la suppression, oubliant que celle-ci devrait alors être compensée par un assujettissement des intérêts bancaires à la TVA).

 

La conséquence attendue de cette double mesure (hausse de la TVA et suppression de la taxe sur les salaires) : les produits importés, qui supportent la TVA, devaient voir leur prix augmenter ; les produits fabriqués en France devaient quant à eux rester au même prix en France, la hausse de la TVA étant compensée par la baisse des coûts salariaux ; par contre, ils devaient être moins chers à l’exportation du fait de cette baisse des coûts salariaux.

Le gouvernement de Couve de Murville inventait ainsi la « TVA sociale », un substitut à la dévaluation de la monnaie... L’effet fut pour le moins insuffisant puisqu’une dévaluation dut quand même être consentie en août 1969 par le nouveau président Georges Pompidou.

Au début des années 1980, le patronat français plaida à nouveau pour une augmentation de la TVA associée en contrepartie à une baisse des charges.

 

À la demande du gouvernement, l’inspecteur des finances Henri de Castries (futur patron d’AXA) fit une simulation d’où il ressortit que les avantages à en attendre étaient minimes au regard des inconvénients et des risques : gain minime sur les coûts de production ; prix à la hausse sur les produits et services non soumis à la concurrence étrangère ; report des consommateurs vers les importations à bas prix ; prime aux banques, aux fraudeurs et aux petits entrepreneurs qui ne paient pas de TVA... Cette « fausse-bonne idée » tomba dès lors aux oubliettes...

 

Un outil au service de la communication politique

En 2023 les entreprises soumises à déclaration mensuelle de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ont généré́ un montant de TVA, hors reports de crédits, de 202,5 milliards d’euros, contre 195,9 milliards d’euros en 2022, soit une augmentation de 3,4 %.

Par son importance dans la fiscalité et sa simplicité de prélèvement, elle est devenue une variable d'ajustement chérie par tous les gouvernements. En fonction des circonstances politiques du moment et des pressions de telle ou telle catégorie socio-professionnelle, ceux-ci ont vite fait de dégainer un changement de taux, la création d'un nouveau taux ou une extension des exemptions de TVA.

 

La France détient ainsi le record mondial du nombre de taux de TVA (cinq en 2014 : 0%, 2,1%, 5,5%, 10%, 20%), ce qui contribue à rendre un peu plus illisible la fiscalité nationale et altère l'excellente invention du « prince de l’esprit » Maurice Lauré.

En 2023, la TVA se calcule selon quatre taux : normal de 20 % (vente de biens et services), intermédiaire de 10 % (transport, hébergement), réduit de 5,5 % (produits de consommation) et particulier de 2,1 % (médicaments, audiovisuel). Elle est facturée aux consommateurs sur les produits et les services qu'ils achètent.

 

Impôt indolore, impôt menaçant…

L’avantage de cette invention française est que cet impôt est d’apparence indolore, facile à récolter et surtout très facile à modifier, comprenez à augmenter pour combler les déficits entre-autres… et créer d’autres types de TVA… comme la TVA sociale.

A la fin des années 1980, le Premier ministre Michel Rocard instaure la Cotisation sociale généralisée (CSG).

Ce nouvel impôt se distingue de l’impôt sur le revenu par ce qu’il est prélevé à la source sur tous les revenus ; son taux est fixe et non progressif ; il est surtout épargné par les niches fiscales de toutes sortes qui n’en finissent pas de plomber la progressivité de l’impôt sur le revenu.

 

Pierre Bérégovoy, alors ministre des finances s’opposait à ce nouvel impôt qui lui paraissait trop facile à collecter et à augmenter, et risquait ainsi de supprimer toute incitation à la maîtrise des dépenses sociales. Tel a bien été le cas puisque le taux de la CSG, d’abord à 1,1%, atteint désormais 13,5% avec ses compléments de la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale), du prélèvement social et des contributions additionnelles destinées notamment à financer le RSA (Revenu de Solidarité Active).

 

Nicolas Sarkozy, président de la République française, a repris à la veille des élections présidentielles de 2012 l’idée d'une « TVA sociale ». Elle consiste à augmenter d’un à deux points les taux de TVA et à redistribuer le surplus de recettes fiscales en diminuant les cotisations sociales qui pèsent sur les salaires. En théorie, cela doit aboutir à augmenter le coût des importations et diminuer celui des exportations, soit à réduire le déficit commercial du pays.

Mais il a reculé devant l'impopularité de la mesure et son caractère inflationniste. Au demeurant, l’expérience mitigée de Couve de Murville en 1968 a montré que la « TVA sociale » n’avait pas d’effet probant sur le déficit commercial

 

Pour finir l’article sur la TVA, les États-Unis sont l’un des rares pays à ne jamais s’être laissé séduire par la TVA. Les taxes locales à la consommation y sont toujours en vigueur et varient selon les États. Les prix sont pour cette raison affichés hors taxe, la taxe étant ajoutée à la caisse.

La raison est que le Sénat américain n’a jamais voulu consentir à l’État fédéral un impôt aussi facile à collecter et à augmenter.

 

 

Sources : France Ouest – Les amis d’Hérodote – impôts.gouv.

 

 

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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 21:11

Le 10 avril 1954 (70 ans),  l’Assemblée nationale vote la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA).

Jusque dans les années 1950, les marchandises étaient affectées d’une taxe à la consommation dont le taux était calculé sur le prix de vente total. Ces « impôts indirects » dérivaient des anciennes taxes sur le tabac, le sel et l'alcool que le Premier Consul Napoléon Bonaparte avait rassemblées en 1804 sous le nom de « droits réunis ».

 

En 1920, fût créer un nouvel impôt. A toutes les étapes du circuit de production, les entreprises qui venaient à les manipuler payaient un impôt sur le chiffre d’affaires, et en 1948, apparut l'impôt sur les sociétés. Il s’ensuivait donc une imposition « en cascade » : Sous-traitant, façonnier, ensemblier, grossiste, détaillant, consommateur… Chacun devait payer une taxe sur la totalité de ses achats comme sur la totalité de sa valeur ajoutée. Ses impôts en ‘cascades’ étaient nuisibles à la fluidité des circuits économiques.

 

Pour rappel, la valeur ajoutée est la création de richesse d’une entreprise, fruit de son activité, autrement dit la différence entre la valeur de ce qu’elle achète et la valeur de ce qu’elle revend).

La complexité du système, ajouté aux besoins de financement de l'État pour la reconstruction d'après-guerre, avait occasionné une rébellion fiscale de grande ampleur le 22 juillet 1953. Cette jacquerie à l'initiative d'un papetier-libraire de Saint-Céré dans le Lot, Pierre Poujade, (le poujadisme). 

Pour le gouvernement de Joseph Laniel, il était devenu urgent de réformer la fiscalité… par un nouvel impôt : la TVA, un chef d’œuvre de l’esprit, dut à un inspecteur des finances, Maurice Lauré (37 ans). Il était urgent de simplifier et uniformiser les différents impôts sectoriels sur la consommation.

 

La TVA vient en remplacement des anciens impôts indirects sur la consommation avec une différence révolutionnaire qui fait le génie de son concepteur :

L'entrepreneur ne se contente plus de déclarer et payer une taxe sur son chiffre d’affaires (ses ventes) ;
il déclare aussi le montant de ses achats et se fait rembourser par le service des impôts les taxes qui pèsent sur ceux-ci.

Ses taxes ne pèsent en définitive que sur la différence entre ses ventes et ses achats (la « valeur ajoutée »).

Cet impôt sur la consommation va très vite s’imposer en France et aussi dans le reste du monde, à l’exception notable des États-Unis.

Fait inédit, la TVA fut votée par les députés malgré le peu d’enthousiasme de la Direction Générale des Impôts et d’Edgar Faure, ministre des Finances dans le gouvernement de Joseph Laniel, qui s'inquiétaient du dégrèvement sur les achats des entreprises. Mais elle bénéficia de l’appui déterminé du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Pierre Mendès France. 

Raymond Aron (Philosophe et homme politique) impressionné par l’inventivité de Maurice Lauré qu’il le qualifia un jour de « prince de l’esprit », en ajoutant qu’il était « l’un des hommes les plus intelligents de France ».

 

Dans un premier temps, la TVA s’appliqua à 300 000 industriels et grossistes, (15% du total des entreprises), avec deux taux de 7,5% et 20%.  

La TVA fut généralisée à toutes les entreprises qui achètent et vendent des produits et des services en janvier 1968.

Tous les mois ou tous les trois mois, les entreprises concernées déclarent à l’administration des impôts d’une part le montant de leurs ventes, d’autre part le montant de leurs achats.

Facile à collecter, difficile à frauder, la TVA présente une grande simplicité de gestion

Elles paient la TVA sur leurs ventes et l’administration des impôts leur rembourse la TVA payée sur leurs achats par leurs fournisseurs.  La différence correspond à une imposition sur la différence entre les ventes et les achats, autrement dit la « valeur ajoutée ».

Ainsi, l’imposition globale d’une marchandise ne varie pas quel que soit le nombre d’entreprises qui l’ont manipulée, et c’est le consommateur final qui la paie toute entière. Simple et cohérent.

D’autre part elle est neutre vis-à-vis des exportations, l’acheteur étranger n’ayant pas à la payer (il n’en paie pas moins des taxes dans son propre pays). La TVA sur les importations est quant à elle payée par l’importateur.

 

La TVA, impôt indolore, outil au service de la communication politique… mais impôt menaçant (à suivre).

 

 

Sources : France Ouest – Les amis d’Hérodote

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30 mars 2024 6 30 /03 /mars /2024 22:02
Collect. familiale

 

En attendant que la France acte la fin du changement d’heure été/hiver comme de nombreux autres pays, le passage à l’heure d’été revient dans la nuit du 30 au 31 mars 2024… A 2 heures du matin, il sera en fait 3 heures.

Discuté et remis en question chaque année, le changement d’heure est loin de faire l’unanimité : Santé, sommeil, accidentologie, à chaque changement d’heure le sujet fait débat.

Ce changement d’heure nous ramène à deux heures de plus que le temps universel (T.U) contre une heure après le passage à l’heure d’hiver.

 

A nos pendules…

Le T.U correspond au temps solaire moyen tenant compte de la correction due à la longitude (4 minutes par degré). Un décret du 8 mars 2017 a, à cet effet, mis à jour les dispositions réglementaires relatives au temps légal français.

Le Parlement européen, poussé par 4,2 millions d’Européens qui avaient demandé que ça cesse lors d’une consultation publique en 2018, avait résolu à mettre fin au changement d’heure deux fois par an.

La Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale avait lancé une consultation en ligne sur le sujet, entre le 4 février et le 3 mars 2019. Cette consultation sur la fin du changement d’heure avait reçu 2 103 999 réponses :

  • 61,16 % des citoyens ayant participé ont une expérience négative ou très négative du changement d’heure.
  • 83,71 % des répondants souhaiteraient mettre fin au changement d’heure 2 fois par an.
  • 59,17 % des participants choisiraient de rester définitivement à l’heure d’été.

Enfin, en cas de suppression du changement d’heure, en France, le maintien de l’heure d’été a été plébiscité par 59% des français ayant répondu au sondage.

 

Quel avenir pour le changement d’heure ?

La faculté d’abandonner le mécanisme de changement d’heure a toujours été du ressort de chaque état en vertu du principe de subsidiarité… principe fondateur de l’Europe avec celui de la solidarité.

La directive européenne de 2001 relative au changement d’heure, transposée dans le droit français par arrêté du 3 avril 2001 du ministre de l’économie ayant pris effet le 1er janvier 2002, avait pour but d’harmoniser les dates auxquelles les états membres de l’Union européenne passent de l’heure d’hiver à l’heure d’été.

Elle n’a jamais obligé à appliquer le principe même du changement d’horaire, ce d’autant que la France avance déjà d’une heure sur l’Irlande ou le Portugal. Ceux et celles qui voyagent en Europe le savent bien.

Actuellement les pays de l’UE sont répartis sur trois fuseaux horaires :

  • Europe occidentale (UTC) : Irlande, Portugal ;
  • Europe centrale (UTC + 1) : Allemagne, Autriche, Belgique, Croatie, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie et Suède ;
  • Europe orientale (UTC + 2) : Bulgarie, Chypre, Estonie, Finlande, Grèce, Lettonie, Lituanie et Roumanie.

Imaginons qu'on parte de Lisbonne (Portugal) pour aller à Varsovie (Pologne) en voiture. On n'a pas envie de changer 5 fois le fuseau horaire, si un pays a décidé qu'il est à l'heure UT +1, puis l'autre UT+2 et ainsi de suite.

 

 

Pourquoi ce changement d’heure est-il si controversé ?

Arrêter ou poursuivre, telle est donc la question, mais pour l’heure, aucune réponse évidente ne semble émerger : “Il y a eu un sondage européen qui était plutôt pour l'arrêt mais à l’examen du sondage les résultats sont très partagés et cette absence de consensus bloque le processus dans les deux sens.

Il y a un argument qui dit que c'est une source de complexité qui n'a pas démontré d'efficacité réelle, forte, pour la réduction de la consommation d'énergie. L'autre argument contre de certaines personnes, c'est de dire que c'est important de rester sur le midi solaire parce que c'est meilleur pour la santé.

 

Une différence entre nord et sud

Dans les arguments pour maintenir l’heure d’été, le plus souvent dans le sud de la France et dans les pays du sud, c'est de pouvoir profiter des longues soirées d'été.

Le décalage en été permet de garder des soirées pour inviter des amis, profiter de la convivialité. Il y a une petite différence entre les pays du nord et les pays du sud, le ressenti n’est pas le même.

Dans les pays nordiques, en hiver, on se lève, il fait noir, on se couche, il fait noir. Il fait nuit tout le temps, et en été, c'est le contraire. Ils sont plus favorables à l'heure d'hiver, alors que le sud de l'Europe est plus favorable à l'heure d'été de manière générale. 

 

A quand l’arrêt du changement d’heure en France ?

La Russie et la Chine ont renoncé, depuis longtemps, au changement d’horaire pour revenir au temps universel comme la majorité des pays hors Union européenne.

Aux États-Unis, le Sénat américain a approuvé à l’unanimité le 15 mars 2022 un projet de loi appelé Sunshine Protection Act qui rendrait l’heure d’été permanente à partir de l’année 2023. Mais la mesure n’a pas encore été adoptée par la Chambre des représentants, ni promulguée par le président Joe Biden.

En France ça fait 48 ans que les gouvernements successifs, (depuis Giscard d’Estaing en 1976), jouent au yo-yo en avançant ou retardant chaque année, nos horloges ! Deux heures de plus que le temps universel.

Le changement d'heure était à l'époque promu, avec le slogan désormais culte "En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées".

Aujourd’hui, on n’a toujours pas de pétrole et plus d’idées !!

Retrouver les articles :

A 2h l sera 3H – 30/3/2019

Les heures en France - 6/4/2019

16 février 1941 – 13/2/2001

 

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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 09:41

 

La date du jour du printemps n’est pas immuable.

Il peut commencer le 19, le 20 ou le 21 mars. Si depuis 2008 la date du printemps débute le 20 mars, et cela va durer encore pendant 19 ans, jusqu’en 2043. En 2007, le printemps a commencé le 21 mars, en 2044, ce sera le 19 mars.

La date du premier jour du printemps n'a donc rien à voir avec notre calendrier, s’agissant d’un phénomène astronomique.

 

Explication.

Équinoxe vient du latin "Equus" qui veut dire égal, et "Nox" qui signifie nuit. 

L'équinoxe de printemps est donc le moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit, (12 heures chacun). Ce moment arrive lorsque le centre du soleil est vertical aux tropiques. L’équinoxe dépend donc de l’alignement de la Terre et du soleil. 

 

Notre calendrier (grégorien) pour une question pratique fait 365 jours, or la Terre met un peu plus de 365 jours à faire le tour du soleil : 365,25 jours (arrondi). Il y a donc un décalage. 

Grâce à l’année bissextile, où tous les 4 ans, on rajoute un jour dans l’année, (29 février), il subsiste toujours un décalage… qui fera qu’en 2044 le printemps commencera le 19 mars.

Un printemps commençant un 21 mars reste rare, le dernier date de 2007. Selon les données de l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides de l’Observatoire de Paris, le prochain sera en 2102.

Pour notre siècle (2001 jusqu’à 2100) : 78 années ont un printemps commençant le 20 mars, 20 années le 19 mars, et 2 années sur 100 ont commencé le 21 mars !

 

Pourtant les Pères de l’Église à l’origine du calendrier grégorien pensaient que l'équinoxe de printemps observé le 21 mars 325 à l'époque du concile de Nicée, tomberait désormais indéfiniment à cette date. Fort imprudemment, ils lièrent la fixation de Pâques à la date du 21 mars… Et Pâques continu donc de dériver entre le 22 mars et 24 avril.

Pour aller plus loin.

Le calendrier julien, calendrier lunaire comptait également 365,25, jours. L’année julienne avait un décalage par rapport à l’année tropique (365,24221935 jours), une différence de 11 minutes et 12 secondes par an… Ce retard de ¾ de jour pour 100 années juliennes c’est peu, mais transporté à échelle longue, cela fausse compagnie aux rendez-vous annuels du soleil.

 

Le système de César ne remplit donc pas exactement les conditions nécessaires à une fixité définitive. Il fallait donc adapter dans la durée la longueur de l’année à l’année tropique.

Le cycle de Méton n’est pas plus précis. Les 235 lunaisons ne se déroulent pas en 19 ans, mais en 19 années juliennes moins 89 minutes. En 19 ans ces 89 minutes entraînent un décalage des phases de la lune, (en un peu plus de 300 ans les néoménies s’étaient déplacées d’environ 4 jours entre le IVème et le VIème siècle).

 

Pour faire simple, il fallait changer la façon de calculer l’année ; passée d’un calcul lunaire au calcul solaire. Il faut dire qu’au moment de la mise en place du calendrier julien (qui avait remplacé le calendrier romain), la chrétienté n’existait pas.

 

Jules César, s’attela au problème, et c’est l’astrologue Sosigène qui fait les calculs… Mais Sosigène a fait une erreur en fixant le temps de l’année… Et entre-temps, la chrétienté est née.

La preuve, en l'an 325 de notre ère, la différence est de 3 jours. Pour les Pères de l'Église Pâques devant être associée à la 1èrepleine lune de printemps (C’est le concile de Nicée fixa la date de Pâques).

 

En 325 l'équinoxe tombe le 21 mars, alors que César et Sosigène avaient prétendu fixer cet équinoxe au 25 mars, mais il s'était écoulé près de 4 siècles entre la réforme julienne et le concile (46 av. J.C. à 1582). Le décalage aurait dû être de 12 jours, alors qu’il était de 13 jours.

On s'aperçoit que les Pères de l'Église avaient bien conscience de cette difficulté, mais ils n'hésitèrent pas un instant à attribuer l'erreur de 4 jours au seul Sosigène !!

 

§ Lire les articles sur les calendriers

 

 

 

 

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12 mars 2024 2 12 /03 /mars /2024 23:46

La marche du sel

Parcours de "la marche du sel"

Depuis des années, Gandhi (Mohandas Karamchand), tente d'obtenir pour l'empire des Indes un statut d'autonomie.

Malgré la multiplication des manifestations non-violentes et les grèves de la faim, il n’obtient aucun résultat. Les membres de son parti, (le parti du Congrès), s'impatientent et menacent de déclencher une guerre en faveur de l'indépendance. Afin de ne pas être débordé par les extrémistes de son parti, Gandhi, avertit le vice-roi des Indes que sa prochaine campagne de désobéissance civile aura pour objectif l'indépendance.

 

Le 12 mars 1930, le Mahatma (son surnom, voulant dire « Grande âme, en langue hindie), entame une « marche du sel ». Il quitte son ashram (monastère) des environs d'Ahmedabad, au nord-ouest du pays, pour rejoindre le bord de l’océan Indien. Tout le long du parcours, des foules de pèlerins lui font une double haie d'honneur et tapissent le sol de pétales de fleurs. Un certain nombre se joignent au cortège.

Après avoir parcouru à pied 300 km, le cortège arrive le 6 avril à Jalalpur. Là, Gandhi, s’avance dans l’océan et recueille dans ses mains un peu de … sel. Geste dérisoire en soi, mais hautement symbolique. Par ce geste il encourage ses compatriotes à violer le monopole d'État sur la distribution du sel.

Comme la gabelle sous l’Ancien Régime, en France, ce monopole oblige tous les consommateurs indiens, y compris les plus pauvres, à payer un impôt sur le sel et leur interdit d'en récolter eux-mêmes.

 

Sur la plage, la foule, grossie de plusieurs milliers de sympathisants, imite le Mahatma et remplit des récipients d'eau salée. L'exemple se répand dans tout le pays... À Karachi comme à Bombay, les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu des Anglais. Ces derniers jettent alors plus de 60 000 contrevenants en prison.

 

Fidèles aux recommandations de Gandhi, les Indiens, se gardent de résister. Le Mahatma lui-même est arrêté le 4 mai 1930. Ironique, il lance à ses geôliers : « Je vais enfin pouvoir dormir ! » Au bout de neuf mois de ce repos forcé, le vice-roi reconnaît son impuissance à imposer la loi britannique. Il libère tous les prisonniers, y compris le Mahatma, et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.

Cette « marche du sel », est la première application concrète de sa doctrine de la non-violence, vers l’Indépendance.

 

Viscéralement attaché aux Indes britanniques de sa jeunesse, Winston Churchill, alors dans l'opposition parlementaire, ironise sur le « fakir séditieux qui grimpe à moitié nu les marches du palais du vice-roi ».

Le Premier ministre travailliste Ramsay MacDonald, plus perspicace, ouvre dès le 13 novembre 1930 à Londres, sous l'égide du roi George V, une première table ronde destinée à débattre d'une hypothétique indépendance de l'Inde.

En prison comme la plupart des chefs hindous du Congrès, Gandhi n'y assiste pas mais il est convié, l'année suivante, à une deuxième table ronde ou il est reçu en triomphe à Londres par les libéraux britanniques. Ces derniers se résignant à une prochaine indépendance de l'Inde, qui sera retardée par la Seconde Guerre mondiale et les dissensions entre hindous et musulmans.

 

Après la fin de seconde guerre mondiale, le 15 août 1947, l'Empire des Indes devient enfin indépendant mais au prix d'une sauvage guerre religieuse et d'une scission entre Inde et Pakistan. Gandhi y perd la vie.

Pour les Indiens, « La marche du sel » est l'équivalent de la « Tea Party » de Boston (révolte américaine contre le Parlement britannique en 1773), qui a conduit à l'indépendance des États-Unis.

 

Sources : Les amis d’Hérodote – L’Ouest clair (15/3/1930)

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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 22:29

 

Ce n’est pas une blague, le 30 février à bien existé… Une seule fois: en Suède.

 

Retour sur le calendrier julien et grégorien.

En 46 av. JC, Jules César décide de modifier le calendrier Romain (calendrier lunaire), pour le calendrier solaire, afin d’être plus en conformité avec les saisons. Malgré les travaux d’Hipparque, le plus grand astronome de l’antiquité, qui avait reconnue que l’année est inférieure à 365 jours 25, Sosigène, (l’astronome de Jules César) fixa la valeur moyenne de l’année julienne à 365 jours 6 h.

L’année civile, par commodité doit comporter un nombre entier de jours. César décide donc que l’année commune comporte 365 jours, donc trop courte d’un quart de jour. Pour combler ce déficit, César, décide de mettre un jour additionnel tous les quatre ans une année de 366 jours, fondant ainsi les années bissextiles.

Sage précaution, car sans cette remise à l’heure l’écart attendrait 30 jours en 120 ans et l’accumulation séculaires des jours manquant ferait dévier l’année au fil des saisons, l’équinoxe de printemps quittant mars pour avril, puis mai, etc. (Les égyptiens ont connu et accepté cette incommodité pendant 4000 ans environ).

Passons sur la mise en place de ce jour supplémentaire qui ne se fit pas sans mal.

Il fut décidé également que l’équinoxe de printemps coïnciderait avec le 25 mars et dans la foulée, César ramena le début de l’année au 1er janvier, date à laquelle les consuls entraient en charge.

 

Le calendrier julien entra en vigueur aux calendes de janvier de l’an 709 (708, pour certains auteurs), ab Urbe condita (1erjanvier -45).

Tout est en ordre, début d’année au 1er janvier, l’année julienne comporte 365,25 jours… oui, mais pas de chance, l’année tropique a 365,2422 jours soit 0,0078 jours de moins que l’année des saisons. Cet écart de de 11 minutes 14 secondes est négligeable à la durée de vie humaine. Un retard de 3/4 de jours pour 100 années juliennes, c’est peu, mais transporté à échelle longue, le calendrier julien fausse compagnie aux rendez-vous annuels du soleil. Le système César ne rempli donc pas exactement les conditions nécessaires à une fixité définitive. La preuve, en 325, l’équinoxe de printemps tombe le 21 mars, alors que Sosigène avaient prétendu fixer cet équinoxe au 25. Il fallait donc adapter dans la durée la longueur de l’année à l’année tropique.  Rien ne fut fait et l’année julienne continua naturellement à dériver par rapport à l’équinoxe, qui s’écarta peu à peu du 21 mars.

Les pères de l’Église, se sont ému de ce fait, (ils avaient pas mal de problèmes : date de Pâques à fixer. Pour cela une réforme du bréviaire était nécessaire ce qui imposait donc une réforme du calendrier civil).  Pour faire simple, il faut modifier le système des jours bissextiles tous les 4 ans.

C’est le pape Grégoire XIII, qui s’attela à cette tâche, d’où la réforme grégorienne, donnant naissance en 1582 au calendrier actuel.

 

La réforme grégorienne :

Sous Jules César, toute année divisible par 4, est bissextile, ce qui introduit une erreur de 1 jour tous les 128 ans.

La réforme grégorienne fut calibrée pour que le jour de l’équinoxe de printemps tombe le 21 mars (parce c'est ce jour qu'eut lieu l'équinoxe de printemps de l'année AD 325, année du concile de Nicée).

Du coup, 1582 équinoxes de printemps furent déplacés par la formule : (1582-325) /128 jours = approximativement 10 jours avant. En conséquence de quoi, 10 jours furent enlevés au calendrier Julien.

Ainsi Le calendrier Grégorien possède 97 années bissextiles tous les 400 ans. Toute année divisible par 4 est bissextile. Par contre, toute année divisible par 100 n'est pas bissextile à l'exception des années divisibles par 4.

Ainsi, 1700, 1800, 1900, 2100, et 2200 ne sont pas bissextiles, mais 1600, 2000, et 2400 sont bissextiles.

2024 est donc une année bissextile, elle comporte donc 1 jour de plus en février, soit 29.  A priori, avec la réforme grégorienne, il n’y aura jamais de 30 février, et pourtant…

 

Si, au temps de César, il fut assez simple d’imposer le calendrier julien, la mise en usage du calendrier ne se fit pas heurt.

A Rome et dans certains pays catholiques, le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 fut le vendredi 15. Dans les pays protestants, ce fut la révolte. L’Angleterre adopta la réforme quand en 1752, avec de nombreuses manifestations.

 

Le 30 février suédois et ses soubresauts.

Le roi de Suède, Charles IX, éclairé par les évènements d’Angleterre, décida l’omission des jours bissextils de 1696 à 1744. De part cette manière douce, le peuple adopta sans s’en apercevoir la réforme romaine.

Ainsi, l’année 1700, qui aurait dû être une année bissextile, ne l’a pas été.

Changement de plan, le pays a décidé d’ajouter les jours intercalaires. Les années 1704 et 1708 deviennent bissextiles, avec un 29 février. 

Mais, en 1711, nouveau rebondissement : l’Empire suédois décide de revenir au calendrier julien. À ce stade, le calendrier Suédois (calendrier grégorien) a un jour d’avance sur le calendrier julien.

Pour se recaler sur le comptage julien, troisième rebondissement, les Suédois ajoutent un jour intercalaire supplémentaire en 1712. Durant cette année-là, il y a donc un 29 février, mais aussi un 30 février. Ce 30 février était alors l’équivalent du 29 février dans le calendrier julien, d’où la « logique » de ce second jour intercalaire (en calendrier grégorien, nous étions le 11 mars). 

Il faut attendre 1953 pour que la Suède passe définitivement au calendrier grégorien. Cette année-là, le calendrier du pays passe purement et simplement du 17 février au 1er mars.

Et voilà la Suède est enfin calée sur les autres pays d’un point de vue calendaire. 

 

Pour aller plus loin sur les années bissextiles.

1). L’astronome John Herschel (1792-1871), suggéra que la meilleure approximation de la taille d’une année tropique devait être de 365 969/4000 jours = 365,24225 jours. Cela implique 969 années bissextiles tous les 4000 ans à mettre en rapport avec les 970 du calendrier grégorien. Cela abouti à retirer une année bissextile au calendrier grégorien tous les 4000 ans et à considérer que les années divisibles par 4000 ne sont pas bissextiles. Cette règle n’a, cependant pas été officiellement adoptée.

2). Lorsque en 1920, l’église Orthodoxe Grecque est passée au calendrier grégorien, elle a essayé de modifier les règles du calendrier grégorien en remplaçant la règle de division par 400 par la suivante : Toute année divisible par 900 dont le reste est 200 ou 600 est une année bissextile.

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21 février 2024 3 21 /02 /février /2024 22:01

Être français ne tient pas à l’origine, à la religion, au prénom, mais à la volonté.

Lettre de M. Manouchian à sa femme

Au jourd’hui, 21 février 2024, l’entrée au Panthéon de Missak (Michel) Manouchian et son épouse, symbolise « l’acte de reconnaissance’ de la résistance communiste et des étrangers mort pour la France.

23 autres résistants, fusillés comme lui par les nazis ce 21 février 1944 au Mont Valérien sont également honorés, leurs noms gravés dans le caveau où les Manouchian repose.

 

L’armée du crime

Nous sommes le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de 15 000 grandes affiches rouges, elles exposent à la vindicte des Français dix hommes auxquels il est reproché plusieurs dizaines d'attentats sous couvert de libération.

Cette affiche complète la publication d'une brochure intitulée « L'Armée du crime » dans le cadre d'une campagne de propagande antisémite et xénophobe orchestrée par les nazis.

Cette « armée du crime » compte sept juifs dont quatre nés en Pologne et trois en Hongrie, un natif d'Espagne, un autre d'Italie, le dernier enfin d'Arménie.

Le même jour, ces résistants ainsi que douze autres compagnons d'infortune ont été fusillés au mont Valérien.

Joseph Epstein, (chef militaire des FTP pour la région parisienne) dit colonel Gilles, juif de Pologne, arrêté en même  temps, jugé est fusillé, en toute discrétion,  le 11 avril 1944. Quant à la seule femme du groupe, Olga Bancic (32 ans), juive de Bessarabie, sera guillotinée à Stuttgart le 10 mai 1944. Tous, Français ou étrangers, sont communistes et appartiennent aux Francs-tireurs et partisans de la Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI).

Comme tous les condamnés, Missak Manouchian est autorisé à écrire une lettre d'adieu à la personne de son choix. Cet apatride, (il avait demandé deux fois la nationalité française, qui fut refusée à chaque demande), écrit à sa femme une lettre bouleversante d’humanité.

 

Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,


Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps

Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.

Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mon souvenir si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel (I
l signe la lettre de son prénom francisé, Michel).

 

Mélinée Manouchian

À la Libération, elle regagne l'Arménie soviétique avant de se faire rapatrier en France en 1954. Jusqu'à sa mort, le 6 décembre 1989 (76 ans), elle cultivera la mémoire de son époux et de leurs compagnons de résistance (sans se remarier comme l'y invitait Missak).

 

Le dernier survivant du groupe Manouchian, Arsène Tchakarian, est mort le 6 août 2018, après avoir survécu au génocide arménien et à la répression nazie. (Voir article ‘le dernier FTP’ du 15 août 2018).

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