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  • : Du romain au grégorien, parcourez l'histoire des calendriers. Le brie de Meaux et la Confrérie. Varreddes mon village.
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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 20:51
3-10 sept 14 à Varreddes

L’abbé Formé, curé de Germigny l’Evêque racontera après la guerre les journées du 3 au 10 septembre.

Jeudi 3 septembre : Le curé Fossin refuse de partir de Varreddes

« Ce jeudi 3 septembre, vers 17 h 30 à Meaux, je rencontre sur le boulevard Jean Rose, devant la propriété de monsieur de la Villeboisnet, une voiture dont le cocher, Monsieur Ducreux, consent à me conduire à Germigny pour chercher, dans mon église, les vases sacrés.

Nous sommes obligés de passer par Varreddes, car le pont de Trilport est coupé.

A Varreddes je rencontre monsieur l’abbé Fossin qui me dit :

  • j’ai été chez vous pour me confesser, on m’a dit que vous veniez de partir.
  • Vous feriez mieux de venir avec moi, lui répondis-je aussitôt. Vous savez que les Allemands envers les prêtres sont sans pitié.
  • Où êtes-vous me dit-il ?
  • Au petit séminaire. C’est votre maison aussi bien que la mienne. Là, nous ne fuyons pas le danger, puisque la ville de Meaux abandonnée par ses 13.000 habitants sur 14.000 est ainsi jugée dans une très périlleuse situation. Nous restons à la porte de nos paroisses, et, en une heure, nous pouvons y revenir.
  • Oui, c’est vrai, me dit-il, mais moi, ce n’est pas comme vous, j’ai encore 80 paroissiens, et, enfin, à mon âge, que voulez-vous qu’ils me fassent ?

Vendredi 4 septembre

Le vendredi 4 septembre, après avoir ramené de Germigny mes paroissiens, vers 13 h, monsieur Ducreux m’y reconduit. Nous partons avec ma vieille domestique et monsieur Lemaire, car je voudrais rapporter tous les objets précieux que la veille au soir, j’avais préparés.

Arrivant au milieu de la côte qui descend sur Varreddes, tout à coup, nous apercevons trois cavaliers explorant les bas-fonds du coté du canal.

  • Ce sont des Belges, dit monsieur Lemaire
  • Non, répondis-je, il n’y a pas de Belges dans notre région
  • Ce sont des Anglais, dit monsieur Ducreux
  • Peut-être dis-je, car ils étaient hier à Germigny ; mais regardez bien, n’ont-ils pas des casques à pointe ?
  • Oui
  • Eh bien ! je les reconnais maintenant, ce sont des dragons allemands. Attention ! soyons prudents. Continuons d’avancer, mais au pas, si nous retournions, ils tireraient sur nous. Nous descendons… lentement, lorsque que nous n’ étions plus qu’à vingt mètres d’eux, tout-à-coup, ils tournent bride et se dirigent vers l’entrée de Varreddes. Nous ont-ils vu ? la route, là près du pont du canal fait un coude et il est impossible de voir le village, les cavaliers disparaissent de nos yeux. Ils sont peut-être cachés derrière les murs du jardin près du pont. Rien ! nous arrivons au pont et maintenant la vue s’étend jusqu’à la place de la mairie. Nous les voyons à trente mètres de nous et devant la maison du docteur Tabard, il y a un peloton. Les régiments se tiennent devant l’école, sous les tilleuls. Les têtes de colonnes se dirigent sur le pont de Germigny.
  • Comme personne ne fait attention à nous, dis-je au cocher, retournez au pas jusqu’au sommet de la côte, et, de là, au galop jusqu’à l’Evêché.

Mercredi 9 septembre

Monsieur Hurtel et moi, dans l’automobile du général Pau, nous voulons aller à Germigny par le champ de bataille de Varreddes, mais à la briqueterie, malgré le mot d’ordre, les chasseurs d’Afrique refusent de nous laisser passer. « Vous serez en danger d’être tués, nous disent-ils ; il y a encore des Allemands dans les petits bois ».

Vers 15 heures, j’y retourne seul. Le capitaine me voyant décidé me dit : « Passez à vos risques et périls. Auparavant, commencez votre ministère par nos propres soldats ».

Sur quatre corps déchiquetés, je récite le De Profundis, mais il m’est impossible de l’achever voyant les larmes couler lentement des yeux de nos soldats et arroser la terre. Spargitur et tellus lacrimis, sparguntur et arma.

J’arrive à Varreddes, non sans grande difficulté. Les grosses branches des arbres qui bordent la route de chaque côté, tranchées par les obus de 75 comme par de gigantesque rasoir, la couvraient dans toute sa largeur. De nombreux cadavres jonchaient la terre. Près du canal de l’Ourcq, je trouve bien alignés environ deux cents jolis paniers de shrapnells que les allemands n’ont pas eu le temps d’emporter.

A l’entrée du village, quatre uhlans avec leurs chevaux sont étalés. A la demande de ces cavaliers, deux vieillards leur tendaient un verre de vin, lorsque, tout-à-coup, un obus de 75 bondissant éclate avec fracas, fauchant les quatre uhlans, et par un hasard providentiel épargne les deux vieillards qui se sauvent épouvantés.

Une ambulance est installée dans la maison de madame Duclos. J’entre dans le salon. Sur un peu de paille gisent des soldats allemands affreusement mutilés. Auprès d’eux, aucun major, aucun infirmier. Ils me crient tous : Wasser ! Wasser ! de l’eau ! de l’eau ! Une douzaine de catholiques demandent à se confesser.

10 septembre : dans l’église de Varreddes

Je reviens à Varreddes avec monsieur Ducreux et monsieur l’abbé Herbin, aumônier des Augustines de Meaux.

Dans l’église de Varreddes, veuve de son vieux curé, de nombreux blessés allemands sont venus chercher un asile. Mais là encore, aucun médecin, aucun infirmier. Seul sur sa croix, du haut de l’autel, le Divin Crucifié, les bras tendus, leur prêche le sacrifice et la charité. Je prodigue les consolations religieuses aux catholiques.

Je suis tellement indigné que les Allemands aient saisi comme otages dix-neuf habitants et avec eux le curé, l’abbé Fossin, mon vieux voisin, âgé de 75 ans, que je ne peux me retenir de leur faire entendre ce que je pense de leur cruauté : « J’estimais le peuple allemand. Je vantais votre obéissance, vote courage, votre esprit de famille et de sacrifice, votre patriotisme ardent. Mais depuis que vous avez emmené les habitants de ce village et leur vieux curé, sans pitié pour ses infirmités, sans respect pour son caractère sacré, je ne peux plus nourrir ces sentiments à votre égard ».

A ce moment, un soldat s’approche et me prend par le bras. « Un officier voudrait vous parler, me dit-il ». Il me conduit près de la stalle, à l’entrée du chœur, du côté de la chaire ? Là, sur la paille, est étendu un officier supérieur.

« Monsieur le Pasteur, j’ai entendu tout ce que vous avez dit. Il y a des choses justes et vraies ».

  • « Oui, les qualités que je vous ai reconnues ».
  • « Oh ! monsieur le Pasteur, le moment n’est pas de plaisanter. Mais vous nous reprochez d’avoir pris le vieux curé de cette paroisse. Sachez, et c’est toujours très grave pour nous, sachez qu’il a été vu dans son clocher »
  • « c’est un prétexte, m’écriai-je, c’est faux ! »
  • et bien ! il sera jugé ! Je ne suis pas catholique, mais évangéliste. Cela ne fait rien, le bon Dieu est le même pour tous. Voulez-vous me bénir, voulez-vous prier pour moi, voulez-vous me donner votre main ? Dites à ce prêtre qui est là de faire la même chose avec vous ».

Je traduis son désir à mon confrère, monsieur l’abbé Herbin, et j’ajoute : « nous ne pouvons pas lui refuser cela ». Je prends la main gauche de cet officier, monsieur Herbin la main droite, et nous récitons le Pater. A ces paroles : « pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », nous pleurons tous les trois !

  • Courage et confiance, lui dis-je alors. Les Français ne sauraient tarder et vous serez soigné avec humilité.
  • « trop tard, monsieur le Pasteur, regardez ! » Et prenant un verre à moitié plein de sang sur le prie-Dieu : « Hélas ! j’ai les deux poumons perforés ! ».

Qu’il me soit permis pour terminer le récit du Père Formé de citer l’éloquent commentaire de cette scène qui a été par la suite écrite dans le Figaro par monsieur Julien de Narfon :

« Rude épreuve pour une âme sacerdotale et française ! Ces deux prêtres savent quelle est la part de responsabilité du commandement allemand dans les pillages, les massacres etc. Ils n’hésitent pas. Chacun d’eux prend la main qui lui est tendue. Et les trois hommes récitent ensemble la grande prière chrétienne : Notre Père.. Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons. Quelle grandeur dans la tragique simplicité de cette scène ! Et que chaque fois que le prêtre prononcera la formule d’absolution qui libère de la damnation, chaque fois, l’homme qui fut coupable, l’homme dont la main a peut-être versé le sang de quelqu’un de ces prêtres que le Kaiser fait immoler comme des victimes choisies au Dieu allemand, baise cette main de prêtre.

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 21:26
Paul Fossin, jeune curé

Paul Fossin, jeune curé

Les otages revenus de captivité ont raconté que « tout le long de la route les Allemands avaient brutalisé M. le curé, le traitant d’espion. Ils le roulèrent dans les orties, le frappèrent à coups de crosses de fusils et même avec des betteraves qu’ils lui jetaient ensuite à la tête et lui firent toutes sortes de misères et d’avanies ; »

Vers 17 heures, le 8 septembre, les prisonniers civils et militaires au nombre d’environ 180, sont rassemblés et emmenés dans une grange.

Arrêtés devant la porte de cette ferme, des uhlans passent…

Reconnu, notre curé est l’objet particulier de leurs menaces.

Bafoué, bousculé par ces uhlans, il demeure très digne, sans s’émouvoir des blasphèmes que l’ennemi adresse surtout à son caractère sacerdotal.

Les prisonniers entrent dans la ferme. L’officier a pour voisin le curé de Varreddes, il lui propose de « faire son lit », de disposer la paille pour permettre au vieillard épuisé de s’étendre sans retard.

Celui-ci le remercie. « Il en a bien vu d’autres », dit-il ; et la vie qu’il avait l’habitude de mener, dédaigneux des fatigues ; et dit aussi son attachement pour son pays, son église…

Peu après, à 18 heures, commence la scène tragique dont l’officier a été le témoin :

Un jeune Allemand, capitaine de gendarmerie avec monocle, cravache, parlant un français sans accent, accompagné de 2 ou 3 gendarmes, fait apporter une table et trois ou quatre chaises.

Paul FOSSIN est appelé…

Immédiatement, un interrogatoire sommaire commence : Nom, prénoms, âge ? Expliquez-vous…

Le curé est accusé de trahison pour avoir fait la veille au soir des signaux à l’armée française du haut de son clocher.

Il veut s’expliquer, répond qu’il a allumé des cierges dans l’église parce qu’il devait enterrer un soldat français.

On l’interrompt immédiatement ; « Taisez-vous !...

N’ai-je pas le droit de me défendre ? réplique le curé.

Vous n’êtes qu’un menteur, lui est-il répondu ; »

L’Allemand furieux généralise l’outrage en l’appliquant à tous les prêtres français.

Le prêtre reste stoïquement au garde à vous.

Avez-vous un témoin à décharge, lui est-il cependant demandé…

Après hésitation, un civil se présente et raconte l’histoire que le curé avait lui-même narrée.

Vous n’étiez pas présent ? Non, c’est M. le Curé qui me l’a raconté ; le témoignage est considéré comme nul.

Sans autres formes de procès, le curé est immédiatement condamné à être fusillé.

L’officier a personnellement et distinctement entendu la sentence.

Paul Fossin, calme, revenant vers les prisonniers français, dit à l’officier: « La plus belle mort est de mourir pour la France. Priez pour moi, comme moi je prierai pour vous de là-haut. »

« Me trouvant à ses côtés dit un autre témoin, soldat prisonnier, j’ai voulu le rassurer en lui disant qu’il ne serait pas fusillé. Il m’a répondu qu’il avait fait son devoir et qu’il était assez vieux pour mourir. »

Quittant cette ferme, à l’exception du curé, un des otages indique qu’à partir de ce moment là, on ne revit plus Monsieur le Curé, qui avait été très maltraité à coups de crosses de fusils et grossièrement injurié.

« Les Allemands le roulaient dans les orties de la ferme. Défiguré, soutane en lambeaux, le visage tuméfié, il nous était interdit de lui parler et même de le regarder afin que l’on ne puisse pas rendre compte des mauvais traitements qu’il avait subits…

« On nous fit partir, laissant M. le curé seul dans un coin de la cour, gardé baïonnette au canon.

« Un grand chef nous dit qu’il serait jugé mais cela voulait dire fusiller.»

« Dix minutes après, dit encore le soldat prisonnier, nous avons entendu une fusillade, et n’avons plus revu Monsieur le curé ».

Son corps ne fut jamais retrouvé. A t-il été enseveli ou tout simplement brûlé pour effacer toutes traces ?

Nous ne le saurons jamais… Il fut le premier prêtre du département à donner sa vie pour la France et pour l’Eglise.

Pour terminer ma conférence, rappelons simplement le vœu formuler par monsieur Georges Lugol, député de Meaux en novembre 1914 :

« Il ne faut pas que le souvenir des cruautés allemandes dans notre région s’efface.

Non qu’il faille entretenir la haine éternelle dans le cœur de nos concitoyens et cependant cela se comprendrait mais il faut honorer ceux qui furent les victimes innocentes de l’ennemi.

« Ils ont souffert, la plupart jusqu’à en perdre la vie. Ils ont droit à ne pas être oubliés ».

Puis lors d’une conférence au théâtre de Meaux, le lundi 24 mai 1915, Georges Lugol répétait publiquement ce vœu en lui donnant une forme plus précise disant : « Un monument en souvenir des martyrs de Varreddes sera élevé sur la place du village et une plaque apposée sur le mur de la maison Leriche.

Ce sera là une œuvre de justice à l’égard de ceux qui ont souffert et une leçon pour celui passe ».

Vœu malheureusement a moitié exaucé …

Mais n’oublions pas également les 42 autres Varreddois morts au champ d’honneur entre 1914 et 1918.

Que se passa-t’il à Varreddes les jours qui suivent la prise d’otages ? ....

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20 mars 2015 5 20 /03 /mars /2015 18:36
Le cas du curé Fossin

Jean, Paul, Victor Fossin est né le 22 novembre 1839 à Charleville, il est ordonné prêtre à l’âge de 29 ans le 19 décembre 1868. Il arrive dans la paroisse de Varreddes le 1er février 1899.

En 1913, notre curé reçoit la médaille commémorative de 1870 au titre d’aumônier volontaire, époque à laquelle il était secrétaire militaire de l’Evêché de Poitiers.

Il a eu comme successeur dans cette fonction le chanoine Emmanuel Briey, devenu par la suite évêque de Meaux.

1914.

En pleine bataille de la Marne, le 7 septembre, notre curé a été le premier des 19 otages de Varreddes.

Malgré de nombreuses et incessantes recherches, des renseignements souvent incomplets ne permettent pas de savoir exactement comment l’abbé Paul Fossin a disparu.

Dans sa lettre circulaire, Monseigneur Emmanuel, évêque de Meaux, apporte quelques précisions :

« … Nous avons acquis aujourd’hui la douloureuse certitude que le Père Fossin a été assassiné par les Allemands.

Aux récits des témoins, dont un jeune officier interné en Suisse après trois ans de captivité qui nous a fait parvenir ses notes personnelles, nous joignons également le témoignage d’un petit chasseur, rapatrié comme infirmier après vingt-cinq mois de captivité, rencontré dans une ambulance de Paris ».

Les différents témoignages seront réunis, pour une meilleure compréhension.

Le jeune officier nous rapporte que : « Faits prisonniers à Borest (3km de Senlis), le mercredi 2 septembre 1914, ils marchèrent avec l’unité qui les avait capturés, dans la direction de Trilport, traversant Ermenonville et Varreddes et passèrent la nuit du 6 au 7 à Trilport.

Le lundi 7 au matin, ils sont emmenés vers le sud ; mais après quelques heures de marche, le groupe de prisonniers militaires revient sur Trilport et dirigé sur Lizy, en repassant par Germigny, Varreddes et Congis.

C’est au cours de cette seconde traversée de Varreddes, presque vide de ses habitants, que le jeune officier trouva le Curé qui était resté à son poste. Il vint au devant des prisonniers, s’entretint avec eux et les réconforta.

Quittons un instant la lettre-circulaire pour raconter les derniers jours du Père Fossin, en lisant ces notes écrites par lui et retrouvées dans la cure.

Je le cite :

« 5 septembre, samedi. - Sur réquisition, passé la journée à indiquer les locaux à l’intendance. Etant à mon bureau, disant mon bréviaire, j’ai entendu passer au-dessus de ma tête un aéroplane qui bientôt éclata et puis… silence. Les deux pilotes, tués sur le coup, furent conduits au cimetière. Vu passer un convoi de prisonniers français. L’église en ambulance. Prisonniers de Guérard sont passés. L’électricité ne fonctionne plus.

« 6 septembre, dimanche. - Mauvaise nuit. Impossible de dire la messe ni de faire l’enterrement des deux aviateurs. La canonnade commencée à 9h, a duré jusqu’à cinq heures sans interruption. Nous avons reçu une pluie de feu. Les batteries allemandes placées derrière le presbytère furent visées par les Anglais. J’ai cru ma dernière heure arrivée. Je fis un bon acte de contrition. Maintenant je vais aller à l’église remercier la bonne sainte Vierge de m’avoir protégé.

« 7 septembre, lundi. Bataille recommencée à trois heures et demie. Impossible de dire la sainte messe. Je rends visite aux Allemands blessés qui sont à l’église. Ce sont les plus légèrement blessés. Ils m’ont tendu la main. Ils sont fatigués. Il m’est impossible de leur donner du pain. Tous les fruits de mon jardin ont disparu. J’ai pu déjeuner chez Mlle Goulle. Pendant que nous sommes criblés de projectiles, les Allemands font tranquillement la cuisine contre le mur du presbytère, au-dessus duquel vole un aéroplane. » (silence)

Moins d’une heure après avoir écrit ces lignes, le curé de Varreddes était prisonnier des Allemands…

Reprenons la lettre-circulaire :

Après une courte halte, ces prisonniers sont séparés du curé et emmenés à Lizy.

C’est dans l’école de Lizy que l’officier et ses hommes passèrent la nuit du lundi 7 au mardi 8 septembre.

Monsieur LERICHE (74 ans) raconte que le curé de Varreddes avait été, à bout de forces, placé par les Allemands dans une voiture. Peu de temps avant, en chemin, l’abbé FOSSIN lui avait donné sa montre en disant : « Tu la feras parvenir à ma famille quand tu pourras, car moi, je crois bien, les Allemands vont me fusilier…»

Mardi 8 septembre, 13 heures « Les prisonniers militaires dont le jeune officier fait partie, voient arriver à Lizy un détachement d’autres prisonniers, parmi lesquels se trouvent des zouaves et des civils, dont un prêtre en soutane et sabots, mais sans chapeau ni rabat.

Pour se protéger contre l’ardeur du soleil, il n’a qu’un mouchoir qui lui couvre la tête. Un peu plus tard on trouvera sa barrette le long du canal. Il a les pieds en sang.

Harassé de fatigue, il cherche à s’asseoir, il est roué de coups.

Le jeune officier s’avance, reconnait le curé de Varreddes et engage une conversation.

Le prêtre lui fait le récit suivant :

« Le 6 septembre vers 14 heures, une automobile allemande contenant des officiers d’état-major, dont un général, arrive à Varreddes et m’oblige de donner aux Allemands l’hospitalité. »

Le Père FOSSIN désigne le presbytère et l’église pour étendre les blessés à venir.

Lui-même se rend à l’église, pour en sortir les chaises et mettre de l’huile dans les lampes.

Ceci fait, il récite sa prière et sort enfin de l’église vers 19 heures, pour rentrer au presbytère, une bougie à la main…

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6 mars 2015 5 06 /03 /mars /2015 21:06
Le retour

Le retour

Nos 4 compatriotes enfermés dans une casemate humide resteront 8 jours à Rastatt dans l’attente d’un convoi.

Le 7 février 1915, un train les conduira à Schaffhouse. Le repas du soir leur paraît un banquet : ils reçoivent du pain blanc et des tasses de café au lait. On leur donne du linge, des vêtements convenables.

La bonté des Suisses émerveille nos compatriotes: Ils sont conduits en excursion à la chute du Rhin.

Installés dans un train composé de voitures de deuxième classe, ils traversent la Suisse, arrivent à Genève et à Annemasse : c’est la France… Enfin la liberté, mais pas la fin de la guerre…

  • Le retour à la vie

Après avoir séjournés quelque temps à Saint-Raphaël dans le midi, monsieur Favre et son petit-fils retrouvent leur foyer le 27 février 1915. Monsieur Lacour rentre chez ses enfants.

A cette date, seul monsieur ROI est entre les mains des Allemands.

Monsieur CombE malade, a été envoyé en Suisse.

  • Sort des 19 otages :
  • Disparu :

M. l’abbé Fossin, curé de Varreddes.

  • Massacrés par les Allemands sur la route :

Jourdaine Louis, à Coulombs, 74 ans.

Vapaille Ernest, vers Chézy-en Orxois, 48 ans.

Terré Aimé, vers Chézy-en Orxois, 58 ans.

Ménil Eugène, vers Chézy-en Orxois, 68 ans.

Lièvin Edmond, suisse de l’église, à Chouy, 60 ans.

Crois Louis, à Louard, 63 ans.

Millardet Jules, à Louard, 79 ans.

  • Morts en captivité :

Leriche Eugène, 74 ans.

Denis Paul, dit Vincent, 69 ans.

  • Rapatriés, après 6 mois de captivité :

Favre Désiré, 72 ans.

Favre René, 13 ans ½.

Lacour Louis, 60 ans.

Lebel Paul, décèdera à Varredes, le 7 septembre 1916.

Combe Léopold, sera rapatrié après 2 ans de captivité, décédé en mai 1918.

Roi Louis, 55 ans, garçon boulanger, restera en captivité à Erfürt, jusqu’en octobre 1918.

  • Echappés en route, du Gué-à-Tresmes :

Mérillon, ancien gendarme.

Denis Barthélemy, cultivateur.

Denis jules, cultivateur.

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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 21:12
Le camp de Langensalza

Ce camp est connu pour l’assassinat de 15 soldats sur ordre d’un certain capitaine Koch qui ordonna de supprimer 9 Français, 3 Belges, 2 Iialiens et 1 Russe, le 27 novembre 1918, soit 16 jours après l’armistice. (Source : illustration du 25/01/1919)

Le camp de Langensalza compte 12.000 prisonniers dont 6.000 Russes.

Logés sous des tentes, à raison de 400 par tente, couchés sur la paille, avec deux couvertures par homme, les conditions de vie sont plus que difficiles.

La nourriture était identique à celle d’Erfürt ….. Aussi détestable !

Ecoutons le récit de Paul LEBEL sur sa détention dans ce camp :

« On couchait sous la tente et on ne mangeait qu’une espèce de ‘ratatouille’ de choux et de betteraves.

Là, on ne travaillait pas. Il faisait froid : il pleuvait tout le temps et la terre était si molle que quand on mettait le pied dehors on pouvait plus se ‘ravoir.

A Langensalza il y en a beaucoup qui sont tombés malades. De chez nous, Paul DENIS est mort là-bas. On l’a mis en bière et enterré ; on a dit une messe ; nous sommes tous allés le conduire jusqu’au trou.

A Langensalza, les soldats qui nous gardaient n’étaient pas trop sévères. Ils ne voulaient pas se mettre mal avec nous parce qu’ils faisaient du commerce malgré la défense : ils nous procuraient du tabac, du chocolat qu’ils achetaient en ville et nous revendaient un bon prix.

Ce qui nous faisait marronner, c’est qu’on ne savait pas ce qui passait en France. ça a duré comme ça jusqu’au 15 janvier 1915 où quelques soldats, faits prisonniers à Soissons, sont arrivés à cette époque au camp et nous ont raconté tout ce qu’ils savaient.

De temps en temps on nous donnait une carte pour écrire chez nous et on nous distribuait des lettres et des mandats que les parents nous envoyaient ».

Monsieur LERICHE, fatigué par le régime du camp, meurt d’épuisement. C’est un compagnon de misère de Villemareuil qui avisera à son retour de captivité, fin avril 1915, la famille de son décès.

Paul Lebel, plus heureux, a profité des dispositions prises pour le rapatriement des prisonniers hors d’état de porter les armes.

Le 25 janvier 1915, un officier lui annonce son départ pour le lendemain. Il est conduit à Cassel, il y restera 4 jours et partira le 30 janvier pour rejoindre Rastatt ou il retrouve Favre, le petit René et Lacour.

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 22:44
Le camp d'Erfürt en 1914

Le camp d'Erfürt en 1914

  • Le camp d’ Erfürt

C’était un camp pour officiers mais il y avait également des civils. Situé dans la province de Saxe, aujourd’hui capitale de la Thuringe, comprenant huit grands baraquements en bois recouverts de papier goudronné. Ce camp avait une sinistre réputation.

Situé à la sortie de la ville, entouré d’une haute clôture en treillage métallique, renforcée de place en place par des mitrailleuses, il comptait des prisonniers français, belges, anglais et 7.000 Russes.

Environ 2.400 prisonniers perdirent la vie dans ce camp, qui fut évacué fin 1917.

Les prisonniers y sont organisés en compagnie de 1000, comprenant 25 sections de 40 hommes. Chaque baraquement renferme deux compagnies, ce qui fait 16 000 hommes dans tout le camp. Les compagnies sont séparées par une cloison de 1,50 m de hauteur et les sections par une autre cloison de 1,20 m.

Chaque section comprend deux parties, l’une qui sert de dortoir, l’autre de salle à tout faire. Le chauffage central et l’éclairage existaient dans toutes les constructions… mais existaient seulement, car de là à fonctionner, il y a loin !!

Le couchage, au début est infect ; la paille est réduite à l’état de fumier, non renouvelée jusqu’au 20 décembre.

A cette date, la paille est remplacée par des sacs pleins de fibres de bois. Chaque homme a deux couvertures, une serviette, une cuillère et une cuvette dans laquelle il doit manger et faire sa toilette.

L’hygiène est mauvaise, la vermine grouille, l’entassement est effrayant, le linge manque, les vêtements ne sont pas renouvelés, la nourriture est détestable, la maladie fait des ravages dans le camp. Pour quatre, les prisonniers reçoivent chaque matin : une boule de pain de couleur de suie et presque immangeable, pesant quatre livres mais le poids de cette boule allait toujours en diminuant.

Au petit déjeuner: une infusion d’orge grillée, dénommée « malt-kaffee »

A midi : purée de choux ou d’orge, pommes de terre non épluchées en ragoût.

A 19 heures : bouillie de riz, de farine d’avoine, de son ou de rémoulade.

En général deux fois par semaine, le soir, une partie du repas est remplacée par un petit boudin. Jamais de viande.

Un des otages revenu d’Erfürt, dira qu’un porc n’aurait pas voulu de cette nourriture.

  • La détention au camp d’Erfürt

Pendant leur détention messieurs Paul DENIS, COMBE, ROI, LACOUR, FAVRE et son petit-fils René ne recevront aucune nouvelle de France.

La vie au camp est désespérément monotone.

Les prisonniers passent leur temps, les uns à lire des livres français achetés à la cantine, les autres à jouer aux cartes, aux dominos, etc… Et quand ils travaillent, c’est à des travaux d’aménagements du camp et des environs immédiats, ceci 2 jours par semaine.

En hiver, lorsqu’il y a de la neige, des luttes à coups de boules de neige s’engagent. Les Anglais font de la marche autour du camp.

Parfois, le soir, de 20 h à 21 h 30, les soldats donnent des concerts avec des instruments achetés par l’intermédiaire du cantinier (violons, mandolines), mais cette tolérance n’a pas continué bien longtemps; la Marseillaise jouée au cours de ces soirées n’était pas du goût des autorités allemandes… Les soirées concerts ont supprimées.

L’oisiveté, l’ennui, un régime alimentaire très insuffisant ont pour conséquence la dépression physique et morale. Ajouter à cela les nouvelles les plus fantastiques sur les faits de guerre et vous aurez une idée de la vie que menèrent ceux que l’assassinat n’avait pas cloués sur la route.

Paul DENIS n’a pas pu résister à ce régime, il décède le 24 octobre 1914. Les cinq autres otages, bien qu’affaiblis, ont pu supporter leur captivité.

On apprend, à ceux qui sont jugés inoffensifs pour l’Allemagne, qu’ils vont reprendre le chemin de France; ce sont messieurs LACOUR, FAVRE et son petit-fils.

Messieurs COMBE et ROI resteront internés.

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 22:04
De Chaudun à Erfürt (8)

De Chauny à Erfürt

Ce voyage de 800 Km en train durera quatre jours.

Le convoi traverse Péronne, Cambrai, Valenciennes, Mons, Bruxelles, Liège et franchit la frontière allemande.

A partir de ce moment là, la portière des wagons est ouverte à chaque gare traversée, la population civile insulte et nargue les prisonniers.

Pendant tout le trajet en train, les otages ont pour nourriture que des morceaux de pain sec jetés dans les wagons lors des arrêts aux gares.

Le convoi traverse Cologne et dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 septembre, vers une heure du matin il atteint Erfürt, but du voyage …

Malgré l’heure tardive, les rues sont noires de monde, des cris hostiles accueillent nos otages, on leur lance des pierres, des œufs pourris. Ils sont emmenés à la prison civile…

  • Le temps de la prison

Monsieur Lebel indiquera à son retour « Nous étions une quarantaine de Briards dans la prison d’Erfürt: des gars de Varreddes, de Guérard, de Verberie, de Meaux. »

A leur arrivée, ils sont fouillés et tout ce qu’ils possèdent, y compris l’argent, est placé sous séquestre. Ils passent le reste de la nuit assis sur des bancs.

Dès le matin, ils passent à la douche, on leur coupe les cheveux ras et on leur donne des vêtements de prisonniers : chemise et caleçon de toile, tricot, pantalon et gilet de toile bleue, cravate, calotte noire ronde.

Ils vont ainsi demeurer enfermés pendant 28 jours, couchant à douze dans une chambre étroite dont les lits sont placés six en bas et six au-dessus.

Chaque lit comporte une paillasse, un drap, un traversin et deux couvertures.

Au milieu de la pièce, une table avec des bancs et une table pour la toilette.

Chaque otage a son casier pour ranger son gobelet, sa cuiller, son peigne et sa brosse ; au dessus se trouve un porte-manteaux pour accrocher la serviette et la calotte.

René FAVRE, le plus jeune otage, raconte son emploi du temps dans cette prison (je cite):

« Le matin, à 5 heures et demie une cloche sonnait. Il fallait se lever, ensuite se débarbouiller, se peigner et se brosser, être propre.

Après il faut faire son lit, ranger tout, balayer et être prêt.

A six heures un gardien passait, ouvrait la porte et nous allions dans le couloir chercher notre café et un morceau de pain noir. Nous revenions et le gardien fermait la porte.

On nous apportait de l’ouvrage, c’était de tailler des petits bouts de métal blanc avec du métal jaune jusqu’à midi.

A midi un gardien passait, ouvrait la porte, nous allions chercher notre déjeuner. C’était une purée de pommes de terre, de carottes, d’haricots, de choux, etc.. Le gardien regardait par la petite lunette qui se trouvait à la porte.

Quand nous avions fini, il venait chercher les gamelles et fermait la porte.

Nous reprenions notre ouvrage jusqu’ 15 heures.

A quinze heures un gardien passait, ouvrait la porte, nous mettions nos petites calottes rondes sur la têtes ; c’était la sortie.

Nous allions dans une cour ronde avec de grands murs autour et gardée militairement pour ne pas que l’on s’évade. Il fallait avoir les mains dans le dos.

Quatre heures sonnaient ; nous rentrions dans notre chambrée, toujours accompagnés du gardien. Nous voilà dans cette pièce jusqu’à 18 heures.

A six heures, le gardien nous ouvrait la porte pour aller chercher notre soupe au son et notre morceau de pain : nous mangions. Quand nous avions fini il ouvrait la porte, ramassait les gamelles, nous comptait et éteignait le gaz.

Nous voilà dans l’obscurité pour nous déshabiller et nous coucher, et nous lever à 5 heures et demie au matin ».

Dans la prison d’Erfürt, on n’était pas trop mal, dira monsieur LEBEL : « on buvait du café le matin ; à midi on mangeait de la soupe aux légumes et au riz ; le soir des pommes de terre, du macaroni.

On ne se plaignait pas trop, mais ça n’a pas duré longtemps, car au camp de Langensalza, ah ! ce n’était plus pareil ! »

  • La détention dans les camps
  • Messieurs LERICHE et LEBEL, resteront dans cette prison jusqu’au 29 novembre, date à laquelle ils seront internés à Langensalza.
  • Le 16 octobre, les autres otages quittent la prison civile après restitution de tout ce qui leur avait été confisqué à l’entrée, pour rejoindre le camp de concentration d’Erfürt.

Leurs misères ne sont pas terminées…

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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 21:08

Chaudun- Chauny 

Arrivés à Chaudun, les prisonniers entrent un à un dans l’église du village sous les quolibets et les coups de bottes de leurs gardiens.

Un capitaine uhlan, circulant dans les rangs, jouit de ce spectacle : le sabre tiré, il en promène la pointe sous le nez des malheureux plus morts que vifs, prenant plaisir à exaspérer l’angoisse par des menaces ou d’odieux sarcasmes : « Ah ! le beau lot, … vous êtes des bêtes féroces !.. J’en sais long sur votre compte… Vous serez  fusillés !.... » 

La porte de l’église se referme; nos malheureux sont enfin à l’abri pour quelques heures.

Tourmentés par la faim, la soif, exténués, horrifiés par les massacres de leurs amis, pleins d’angoisse pour le lendemain, ils se couchent pensant pouvoir se reposer…

Mais dans l’obscurité, des gémissements, des pleurs et des cris d’épouvante provoqués par des cauchemars ne permettent pas de dormir.

Monsieur LEBEL racontera : « Dans les villages, lorsque des gens apportaient des seaux d’eau pour rafraichir les prisonniers, les Allemands renversaient les seaux à coups de pieds ».

Raffinement de cruauté de la part des geôliers : si une source, un puits, une marre se trouvaient sur le passage, les Allemands arrêtaient leurs victimes quelques pas plus loin, afin qu’elles ne puissent pas en profiter. 

Vendredi 11 septembre, les otages sont conduits à Soissons.

En cours de route, FAVRE, épuisé, s’assied sur le bord de la route.

Les Allemands le saisissent, appellent deux prisonniers militaires qui le prennent par les bras et l’aident ainsi à atteindre Soissons. Ils devaient de nouveau soutenir le vieillard sur le chemin de Chauny. FAVRE leur doit la vie.

Conduits dans une école, ils vont pour la première fois depuis leur départ de Lizy recevoir un peu de réconfort : la Croix Rouge leur sert un repas chaud composé de pommes de terre cuites, de lard et de pain.

Le lendemain, à 17 heures, c’est l’arrivée à Chauny.

Les quarante cinq prisonniers civils sont conduits sur une place publique où des individus, paraissant être des personnages d’importance, viennent les voir.

L’un d’eux, parlant le français, dit aux autres : « Oh ! vous savez, on va les fusiller, on n’embarque plus de prisonniers civils ! ».

Sous un préau, on leur donne un peu de pain. 

L’ordre de les conduire à la gare arrive et c’est à coups de crosse et de fourreau de sabre qu’ils parviennent presque courant à la gare.

ROI, le garçon boulanger, toujours en cotte et sandales de travail depuis Varreddes, s’est garanti d’un couvre-pieds qu’il avait pu ramasser…

Un Allemand le lui prend, le jette à terre et lorsque le jeune homme se baisse pour le reprendre, il reçoit un coup de botte.

Le petit René FAVRE reçoit également des coups violents.

Les prisonniers sont enfermés dans la salle des consignes et à 19 heures on les entasse dans des wagons à bestiaux où ils passeront la nuit, gardés par cinq soldats, baïonnette au canon.

Le train, contenant également des blessés allemands, des prisonniers militaires, ne se met en marche que le dimanche 13….  Direction Erfürt.

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12 décembre 2014 5 12 /12 /décembre /2014 22:16
Lizy-Chezy.png

Trajet Varreddes- Lizy - Chézy en Oxois

Les Allemands sont en retraite; des troupes, des convois de toutes sortes encombrent la route.

Les otages doivent suivre les bas-côtés et parfois marcher à travers champs.

 Il fait chaud, il faut marcher vite. Les pauvres vieux sont hors d’haleine, les plus jeunes les aident  autant qu’ils peuvent ; les soutiennent, les prennent par le bras mais les vieux s’attardent quand même, maudissant leur âge et leurs infirmités.

Les coups de crosse et de bottes leur font reprendre la file dans un sursaut de désespoir.

Les soldats allemands chargent quelques prisonniers de leurs sacs et s’amusent de la faiblesse des vieillards.

Un prisonnier s’écroule, pris d’une crise de nerfs. On le jette sur l’accotement de la route; les soldats l’inondent d’eau froide, tout en riant des contorsions du malade.

Un autre, boitant par suite d’une infirmité, s’arrête; il est à bout de force. Des Allemands lui tirent furieusement la jambe et le font hurler de douleur tandis que d’autres, arrachent des betteraves et le lapident.

 Nos otages marchent depuis le matin.

Il est environ 14 heures 30, à cent mètres de l’entrée de Coulombs; Monsieur Jourdaine (76 ans) tombe. Des soldats se précipitent sur lui, le frappent à coups de poings, de bottes et de cravache ; il n’a même plus la force de se garantir.

 Messieurs Victor LECOUTE et PERTHUISOT de Coulombs assistent à ce spectacle où des soldats et des officiers allemands passent leur sabre sur la gorge de Monsieur  JOURDAINE comme pour l’égorger.

Le pauvre homme sera ensuite tué sur place d’une balle à la tête et d’une autre au coté.

Enterré dans un clos à 25 ou 30 mètres de son lieu de supplice, son corps est recouvert de si peu de terre que la tête et les bras sont visibles.

Plus tard, un passant aperçoit le cadavre, prend les lunettes qu’il porte encore, y remarque le nom de Meaux ; des recherches sont effectuées, ce qui permettra  d’identifier la malheureuse victime.

Quelques kilomètres plus loin, c’est monsieur VAPAILLE qui s’écroule ; il est tué peu avant d’arriver à Chézy.

 21 heures, le convoi arrive enfin à Chézy-en-Oxois dans l’Aisne. Les prisonniers sont parqués sur la place de l’église, passant la nuit sous bonne garde.

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 Trajet Chézy - Chaudun

Le 10 au matin, le martyr continue.

Depuis la veille, Monsieur MILLARDET ne peut plus avancer. Il a 79 ans, une hernie double; il s’affaisse, on le pousse dans la cour du boulanger où un soldat l’assassine d’un coup de baïonnette au cœur.

Monsieur TERRE, infirme, s’écroule à son tour. Il est achevé à coups de révolver et presque aussitôt c’est monsieur CROIS qui subit le même sort.

La terreur est à son comble et ceux que la fatigue menace de terrasser s’accrochent aux compagnons les plus robustes.

Monsieur LIEVIN, homme corpulent, cardiaque, n’en peut plus; son compagnon d’infortune GOULAS le saisit par un bras, un autre prisonnier le soutient également. Il  étouffe et malgré l’aide de ses camarades, fatigués eux-mêmes, il tombe à genoux plusieurs fois.

Relevé brutalement, deux soldats allemands le sortent des rangs, le font entrer dans le cimetière de Chouy et le mettent en joue à quelques mètres.

Monsieur LIEVIN comprend que sa dernière heure est venue. Il sort son mouchoir, se bande les yeux. Deux balles, l’une à la tête, l’autre au cœur le couchent à terre. Il est achevé d’une troisième dans la tête.

Un autre otage, monsieur MENIL, est également sauvagement assassiné : il s’est affalé, les soldats le trainent sur le côté de la route, l’assomment et le tuent à coups de crosse.

Fin d’après-midi de cette marche forcée; la halte se fait à Chaudun.

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 17:45
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  • Le martyre des otages

 Les otages ont été scindés en deux groupes et leurs sorts furent bien différents.

 

Le premier groupe composé de Messieurs Mérillon ; Barthélemy et Jules Denis, quittent Varreddes le mardi matin 8 septembre en direction de May en Multien. Les obus pleuvent autour des trois prisonniers et de leurs gardiens; tous s’abritent, de temps à autre, derrière les meules.

Le feu est si intense que les douze Allemands et leurs trois prisonniers passent l’après-midi près d’une meule, sur le chemin de Congis.

Arrivés au château du Gué-à-Tresmes, nos trois otages sont enfermés dans un sous-sol, ils y passeront la nuit sans avoir eu de repas. Ils ne devaient d’ailleurs rien manger pendant leurs deux jours de détention.

Présentés devant des officiers le mercredi 9, ils sont mis à disposition d’un major pour transporter du linge maculé de sang, linge ayant sûrement servi lors d’opérations.

Ils transportent également cinq soldats morts des suites de leurs blessures. .

La nuit arrive, les otages la passent dans le parc où ils se cachent et le lendemain jeudi 10, ils s’échappent du parc sans avoir été remarqués.

Sur le retour, une patrouille de zouaves les arrête et les conduit devant un commandant. Interrogés, l’officier les félicite d’avoir échappé aux Allemands et profite de la circonstance pour se procurer quelques renseignements.

Nos trois compatriotes, heureux de s’en être tirés à si bon compte, s’empressent de rentrer à Varreddes.

Le sort de l’autre groupe de prisonniers fut plus tragique…

  • Le 2ème  groupe

 Sur les seize habitants de Varreddes que comptait ce groupe, il y avait l’enfant de 14 ans.

 

Rangés par trois, y compris le curé Fossin qui avait été ramené dans la cour et encadrés par douze soldats, la colonne des otages part à 9 heures vers Congis pour  être fusillés selon ce que l’on leur avait dit.

Se dirigeant sur le Gué-à-Tresmes, en chemin ils font demi-tour et prennent la route de Lizy-sur Ourcq.

Le pénible cortège arrive à Lizy entre 14 et 15 heures.

Depuis la veille, ils n’ont rien mangé, on leur donne un peu de macaronis, de la viande mais pas de pain.

Dans un premier temps, ils sont gardés dans l’école, puis conduits sur une route non loin de Beauval, où ils passent la nuit avec environ 60 civils et 400 prisonniers militaires.

 Mercredi 9, retour sur Lizy dans une cour et sous un hangar situés près de la gendarmerie ; là, on leur distribue un peu de pain. 

 

A partir de Lizy, le trajet qui s’était fait avec bien de la peine, va devenir un véritable calvaire. L’un des otages l’a qualifié « d’étape infernale »....

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